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Channel: BOUTAZOULT IMINI TIMKKIT 2008
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UN NOËL À IMINI - côté Igherm n'Ougdal

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Monique Drouin, petite fille de Mémé Drouin, l'aubergiste d'Igherm, partage avec nous une photo de Noël avec le Père Norbert

Un Noel à Imini dans les années 1960  

Monique Drouin:" Voici une photo des années 1960 en période de Noël puisque l'on voit au fond un arbre de Noël, à gauche le père Norbert que l'on ne présente plus. Assis aussi autour de la table: Mme X..... , Mr EL HACHIMI Moulay Tayeb et sa fille aînée avec un bandeau blanc dans les cheveux (Mr EL HACHIMI était le Kalifa d'Igherm n'ougdal qui considérait ma grand mère comme sa propre mère), ma grand mère et Mr X......, entourés d'enfants d'Imini." 

Si vous reconnaissez des visages veuillez citer les noms ou surnoms dans les commentaires

Jean-Yves Tramoy a regardé de près la photo:

"Bonjour à tous les habitués du blog Timkkit2008, et merci à Monique DROUIN d'être intervenue sur le blog. Je lui réponds avec retard (je ne pouvais le faire plus tôt), mais je me devais de réagir pour le plaisir des lecteurs, … et pour la vérité. En fait, en concertation avec Joseline qui possède une réserve de souvenirs et une justesse d'observation, nous avons convenu que cette photo de réception de Noël ne se déroulait pas à Imini. Joseline fait remarquer que le bâtiment est un préfabriqué, comme on peut le constater en notant les montants métalliques muraux entrecroisés. Aux mines d'Imini, de tels bâtiments n'existaient que sous forme d'habitations, et en aucun cas en bâtiment de réception. D'ailleurs nous ne reconnaissons personne, excepté le Père Norbert et peut-être le serveur debout face au photographe. Le Père Norbert est en majesté naturelle, comme toujours. Ne peut-on penser que ce Noël pouvait se dérouler dans les locaux d'Agouim, ou dans ceux du téléphérique ? Réfléchissons !

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Le serveur, et sans doute également cuisinier si je ne me trompe pas, pourrait être El Madani, qui a terminé sa carrière en tant que cuisinier chez nous à Sainte Barbe, après avoir connu plusieurs « patrons » entre Bou Tazoult et Sainte Barbe. Je joins une photo issue de ma famille où figure justement El Madani apportant un peu de sauce piquante pour le couscous servi. Au premier plan Patrick IACHELLA, puis de gauche à droite en bas moi-même dans ma période barbue, ma soeur Pascale, Mr IACHELLA, ma soeur Sabine, Papa, Mme IACHELLA, et debout à côté d'El Madani ma soeur Marie-Agnès. Maman prend la photo, et tout le monde semble apprécier le couscous fameux d'El Madani, qui est meilleur que la photo. La moustache ressemble bien à celle du serveur du Noël décrit plus haut. Heureuse époque des années 68, dans la maison voisine de la piscine de Sainte Barbe.

 

Mais il y a parfois des ressemblances trompeuses ! Sur un article illustré relatant Noël à la salle des fêtes de Bou Tazoult, j'avais déjà confondu mon ancien cuisinier Abdallah OUKEM, dit Boula, avec son frère lui-même cuisinier, mais ensuite émigréà Casablanca (d'après son fils Hamid, qui m'avait corrigé sur ce point). Boula était la crème des hommes, toujours joyeux et dynamique, il est malheureusement décédéà Tiouine où il s'était retiré, dans le premier semestre 2014.

 

Pour en revenir à l'article, si Monique a des arguments qu'elle n'hésite pas à intervenir (ainsi que les autres lecteurs). Nous serons toujours heureux de parler de cette époque riche en évènements."

Le blog a déja publié des pages avec le père Norbert et l'oeuvre d'Agouim; voir les liens 4 juin 2008; 16 janvier 2009;  14 juillet 2012;D'autre part on trouvera sur un autre blog des photos avec Mémé Drouin et des enfants à la cantine d'Igherm.(Voir jacqueline Abt)dispensaire d'Agouim 1962 Mémé Drouin et Mme Badie  

Monique: "A Agouim 1962, une photo de ma grand-mère et de Mme BADIE qui triaient le linge

A l'époque le dispensaire d'Agouim recevait des Etats Unis "don du peuple americain" du lait  poudre et du linge en grande quantité pour une distribution aux familles berbères des environs. Le linge devait être trié puisqu'il n'était pas toujours adaptéà la population (robes en tulle, tenue de soirée etc...), le Père Norbert faisait appel à ma grand-mère et à Mme BADIE qui à l'époque travaillait chez la "mémé" d'Igherm n'ougdal".

Le calicot cousu sur le colis porte: Entraide Nationale, Don du peuple américain, Dispensaire d'Aguim.

Merci à Monique pour ces photos qui rappellent des souvenirs à certains et peuvent permettre à des personnes perdues de vue de se retrouver. 


TIWIZI 22 PARTENAIRE DE AL MICHKAT

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MALIKA ABDEDDINE PRÉSIDENTE DE AL MICHKAT S'ALLIE AVEC CHRIS HINRY PRÉSIDENTE DE TIWIZI 22

IMG_2576 LES DEUX ASSOCIATIONS SIGNENT UNE CONVENTION DE PARTENANRIAT LE 8 AVRIL 2016 EN BRETAGNE.

Malika Abdeddine écrit à la communauté des Iminiens: "Je serai en France du 30 Mars au 21 Avril pour la signature d'une convention avec l'association Tiwizi22 et pour une petite formation au sein de l'association Secours populaire. Dans ce cadre, l'assemblée générale de l'association Tiwizi aura lieu le 8 Avril 2016 et nous aurons l'honneur de recevoir tous nos amis iminiens qui ont aidé pour le démarrage et la création de notre Michkat (2009) ,nous serons toujours reconnaissants à vos gestes de soutien. Je souhaite voir le maximum de nos amis d'imini. Veuillez vous mettre en contact avec la présidente de l'association Tiwizi, Mme Christiane Hinry qui organisera la soirée . tél. 06 77 71 90 99 - À bientôt. Malika

logo-TIWIZI-22

TIWIZI 22 Association :
2, rue Crech’ Catel, L’Armor, 
22610 Pleubian
L'association n'a pas encore de logo, mais il pourrait ressembler à ces deux mains dont l'une marocaine et l'autre européenne se tiennent par la solidarité.
le terme tiwizi (« solidarité ») désigne l'activité collective consistant à aider un villageois dans une de ses tâches au moment où seul il n'y arriverait pas. En échange il nourrit ceux qui l'aident. 
L'association TIWIZI 22 a seulement 1 an ce mois-ci; objet apporter aux personnes les plus démunies du continent africain, dans un esprit de solidarité, indépendant de tous mouvements politiques et/ou confessionnels, toute l’aide possible dans les domaines suivants : aide matérielle (nourriture, vêtements, matériel médical) ; scolarisation, alphabétisation (l’association soutiendra les écoles et les éducateurs locaux en procurant des fournitures scolaires) ; le but de l’association est d’apporter toute l’aide possible ; l’énumération ci-dessus ne peut donc être considérée comme exhaustive ; ces actions seront menées dans le respect de la personne humaine, des coutumes et usages des populations rencontrées sans ingérence d’aucune sorte.

logo-almichkat-tiwizi22

Elle est partenaire de l'Association Al Michkat Tassoumat située dans un quartier de Ouarzazate (80.000 habitants), au Sud du Maroc, non loin du désert, à proximité des premiers contreforts de l'Atlas. L'association marocaine travaille surtout auprès des enfants abandonnés et en difficulté car cette ville, connue mondialement pour le tournage de films, cache des foyers de pauvreté où la jeunesse est en danger.

Pour Al Michkat (la lampe du foyer - qui ressemble à une lampe de mineur) il s'agit de protéger les enfants et les jeunes des grands maux de la société : mendicité, prostitution et trafic de drogue. Les projets élaborés en collaboration avec l'association partenaire portent sur le financement de fournitures scolaires, de la scolarité de jeunes lycéennes, d'achat de vêtements, l'aide aux devoirs, l'aide aux jeunes pour partir en centre de vacances, etc.

La Présidente, Malika Abdeddine, très impliquée, se bat courageusement pour apporter un mieux-être à ces enfants. Aidée de bénévoles, elle les accompagne, parmi les nombreuses actions réalisées, avec l’aide aux devoirs chaque jour. La priorité est mise sur l’éducation qui seule peut donner une chance à ces jeunes.

http://almichkat.com/

Le bureau de Tiwizi 22 : présidente, Christiane Hinry ; vice-présidente, Sylvie Badouard ; trésorière, Marie Fores ; secrétaire, Marlène Simon

Tiwizi 22 - Chris Hinry

Chris HINRY: "J'ai rencontré Malika en 2012 et depuis elle est devenue une référente de stage pour les élèves de l'établissement où j'enseigne, la MFR de Baulon, en Ille et Vilaine. Elle accueille régulièrement des stagiaires de Bac Pro SAPAT services aux personnes et des BTS en économie sociale et familiale. Pour cette année scolaire, elle aura accompagné 9 stagiaires à des périodes différentes, c'est beaucoup!!

aide-aux-devoirs-Tiwizi22

De plus j'organise des voyages d'études avec les terminales et pour la 3ème fois nous allons au Maroc en novembre avec un groupe de 20 jeunes environ et dans ce cadre, les élèves découvrent l'association Al Michkat et participent àl'aide aux devoirs et à des activités sportives avec les enfants. De plus on part toujours les valises bien remplies de vêtements et de fournitures scolaires.
Au cours de ces années les liens entre  Malika et moi se sont renforcés et je désirais soutenir son association et encourager Malika dans son action en dehors du cadre de l'école.
C'est pourquoi nous avons crée l'association TIWIZI 22 en mars 2015, notre asso est donc toute jeune!! je suis la présidente.
Notre objectif principal est de soutenir l'éducation, tenter de donner une chance à tous ces enfants d'avoir une scolarité normale. Seules des études peuvent aider ces jeunes à avoir un meilleur avenir.
A la rentrée scolaire de septembre 2015 nous avons donc acheté sur place les fournitures scolaires des enfants et financé les études pour 2 jeunes filles en apprentissage. C'est une première et  nous espérons qu"elles réussiront pour encourager d'autres jeunes à emprunter cette voie.
Le séjour de Malika en Bretagne va permettre à tous les membres de la rencontrer, d'échanger et ce sera l'occasion bien sûr de discuter des projets à venir, notamment la venue à Ouarzazate de Pierre, médecin, en mai."
Le week end du 8 avril: à L'Armor Pleubian (commune de Pleubian) près de Paimpol
-- le vendredi 8 avril à 19H30: 
1-  Assemblée générale de l'association Tiwizi 22, salle des Chardons bleus
2-  Intervention de Malika et signature de la charte de partenariat, puis pour finir un petit repas convivial
-- le samedi 9 avril; en fonction de la météo, parfois capricieuse en Bretagne!! Balade sur le sillon de Talbert, ou île de Bréhat
journée d'échanges, discussion, pauses thé!! en toute simplicité et convivialité!
Repas du soir à prévoir, resto? pizzas? nous déciderons ensemble;
-- le dimanche 10 avril: nous sommes toujours sur place! départ en fin d'après midi
Les personnes qui connaissent Malika sont les bienvenues!  elles peuvent être logées au rando gîte (20euros/nuit), gîte confortable. Nous prévenir pour réserver.. 06 77 71 90 99
LES IMINIENS AURONT À COEUR DE SOUTENIR CETTE INITIATIVE
Faire part de son soutien dans les commentaires

DES IMINIENS S'INSTALLENT À MARRAKECH

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JEAN-YVES A RETROUVÉÀ MARRAKECH UNE PERSONNALITÉ CONNUE: ALLAL ABOU AMER, UN AUTRE IMINIEN. IL TÉMOIGNE:

Panorama avec Atlas Bertrand   La chaine de l'Atlas vue depuis Marrakech - Photo René Bertrand

"La communauté des mines d'Imini était forte et riche de nombre d'ethnies, de nationalités, de professions naviguant autour de l'activité centrale qui était l'exploitation du manganèse. Des professions indispensables à la vie quotidienne des familles et des individus, pour le travail, l'alimentation, la santé, l'éducation, les loisirs, … Tous les villages circonscrits autour de l'exploitation, autant européens que marocains, ont bénéficié de cette logistique nécessaire, logistique qui a évolué avec les années à cause des besoins nouveaux, en fonction des changements de population, …

Dans cette population forcément hétérogène, par le fait de l'origine des familles, se sont détachées des personnes, des personnalités, déjà par la hiérarchisation professionnelle, mais également par leur implication ou leur rôle important dans le quotidien des familles.

Pourquoi les oublier, pourquoi ne pas les mettre en valeur, en sachant que mon témoignage est extrêmement succinct du fait de mon regard et de mon souvenir d'enfant de l'époque ?

Comment penser que les lecteurs, fidèles amis des mines d'Imini, aient pu les oublier, en n'ayant pas fatalement le même regard que moi ? J'espère vivement que ce modeste article réveillera quelques commentaires à tout le moins, quelques anecdotes, quelques réflexions de toutes les « fratries » ayant séjourné sur place, et désireuses d'apporter des précisions, des contradictions éventuelles, … une vie sur ce blog qui a le mérite d'exister et d'être entretenu par notre ami marrakchi, Michel..

Au printemps dernier j'ai connu un véritable dilemme dans mon petit coin de Bretagne nord. Dilemme qui m'a obligéà choisir entre deux évènements majeurs intéressant la vie d'Imini. Je réside à côté de Morlaix, dans le Finistère. Et le même jour je devais soit aller rendre visite à Malika ABDEDDINE, séjournant dans la région de Rennes (dans le cadre de son association avec Tiwizi22), soit aller à la rencontre de l'auteur des bandes dessinées du Concombre masqué, Nikita Mandryka (parrain d'un salon de la BD), ayant vécu avec sa famille, celle du Docteur Mandryka qui exerçait à Bou Tazoult dans les années 50. Malheureusement, les deux sites étant à l'opposé de me suis résolu à rejoindre Malika, à qui notre petit groupe familial voue une amitié fidèle et reconnaissante pour ses activités au sein de Michkat Tassoumat.

A tous, bonne lecture, bonne réflexion , … et bonne écriture. Amitiés estivales, chaleureuses de Bretagne, où le soleil brille (mais pas comme à Imini).

Jean-Yves TRAMOY."

Y A-T IL ENCORE UN RESTAURANT IMINIEN À MARRAKECH ?

Ou : le portrait d'une célébrité de Bou Tazoult.

Pour gagner la place Jemââ el Fna, après la Koutoubia, on marche entre l'ex-Club Med Médina et la station des calèches du square Arset El Bilk, où les odeurs des chevaux attaquent véritablement nos narines.

photo 1 les calèches devant la Koutoubiaphoto 1 : les calèches près du square Arset El Bilk

photo 2 entre la Poste et la banque Al MaghribSur le trottoir de droite, la Poste et la Banque Al Maghrib encadrent la voûte de la rue Bani Marine* photo 2 : la plaque de rue, presque piétonne, assez commerçante où se niche, au numéro 35, le restaurant discret d'un de nos amis Boutazoulti, l'ancien épicier Allal ABOU LAMER.

photo 3 Bou Tazoult, l'épicerie d'Allal

photo 3 : l'épicerie de Bou Tazoult. Une figure illustre de Bou Tazoult appréciée de tous, marocains et européens, toujours affable dans sa boutique, souriant, prêt à vendre et à rendre service. Je vois encore les caisses de légumes en bois dans lesquelles oignons, carottes, pommes de terre, poireaux, salades étaient bien alignées. Leurs odeurs mélangées persistent dans ma mémoire. Mais l'épicerie d'Allal ne faisait pas qu'office de commerce, elle était aussi l'occasion des rencontres à toute heure, le lieu de toutes les conversations dans un couloir rafraîchi par la fabrique de glace toute proche. Pendant l'été, son neveu Boubker, adolescent, venait le suppléer dans son commerce, avant d'entamer une belle carrière aux Etats-Unis (cherchez sur internet). Bou Tazoult : tremplin vers les hautes sphères ? Oui, ce n'est pas une exception !

Au jour d'aujourd'hui, il semblerait qu'Allal soit remplacé dans son local par le seul commerçant restéà Bou Tazoult, Si BOUSTA, qui a abandonné son petit commerce du village marocain où il se sentait bien isolé, et qui a retrouvé comme clients les tâcherons chargés de « poursuivre » et d'exploiter le filon de manganèse serpentant sous les bâtiments déserts, émergeant par-ci par-là de temps à autre. Les pluies successives, souvent fortes, drainent des boues de terre rouge sur la route, qu'il faut nettoyer de temps à autre.

photo_4_Si_Bousta_et_moi_memephoto 4 : Si BOUSTA dans son ancien commerce du village marocain.

Pour la suite de sa carrière, Allal a délaissé son établissement contigu à la cantine de Bou Tazoult, et emmené sa famille à Marrakech pour ouvrir cette escale sans prétention, mais ô combien accueillante.  xxxxxxxxxxxxxxxxxxx

photo 5 entree

photo 5 : la façade principale.

 A l'entrée une grande jarre permet au passant de se désaltérer gratuitement (témoignant ainsi de l'hospitalité marocaine tradition-nelle), et les tajines alignés sur les kanouns libèrent leur parfum d'épices pour appâter le client.

photo_6_les_tajines

photo 6 : les tajines

Dès l'entrée, derrière le comptoir, Brahim, maître des fourneaux salue chaleureusement la clientèle, et reconnaît les amis même quand ils ne sont pas venus depuis longtemps, trop content de leur lancer : « Marhbabikoum ! », de leur attribuer une table, et de leur servir aussitôt une boisson fraîche.

La salle, aérée, spacieuse et bien éclairée, meublée de tables et chaises en plastique blanc, permet de déjeuner en retrait de la chaleur crue de la rue.

photo 7 la salle

photo 7 : la salle.

Parfois, quand l'été n'est pas trop chaud, Allal fait un passage, il reste quelques instants assis sur le seuil à discuter avec les visiteurs, jette un oeil sur le service, puis regagne son domicile à l'autre bout de la ville, laissant les employés tenir la maison.

photo 8 Allal en propriétaire heureux

photo 8 : Allal éternellement souriant.

Il est toujours heureux de recevoir ses anciennes connaissances ou ses anciens clients des mines d'Imini qui passent par la médina de Marrakech, d'avoir la surprise de leur passage.

Au cours de nos différents séjours marrackchis, nous y avons pris régulièrement nos habitudes, vite imités par nos accompagnants, ou par nos amis lors de leur voyage au Maroc.

photo 9 le cadeau d'anniversaire pour Maman

Maman, fidèle cliente de l'épicerie de Bou Tazoult et du restaurant de Marrakech, a même fêté son anniversaire chez Allal (avec un petit décalage) photo 9 : l'appareil photo, cadeau pour Maman, et y avait auparavant rencontré des anciens des mines d'Imini : ROUDANI le maître menuisier, et Hassan BEN TALEB le comptable

photo 10 ROUDANI, ABOU LAMER, BEN TALEB en notre compagnie

photo 10 : ROUDANI, ABOU LAMER et BEN TALEB en notre compagnie.

La carte toute simple, mais gourmande, propose des salades de tomates aux oignons, d'olives, d'oeufs, … et viennent ensuite les délicieuses petites brochettes de viande, de coeur, de foie, … accompagnées des tajines embaumant l'atmosphère.

photo 11 la dégustation du tajine en se frisant les moustaches

photo 11 : la dégustation du tajine en se frisant les moustaches.

Les assoiffés se désaltèrent de bouteilles de Sidi Ali, perlant de fraîcheur, et aidant à supporter les épices avant un théà la menthe servi à la marocaine pour favoriser une bonne digestion avant de participer à la « fièvre acheteuse » dans les souks voisins.

photo 12 le traditionnel théà la menthe

photo 12 : le traditionnel théà la menthe.

C'est toujours à regret que l'on quitte cette table, … pour souvent y revenir le lendemain après avoir visité les curiosités voisines : palais de la Bahia, les ferblantiers, le souk des bijoutiers, … xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

Mais le temps passe pour tout le monde. A nous regarder dans la glace, nous constatons que nous avons beaucoup vieilli depuis cette période, que nos forces ont décliné. Qu'en est-il de nos amis marrakchis et iminiens ? Eux, non ! Loin de nous, dans notre mémoire ils ont conservé cette silhouette et ce visage que nous leur avons connus autrefois. Que sont-ils devenus aujourd'hui ? Nous leur souhaitons de conserver la santé, et de bien profiter de leur vie en famille. Avec l'espoir de les retrouver au plus vite sur leur terre accueillante et de revivre avec eux quelques instants de ce bonheur d'antan.

Jean-Yves TRAMOY

*Bani Marine : le nom vient d'une tribu, les Banou Marine, qui gagna une bataille en l'an 613 de l'Hégire (1216) contre les Mouwahhidine au sud de la ville de Fès, devenant ainsi une force incontournable dans les prémices de construction du Maroc médiéval.

Témoignage qui date, puisque les faits sont authentiques mais la situation a changé depuis ces années 2001 à 2011, où nous avons fréquenté cet établissement plein d'un charme typique local. Aujourd'hui, des jeunes ont succédéà l'ancien propriétaire. Ne pouvant nous priver éternellement d'un séjour à Marrakech, nous ne manquerons pas d'y retourner à l'occasion pour prendre contact et vous rendre compte.

Merci à Jean-Yves pour ce portrait d'un ancien d'Imini qui a su créer une nouvelle activité après la fermeture du village de Bou Tazoult. Merci à lui d'entretenir vivante la flamme du souvenir des pionniers et d'entretenir l'amitié; il mérite notre gratitude.

 

LIVRE D'OR D'IMINI - LA MINE EN 1938

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LE LIVRE D'OR DES MINES DE L'IMINI 

LES VISITEURS DE L'ANNÉE 1938 ET LEURS ÉCRITS

L'année 1937 s'était terminée par une visite du Cdt Balmigère, commandant la place de Ouarzazate.

L'année 1938 commence par un lexique de M. Henry qui donne le sens de plusieurs noms de la géographie voisine (exemple : Taddert = la maison)

Les officiers du 3e Bataillon du 4e Étranger viennent en février. le chef de Bataillon Guémenay, A. Guéninchault, Bayris.

Cyril Hay, administrateur de la Société Mokta visite la mine d'Imini en mars. Il est accueilli par MM. Boulinier, Moulinou et Laurence.

En avril, les docteurs Bonjean et Georges Blanc

En septembre F. de Torcy et des légionnaires artilleurs

En octobre Justin Savornin, le célèbre géologue, venu avec madame, présente des croquis inédits pour illustrer trois tableaux.

L'année se termine par une visite de l'Ingénieur général Gavard, venu en mission pour la défense nationale avec M.B. Renault.

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Nous nous sommes trouvés tous à l'aise,

Devant un excellent gateau au manganèse

A l'Imini,

Tout le monde sous- rit         Cdt Balmigère

Année 1938: 31 janvier

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Jean HENRY est l'un des ingénieurs de Mokta-El-Hadid.

Année 1938, le 20 février

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Guenichault sera tué avec ses légionnaires le 17 mai 1940 devant Narvik, 

Le procédé de prévention d'André Moulinou contre le typhus consistait à enrober les humains dans du bioxyde de manganèse.

Année 1938, aucune signature entre mai et septembre, mais tous les hôtes ont-ils signé le livre d'or ? Par exemple le grand reporter Raymond Lauriac a fait un article et des photos (voir reportage) mais n'a pas signé le livre d'or.

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Année 1938, le 4 septembre

Or28v4_09_38Le gite Ste-Barbe pour un artilleur bivouaquant à Imini quelle attirance! Une mine de manganese c'est très intéressant,.. Mais que dire de l'hospitalité des sympathiques mineurs !

Journée fort agréable au milieu de la poussière de Manganèse qui vaut bien le sable chaud!

Un artilleur légionnaire de la batterie de marche du 4e REI -le 4 septembre 38 - Chauteau

 Année 1938, après septembre

Le géologue Justin Savornin, venu avec sa femme à Imini, et charmé par l'accueil des Moulinou se lance dans l'écriture théâtrale

L'ANCRE (Sketch-express en trois tableaux)

1er tableau: Sous un soleil torride, quelquepart entre 25° lat. N et 25° lat. S, un bateau fend paresseusement l'eau tiède. Un errant, accoudéà la rembarde, s'éponge la figure en fredonnant - c'est une manie-: Ainsi toujours poussé vers de nouveaux rivagesNe pourrons-nous jamais sur l'océan  des ans

Ne pourrons-nous jamais jetter l'ancre un seul jour ?

2e tableau Il est arrivéà Imini et, séduit par le charme étrange du paysage - symphonie en vert et rouge sur un ciel bleu - par l'aimable hospitalité des hôtes, l'errant a jetté l'ancre pour quelques heures.
Note: Pendant ce tableau l'errant se tait. Le Coran n'a -t-il pas dit : L'imini est de Mn, la parole est d'argent, le silence est d'or ?

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Suite du sketch de J. Savornin

3e tableau: C'est fait, l'errant est reparti. On le retrouve dans la forêt vierge, embourbé jusqu'aux genous. Tandis qu'il répare sa pirogue échouée, il fredonne - sa manie l'a reprise -:
Pourquoi dans les grands bois aime-je à m'égarer ? Pour y forer .. Pourquoi suis-je attristé au murmure des eaux Dans l'potopoto ?
Pour un trépan cassé, une carotte qui tombe ! Pourquoi !
Le rideau tombe avant que les réponses ne soient parvenues.

Imini, le 30/10/1938

Or29v30-10_38 

Justin SAVORNIN géologue et géographe (1876-1970) a établi des cartes  géologiques du Maroc.

L'Ingénieur général André GAVARD, vient se renseigner sur les capacités d'extraction de Manganèse à la veille du conflit avec l'Allemagne. Le 1er fevrier 1941, il fera partie du GQG comme Inspecteur général des Essences et carburants. 

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Les iminiens grâce au livre d'or sauront ainsi les noms des bonnes fées qui se sont penchées sur le berceau de la mine de Boutazoult à l'époque du début de sa production.

BONNE ANNÉE AUX IMINIENS

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Une bonne année 2017 

1701 04 voeux iminiens Timkkit

 

Chacun peut écrire ses voeux dans les commentaires ou réagir à l'article de Jean-Yves. 

LIVRE D'OR D'IMINI - ANNÉE 1939

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LES VISITEURS DES MINES DE L'IMINI EN 1939

L'année 1938 fut celle du démarrage de l'activité de la mine, celle du lancement de sa production. Les années précédentes avaient été celles des études préalables et des investissements. Cette production de 1938 où les 16785 tonnes de manganèse extraites avaient fait grand bruit dans les univers économique et politique attirait les visiteurs à la veille d'une guerre qui se préparait. Cette production était prometteuse puisque plus de la moitié du manganèse extrait était restée sur le parc en attente de clients. Seulement 7100 tonnes de manganèse avaient été vendues. L'armée s'intéressait aussi aux mines de l'Imini devenu lieu stratégique à protéger.

C'est ainsi que de nombreux visiteurs affrontèrent la route en lacets du Tizi n' Tichka pour se rendre compte des promesses de cette nouvelle mine productrice de richesses. Des généraux, des élèves de deux Écoles supérieures des Mines (Paris et Saint-Etienne), des géologues célèbres, des administrateurs et des cadres de Mokta El Hadid, des hommes politiques français connaissant bien l'univers de la mine et des mineurs, des personnes restant à identifier furent nombreux à apprécier l'accueil de la SACEM avec M et Mme Moulinou, Georges Cantarel et leurs fins cuisiniers Embarek et Bouchik.

On trouvera quelques photos de 1939 sur une autre ==> page du blog

En janvier, M. LELOUTRE un ami de passage du directeur MOULINOU propose un poème qui cite les cuisiniers qui ont fait la réputation de l'accueil aux mines de la SACEM. Il joue sur les mots en comparant la table de tri du manganèse à grande capacité avec la table gastronomique réservée aux invités.

Il y a table et table ... (cela se chante)

L'Imini, fort délectable, a plusieurs bonnes tables

Dont les mets sont abondants et le fumet excellent...

C'est qu'EMBAREK se surpasse, Mais BOUCHIK le dépasse!

L'consommé est délicieux, Mais le concentré est mieux !

Or30b-01_39 

Si l'on manque de sucre en poudre, Le selecteur peut moudre,  

Des tonnes de poudre de riz, À l'usage des houris.

En haut, on tient table ouverte, Mais, en bas, il vaut certes

Beaucoup mieux pour le texte Que la table soit fermée !

En haut, lorsqu'on sort de table On n'est pas toujours stable

Mais d'en bas c'est chaque soir Que l'on rentre complétement "noir". 

La morale de cette histoire C'est, vous pouvez m'en croire,

Qu'il y a tables et tableaux, comme fagots et fagots.

Janvier 1939, Leloutre

Or30v-01-03_39  

Le 13 MARS 1939, la visite du groupe MORY et HAY. La présence d'Alexander Hay montre l'intérêt des administrateurs du groupe Mokta El Hadid pour la SACEM sa filiale.

"Nous garderons un souvenir inoubliable de l'Imini et de l'accueil si cordial et si merveilleux que nous y avons reçu. Quel contraste entre l'aridité de ce pays et le charme de ses habitants".

Le 1er AVRIL, visite de ROQUES et Th. RIVIER. Qui nous aidera à identifier ces visiteurs ?

"Remerciements pour une visite sympathique ..

En remerciement de l'accueil si cordial et des bons repas pris aux mines de l'Imini"

5 AVRIL 1939 - Six élèves de ENSMSE, (École Nationale Supérieure des Mines de Saint-Etienne) promo 1939

"Accueil d'un jour à l'Imini Charmant séjour Trop vit' fini".

  • Or31v-SEt-04_39  Les noms d'élèves à partir des signatures correspondent à P. ISERT, RENGADE, PINEL, peutêtre aussi J. MURGUE... La photo de la promo 1939 permet aussi de repérer le professeur Louis NELTNER ainsi que François PERMINGEAT qui viendra plus tard à Imini avec une nombreuse délégation internationale de géologues et Jules AGARD qui eut une carrière marocaine en dirigeant la SEGM (section d'études des gîtes minéraux) à partir de 1954.

    Promo-1939-Saint-Etienne 

    Louis Neltner (1903-1985), fut chef adjoint du Service des mines et de la Carte géologique du Maroc, aux côtés de Pierre Despujols, de 1927 à 1931. Il apporta une contribution majeure à la stratigraphie des terrains anciens de la zone axiale du Haut-Atlas et de l’Anti-Atlas. Appelé, en 1931, comme professeur de géologie à l’École des mines de Saint-Etienne, il continua à travailler au Maroc de façon épisodique jusque dans les années 1950. 

5 avril 1939

Adieu, mines de l'Imini, dernières mines de l'Iminette, nom charmant, évocateur de tendres caresses.

Rêverais-je jamais, chère Iminette ton azur profond, ton soleil ardent, tes horizons de corail et de chair émue,

Tes membres dévêtus, et la blancheur immaculée de ton collier de cîmes lontaines, et la sérénité de ton visage. Impossible à rien                                                                                                                  

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 Adieu chère Iminette, ton image restera, claire et fière, dans ma mémoire encombrée  de visions, et je n'oublierai jamais la quiétude qu'inspire ton inhumaine beauté."  Jean HENRY, ingénieur de la société Mokta El Hadid, responsable de la mine d'Imini avant qu'André Moulinou en soit nommé directeur revient avec une certaine nostalgie.

8 avril 1939

M. BOULINIER dirigeant de la SACEM vient s'enquérir du progrès des recherches et fait visiter Imini à des hommes politiques français appatenant à la SFIO.

"En souvenir du délicieux séjour passé dans le cadre grandiose de l'Imini."

Il est accompagé de Paul SION, homme politique et mineur qui participe à une Mission parlementaire d'étude sur les mines et les mineurs du Maroc avec Augustin MALROUX, Petrus FAURE et CARION?

Paul SION travaille dans la Mine dès l'âge de treize ans, il se lance dans le syndicalisme à 20 ans et y occupe rapidement des responsabilités qu'il exercera jusqu'en 1936. Parallélement, il devient conseiller municipal de Lens en 1925 et conseiller général en 1928. Il est élu député SFIO du Pas-de-Calais en 1936, dans la circonscription de Béthune. Le 10 juillet 1940, il ne prendra pas part au vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain.

Un homme politique peut en cacher un autre. Fait partie de la visite Augustin MALROUX: Fils d'un ouvrier mineur très marqué par la pensée de Jaurès, il fit ses études à l'école primaire supérieure (collège) d'Albi, puis à l'école normale d'instituteurs de Toulouse. Il adhère à la SFIO avant 1928 et fonde la section de Lafenasse dans le Tarn. En 1934, il devient secrétaire de la section du Tarn. Élu maire en 1935, il est élu député du Tarn en 1936. Il manifeste son anti-colonialisme à l'occasion d'un voyage à Oran en 1937. Il s'opposera par son vote à l'attribution des pleins pouvoirs à Philippe Pétain. Arrêté en 1943 à Paris, il est déporté en Allemagne. Le croyant toujours vivant il est élu Maire de Carmaux le 17 mai 1945, ce n'est qu'après son élection qu'on apprendra qu'il était mort depuis le 10 avril au cmp de Bergen-Belsen.

Petrus FAURE fait aussi partie de la mission parlementaire: Fils de mineur, il grandit dans les misérables quartiers ouvriers de la banlieue stéphanoise. Il passe son certificat d'études, et devient ensuite berger à 12 ans, ouvrier à 13 et mineur à 16. Il est d'abord anarchiste de conviction. Il se conduit avec bravoure en 1914-1918 et renonce à ses sentiments libertaires à la sortie du conflit. Il devient socialiste, puis communiste après le congrès de Tours; mais il en est exclu en 1929. Maire du Chambon-Feugerolles entre 1925 et 1940. En 1931, il devient conseiller général, puis, en 1932 député. Il fonde en 1929 le PUP, Parti d'unité prolétarienne, est élu député en 1936 sous cette étiquette. Il maintient l'indépendance du PUP jusqu'en 1937, année  de la fusion avec la vieille maison socialiste. Il retrouve alors la SFIO. Il s'abstiendra volontairement lors du vote sur la remise des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. Il sera  démis de ses fonctions par le Régime de Vichy.

 Or32v-04_39députés 

Le passage d'une mission où se trouve monsieur Sion

En visitant ces trous, tout nouveaux pour Malroux

On éprouve une émotion que cache monsieur Carion

Et on comprend l'effort des hommes qui sont forts (Faure)

Livre d'or du manganèse c'est mieux !  Le 24 avril 1939

"Souvenir d'un agréable séjour à Imini". Augustin MALROUX et d'autres

Or33-04_39"Nous viendrons à l'aube triomphante de notre exploitation commençante.."Signature à déchiffrer

André Moulinou compose un poème décrivant les étapes que subit le manganèse d'Imini à cette époque

L'exploitation de l'Imini ou...le martyre du Manganèse

L'Imini, sous son ciel est splendidement beau,

Le ciel de l'Imini éternellement beau

Resplendit. Sous ce ciel, il y a du manganèse

En gisements fameux, enfin prêts. Ô, genèse

Tu ne nous aidas point, mais nous te pardonnons,

Puisqu'il en est ainsi dans toute exploitation.

Le gisement s'étire dans son lit crétacé

On le réveille enfin, et, tel le pélican

À un monde affamé, il livre ses entrailles

Les travaux du mineur lui transpercent les flancs

On construit des usines, des trémis, des murailles

Le supplice, régal des hommes est commencé.

Or33v-05_39   Arraché de son lit, jeté dans les berlines

Il gravit le traînage et arrive à la cime,

Des trémies. Là, des broyeurs puissants,

Dans leurs fortes machoires le réduisent en poudre

Puis des tables à air, en un rythme prenant

Enlèvent le stérile. Il reste à résoudre

Le problême important de l'agglomération

C'est le dernier supplice. Pour aviver les plaies

On sale le produit; puis la trituration

Mélange du charbon au pauvre minerai

Une flamme jaillit, c'est l'horrible cuisson

Qui purifie le corps. Ô , l'immense frisson !...

Le minerai, riche à souhait

Sur des camions, tournats en rond

Partira. Il ira finir

Dans les gueules béantes des hauts-fournaux tournants

A. Moulinou (Etudes des avants-projets), mai 1939

Or34-01-05_39 

23 mai 39 "Meilleurs voeux pour l'heureux développement de l'Imini et cordiaux remerciements pour l'aimable accueil.G.Fougère, Hurel et le Commandant Balmigère

Or34v23-05_39 

"Je Frémissais au vent qui retenait sa plainte

Puis soupirait d'un coup, largement et sans feinte

A quoi bon, me disais-je, la trop grand'ville

Si tout ce qui s'y rapporte est matière à souci ?...

Imini, l'Imini ! Oh! le sage Imini!...

Or35-05-39  N'aurais-je pas compris le signe cherché tant !

Perforateurs, diésels, forages, manganèse"...

Voilà, peut-être, enfin ! Du repos la genèse.

Je dinai ce soir-là dans la maison du haut que deux enfants illuminèrent un instant et je rentrai, pensif, en murmurant "Oh ! Oh ! signature J.Teste ?

Les deux enfants dont il s'agit sont Fillou et Martine Moulinou

Le 6 juin 1939 - Le trouveur de la mine, Georges CANTAREL se voit confier une nouvelle mission par la SACEM et fait ses adieux à Imini, sa muse.

Après ces deux années, passées auprès de toi,

J'ai appris Imini à t'aimer malgré moi.

Je le sens maintenant que mon départ approche

Combien impressionnant est l'éclat de tes roches;

       Comme du sang épais s'échappant de tes flancs

       Parmi les schistes verts et les calcaires blancs

       Le rouge dominant donne à ton paysage

       Cet aspect effrayant d'un terrible visage

Après t'avoir haïe et traitée d'inhumaine

Celui qui te connaîs te trouve une âme même

Effrayé tout d'abord, voulant te fuir presque,

Il finit par se plaire à tes charmes dantesques

Or35v6-06_39 

Puis, bien qu'il parte un jour pour un lointain voyage

Dans son coeur à jamais est drapée ton image

Et sache bien surtout que son plus cher désir

Sera de te revoir dans un proche avenir

G. Cantarel

Le 11 juin 1939 : La mission de la piste de Tachkirt est invitée

"Encore un wisky, veux-tu bien !

Un visky qui n'engage à rien, pas même à faire un front de manganèse de celui que M. Moulineau  a trouvé le Péloponèse."

Le chef de mission - le sous-fifre - le civil

Cdt Balmigère - pout ampliation 

Or36juin39 

19 juin : Au revoir l'Imini et à bientôt (il reviendra fin décembre)

Meilleur souvenir d'un accueuil chaleureux - DRIOT

10 -11 aout 1939: "Sincères remerciements aux hôtes d'Imini qui nous ont ménagé un accueil si sympathique, et nous ont permis de passer deux jours dont nous nous souviendrons." Les élèves de l'ENSM-P (Ecole Nationale Supérieure des Mines - Paris): Pinier, Chereau, Doucet

"Coeli enarrant gloriam Dei..."

"Auction auditonum suam et temie..."

"Il vantait devant la porte..."

S Royer, Cantarel, C Delsol,

Lundi - mardi - 22 aout

Or36v-aout39 

Le 29 aout : Actualités sous la forme classique

1er acte: Le cellier était plein et tous les ventres creux

2e acte: Et le cellier vidé, nous fumes tous heureux

3e acte: Mais le cruel dieu Mars soufflait fort dans son trou

4e acte: Délaissant aussitôt Imini et ses pompes

5e acte: A son appel sans tarder répondirent pour le grand péril Teuton abattre à la fin.

4 de l'Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris: LEIGLET, DUSOURD, ROY, COEUILLET

Note: Robert COEUILLET (Promo 37) sera un grand patron des Charbonnages de France. Il est décédé en 2012. 

La France entre dans la guerre contre l'Allemagne 

Branko YOVANOVITCH, géologue de nationalité serbe avait fait des recherches d'hydrocarbures au Maroc dès 1919, puis il assura le secrétariat du comité des Eaux souterraines. De passage à Imini, le 14 septembre, il écrit:" Le géologue prudent ne dira rien. Il reviendra ! Comprendra-t-il ? PS: Mr Cantarel indulgent envers les scientistes purs, lui expliquera..."

Branko Yovanovitch serait décédéà 44 ans quelques semaines après cette visite à Imini. Une plaquette fut éditée en souvenir: 

A la mémoire de Branko Yovanovitch, ingénieur-géologue, collaborateur de la carte géologique du Maroc, Secrétaire général du C.E.E.S. (1895-1939). Éditions Felix Monchod, Rabat, 12 pages. 

Or37sept-dec39- 

30 novembre 1939: Mission du Général MELLIER, qui s'illustra quelques mois plus tard (fin mai 1940) dans la poche de Lille à Lambersart avec les débris de la 1ere Division marocaine et notamment le 2e RTM

Plusieurs signatures dont celle du Commandant Balmigère accompagnent celle du général.

L'année se termine par la visite de M. et Mme DRIOT (déja venus en juin)

"Ma première visite à l'Imini fut  très agréable séjour dont je conserverai un excellent souvenir"

Le livre d'or d'Imini ne sera réouvert que le 20 fevrier 1940.

En raison de la guerre la production de l'année 1939 fut nettement inférieure à celle de l'année précédente: 4790 tonnes au lieu de 16785 tonnes. Moins de travail pour les mineurs ...les ventes de manganèse chutèrent également: 4700 tonnes au lieu de 7100 tonnes. La ronde des camions sur la route du Tizi n'Tichka fut plus intermittente.

Cette page dédiée à la mémoire de la mine d'Imini et de ceux qui l'ont connue en 1939 veut rendre aux iminiens le Livre d'or de la mine avec sa richesse de détails. Nous en distingons les progrès et l'évolution à travers les poèmes de ses hôtes et de ses visiteurs. Savoir quelles étaient ces personnes derrière leurs noms nous renseigne aussi sur l'importance des mines d'Imini dans l'histoire du Maroc et de la France. Certaines signatures nous parlent, elles nous révèlent un nom, d'autres nous restent silencieuses; merci à ceux qui ajouteront des commentaires sur ces personnes et nous les feront mieux connaître.

Madame TRAMOY , veuve de l'ingénieur Jean-Louis TRAMOY a été enlevée à l'affection des siens

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Nous recevons un faire-part de sa famille:

Jean-Yves et Marie-Thérèse Tramoy, Pascale Tilly, Marie-Agnès et Sixte de Mijolla, Sabine et Stéphane Couder, ses enfants et leurs conjoints,

Béatrice, Anne-Laure, Jean-Damien, Florence, Fabien, Raphaël, François-Boris, Maxime, Gabriel, Léonor, Arthur, Juliette, ses onze petits-enfants et leurs conjoints, ses quatorze arrière-petits-enfants, et toute la famille ont la tristesse de vous faire part du décès de

Jeanne Francia TRAMOY

dans sa 93e année. Elle a rejoint son mari Jean-Louis TRAMOY, autrefois ingénieur du fond à Imini, décédé en mai 1982, et sa fille Béatrice décédée en mars 1966 sur la route de Marrakech. Les obsèques ont eu lieu mercredi 17 mai 2017 à 10 heures en l'église Saint Sébastien de Meyzieu.

Les Iminiens disent à Jean-Yves toute leur sympathie et lui demandent de transmettre leurs condoléances attristées à toute sa famille. 

PIERRETTE TEYSSIER NOUS A QUITTÉ,..

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... 

PIERRETTE-TEYSSIER-1 Danka, entre Yvon et Pierrette Teyssier autrefois.

Pour toi notre Pierrette,

Petite, je ne suis pas sûre de t’avoir côtoyée !

Petite j’étais tout le temps malade, et qui venait ?

Ben Yvon, que j’ai appelé bien plus tard Docteur Piquouse

Il avait le don, en tout cas pour moi, de me faire oublier

Ces vilaines piqûres que je détestais,

Avec une poupée il savait me calmer !

Tu peux imaginer le bonheur immense

Lorsque nous nous sommes retrouvés ?

Chez Bichon, tout est bon !

Quand il est parti, nous avons eu du mal

A imaginer qu’effectivement il ne serait plus là

Ta force, ton courage, ont fait que tu as traversé

Cette épreuve avec dignité, amour encore et toujours

Nous avons partagé des moments inoubliables avec toi,

Qui connaissait toutes tes photos par cœur !

Chaque jour, chaque endroit, chaque manifestation !

Tu savais tout, et ta mémoire a fait que la nôtre

A pu se réveiller …

Tu nous faisais rire avec tes anecdotes, sur la

Vie du village, sur telle ou telle personne,

Toujours avec gentillesse

Aujourd’hui, tu as rejoint Yvon

Combien de choses allez-vous vous raconter !

Landerrouat, un lieu que nous connaissons

Pour avoir vu le panneau sur notre route vers Margueron

Alors que je le localisais plutôt vers la Bretagne

Donc le destin ? la vie ?

A fait que toujours nous étions proches,

Sans le savoir !

Sainte-Foy La Grande, l’hôpital Pellegrin

Où Yvon a donné beaucoup de lui

Tu seras toujours dans notre cœur

Et aujourd’hui tu es avec Yvon !

On t’aime profondément

Tu seras toujours dans notre cœur

Avec toute notre tendresse et notre affection

Danka MIQUEL-PAWLAK.  

Yvon Teyssier avait marqué son passage à Bou Tazoult par son activité d'infirmier jusqu'en 1960, avant de regagner le sud de la France, dont il était originaire avec son épouse Pierrette. Leur séjour aux mines d'Imini n'est pas passé inaperçu. D'ailleurs Yvon avait écrit un article sur ce sujet le 27 mai 2008, et un hommage lui avait été consacré dans un article le 01 mai 2011. Un retour en arrière et la lecture de ces pages nous rafraîchit la mémoire.

Yvon-Teyssier-2 Yvon Teyssier examinant un candidat à l'embauche

Yvon, magnifique infirmier, doux, amusant savait détourner l'attention des patients pour les "piquer" par surprise, sans douleur. Toujours disponible pour aller à domicile quand il en était besoin, au gré d'un accouchement, d'une grippe, d'une forte angine, ... pour appliquer des ventouses, des cataplasmes à la moutarde, dispenser des soins qui s'adressaient autant au moral du patient qu'à son corps souffrant. Yvon Teyssier avait plusieurs cordes à son arc, et il passait ses loisirs, avec beaucoup d'enthousiasme, à distraire les habitants des mines d'Imini, à créer des animations en toute occasion : arbre de Noël, courses de vélos, courses d'ânes, grimper au mât de cocagne, ... payant de sa personne en déguisements.

Yvon-Teyssiercourse-3 Yvon, animateur de fêtes à Boutazoult

... Et Pierrette suivait, participait. Tous deux avaient une personnalité affirmée, volontaire, mais Pierrette possédait en plus une voix déterminée, caractéristique du sud-ouest, un rire communicatif, tout au contraire d'Yvon plus discret, plus modéré.

Aujourd'hui, ils sont partis tous deux. Le 22 janvier, Pierrette a rejoint son époux dans les territoires d'un monde qu'on ne peut rencontrer qu'après ... au bout d'une longue route qui les a promenés du Sud ouest jusqu'au Maroc, puis en Algérie avant de retrouver le berceau natal et n'en plus bouger.

En avril 2013, passant par Bordeaux pour remonter vers la Bretagne, ... une envie irrépressible m'a pris de pousser jusqu'à Gujan Mestras pour revoir éventuellement Pierrette, quelques mois après le décès de son mari. En me disant que je ne voudrais pas avoir de regrets supplémentaires d'avoir manqué des retrouvailles plus de 50 ans après l'épisode "Imini". Un peu d'angoisse vraiment avant d'appeler au téléphone, et d'être rassuré par un accueil enthousiaste qui m'encourageait à venir dès le lendemain, comme si on ne s'étaient jamais quittés. Un peu d'appréhension quand même en arrivant à la maison dans ce quartier tranquille du Bassin d'Arcachon.

Teyssier-Mektoub-4

Rassurant en découvrant que la maison portait un nom : "Mektoub", "C'est écrit" en arabe, ... en hommage à son ancien collègue de l'infirmerie Mohamed El Ghazi. 

Un signe que la période marocaine n'a pas été oubliée, a marqué les occupants à vie, ... comme beaucoup d'entre nous, et que l'on se soumet à la fatalité du destin.

Deux femmes vivent là : Pierrette assistée de sa nièce Raymonde, laquelle partage son temps entre sa tante et sa propre mère distante de cent cinquante kilomètres. Nous sommes reçus chaleureusement par une dame déjàâgée, souriante, dont la mémoire est vive, la parole facile, le dynamisme communicatif. Peu à peu nos timidités s'envolent, et je m'enhardis avec cette aînée si pétulante malgré ses difficultés à marcher. Elle surprend son auditoire par les précisions apportées dans ses souvenirs, donne aussi des nouvelles d'anciens iminiens avec lesquels elle est restée en contact malgré les années, malgré l'éloignement.

Le décor intérieur est majoritairement marocain, rempli d'objets artisanaux : tapis, plateaux en cuivre, ... et collection de photos. Est-on vraiment en Gironde ? On retrouve ici le réflexe de tous ceux qui sont revenus du grand sud marocain, et qui ne peuvent oublier leurs jeunes années d'"active", qui sont marqués à jamais de cette empreinte marocaine, et l'emportent avec eux jusqu'au bout.

Mais comment fait-elle pour retenir autant de détails, pour les raconter aussi aisément, et avec autant de plaisir ? Le temps glisse sans que l'on s'en rende compte, ... mais la Bretagne est toujours aussi loin. Il faut partir, sans savoir si une autre occasion se présentera, mais avec le soulagement de n'avoir pas manqué celle-là. 

Raymonde-Jean-Yves--Pierrette-5 Raymonde, Jean-Yveset Pierrette Teyssier

Cinq années, ou presque sont passées, pendant lesquelles la santé de Pierrette a baissé progressivement, et pendant lesquelles je pensais à lui souhaiter son anniversaire … parce qu'elle avait la même date de naissance que mes parents, avec deux ans d'ancienneté supplémentaires.

Pierrette, usée par la maladie dans sa dernière année, est partie sereine, ... au bout d'un long chemin de vie, Pierrette nous a abandonné, emportant avec elle une partie du Maroc, une partie des mines d'Imini, une partie de nous-mêmes par la même occasion.

Gardons-la dans nos pensées, et n'oublions pas nos autres anciens qui, encore vivants, restent notre référence et peuvent corriger nos souvenirs enjolivés d'adolescents.

N'oublions pas, non plus, que le blog Timkkit2008 n'est pas seulement une chronique nécrologique, mais un relais de témoignages entre membres de la communauté iminienne, quel que soit l'âge, quelle que soit la nationalité. La seule nationalité qui soit : la citoyenneté iminienne ! Alors réagissez aux articles, ... et proposez les vôtres.

=> Retrouvez les articles parus sur le blog le 27 mai 2008 (Yvon Teyssier, infirmier, 1948-1960), et le 01 mai 2011 (Yvon Teyssier n'est plus parmi nous), et constatez que certains noms se manifestent comme Mr BARBONI et Evelyne SANCHEZ, ancienne élève de l'école primaire de Bou Tazoult. Dommage qu'il n'y ait pas eu de suite de leur part pour nous raconter leur vécu à Imini.

Les Iminiens adressent leurs condoléances à la famille de Pierrette TEYSSIER née JAY; notamment Mme Huguette JAY, ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, M. et Mme Juliette BARRET, leurs enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, Mme Georgette TEYSSIER et sa famille, Mme Claudine GOMES et ses enfants, parents, alliés et amis. La cérémonie religieuse a eu lieu le vendredi 26 janvier 2018, à 10 heures, en l’église de Landerrouat, suivie de son inhumation dans la même tombe qu'Yvon TEYSSIER au cimetière de leur commune.


LIVRE D'OR DES MINES DE L'IMINI - 1940 - LES DÉPUTÉS à IMINI

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ANNÉE 1940 - LES VISITEURS DE LA MINE AU DÉBUT DE LA 2e GUERRE MONDIALE

Branko YOVANOVITCH, géologue d'origine serbe, avait écrit sur le livre d'or en 1939 qu'il était prudent de ne pas dire si on avait l'intention de revenir à Imini. Quelques mois plus tard un géologue d'origine italienne, reprend sa citation à son compte:

"Il a été dit plus haut, que le "géologue prudent ne dit pas qu'il revient." Je ne peux qu'approuver ... car les problèmes de ce jour passionnant sont multiples. Il faut voir, revoir, beaucoup méditer, étudier tous les détails, fussent-ils les plus minimes... avant d'oser affirmer une opinion.... On devra se garder de dire, comme beaucoup ! hélas !!  VÉNI - VIDI - VICI - (20 février 1940 )

Ces pensées sont signées Féderico HERMANN, docteur es sciences, géologue d'origine italienne, chargé d'établir la carte géologique d'Algérie et invitéà Imini. 

Or37v  "Vu par l'ingénieur des Mines soussigné, 1er mars 1940, "sans observation" H. Pagezy" -

Henry Pagezy, ingénieur des Mines, était Ingénieur en chef, attachéà la direction de Pennaroya. Il l'était depuis 1925:

Pagezy-Paris-mars-1925  "Premier passage à l'Imini - Souvenir et remerciement"4 avril 1940 - Cinq signatures non identifiées...

André_Moulinou08_Bureau_dr_1940 L'ingénieur Moulinou a désormais un bureau directorial, où sont affichés la progression de l'exploitation du Manganèse.

Le 12 avril 1940 (la "drôle de guerre" va se terminer dans seulement un mois par l'invasion de la Belgique). La commision de parlementaires chargée des questions minières à l'Assemblée Nationale a envoyé plusieurs députés, accompagnés de géologues en poste au Maroc et d'officiers affectés au territoire de Ouarzazate. Une photographie de 1940 nous permet de  nous rendre compte de l'importance de cette délégation. 

André_Moulinou-_13 La photo a été prise devant la maison du directeur Moulinou qui domine la vallée (voir photo ci-dessous: maison en haut à gauche)  

André_Moulinou09avant40

Deuxième voyage des membres de la Commission des Mines de la Chambre des Députés;

Deuxième plaisir pour ceux qui la composent..

Première partie de ce plaisir: excellent repas, pomme de terre excellente au manganèse de choix.

Deuxième partie: atmosphère de cordialité, traits d'esprit de M. Baudou, plaisanteries spirituelles de M. Moulinou, silence amical de M. ?  Découverte de M. Sion: Lyon ville du nord perdue dans le midi.

Or38 Deuxième partie: Satisfaction de constater l'effort de production pour servir la France en manganèse.

Conclusion: Les français sont toujours spirituels, mais celà ne leur empêche pas d'être forts et décidés quand c'est nécessaire.

Petrus FAURE, député de la Loire -  Paul SION, député du Pas-de-Calais. Ces deux députés élus dans des circonscriptions minières étaient venus voir les progrès réalisés à Imini en quelques mois.(Voir leurs biographies sur la page de 1939, ils ne voteront pas les pleins pouvoirs à Philippe Pétain)

Suivent leurs signatures accompagnées de celle de BONDON, du service géologique du Maroc, adjoint de P. DESPUJOLS

Or38v  Le 20 avril 1940, les musulmans d'Imini célèbrent le MOULOUD, naissance du prophète : 12 Rebia 1359 

André_Moulinou06_Imini_Fete-Mouloud1940 Les échoppes et habitations  échelonnées le long de la piste (photo Moulinou).

"Imini avec tous ses coloris, s'agale en beauté avec Paris" le 2 mai 1940, Jeudi de l'Ascension - Signature de BODART

Mine de rien ! mon lieutenant

De désormais à dorénavant

j'dis qu'il y en a tellement et tellement 

Que c'en est suffocant.    L'adjoint à la mission

Un troisième député qui n'était pas encore venu à Imini, fait à son tour la visite: Henri GÉRENTE, député de la Haute-Savoie --  CORNET, Aspirant 1er chasseur d'Afrique

Lt d'Auvisme ? (Le député Henri Gérente votera les pleins pouvoirs à Philippe Pétain en juillet)

Or39v Mine en gésine !

Soleil de braise

Veine de fine

Auvent  de frese ?  

Pierre DESPUJOLS, ingénieur en chef des mines à Rabat, Directeur du service des mines et de la Carte géologique au Maroc.

Le vaillant ingénieur à l'oeuvre dès matins

Faisait de son marteau d'où sortait le métal

Sur l'Azur pacifique et le carreau des mines

Epanouir le stock du minerai total

          Sur la piste au son clair de la note argentine

          Du clakson Chevrolet, le bourgeron étale,

          Coudoit la djelaba de laine blanche et fine

          Et le soleil de mort implacable et fatal.

Or40  Il a vu le travail humain et l'homme fort

Il se dit que bientôt nous serons sûr au port

Vainqueur et bienheureux ! l'homme de manganèse

           A forgé de ses mains, dans l'ardente fournaise

           L'acier victorieux aux éclairs de cobalt

           Qui réduira les Huns, après avoir dit "Halt"!

P.P.C. en collaboration avec J.M. de Heredia

Les deux dernieres strophes sont "sorties" de la mission pour partie.

Signé H. CORNET, O.N.A.  le 8 mai 1940

Or41   La guerre fait rage au nord et à l'est des frontières françaises depuis le 10 mai - L'ingénieur LELOUTRE qui représente la Compagnie Mokta el Hadid pose des réflexions en lien avec la situation dramatique des pays en guerre.

Le 27 octobre 1940

Quatre mois après...

Ce recueil de pensées, mi sérieux, mi comique,

Fut, comme il convenait, clos aux heures tragiques,

Alors qu'on projettait d'en enrichir l'éclat

Par ces précieux dessins où Delhaye enferme,

Toute l'âme du Sud, âpre et mélancolique.

Fallait-il le rouvrir ? et donner la réplique,

Sur un ton grâve, au gai persiflage d'alors ?

Peutêtre... Pourquoi non ? car, sous les coups du sort,

L'Imini, acharnéà naître, veut survivre

Quelque soit l'avenir inscrit sur le grand livre

Du destin ! Un lecteur acharné, en six mois,

A, sur ce sol ingrat, fait surgir pistes, voies,

Cités, mine, ateliers comme un réel mirage.

Des succès de demain, ce grand oeuvre est le gage.

J'y ai puisé ma foi et nourri mon espoir

Devant nos trois couleurs claquent au vent du soir.

            Georges LELOUTRE,ingénieur civil adjoint au directeur général de la Cie Mokta El Hadid 

Sur la fin de l'année 1940 la production de minerai de manganèse a progressé, il a été nécessaire de stocker car la guerre empèche de livrer comme en temps de paix. 

André_Moulinou05_SteBarbe1940

 Mardi 29 octobre 1940, le chef du territoire vint repérer les points névralgiques afin d'en assurer la sécurité avec le minimum de forces et écrit sur le Livre d'Or:

Avec l'espoir du grand rendement des mines de l'Imini si bien conduites et engagées pour l'intérêt de l'oeuvre française dans l'Empire.

Lt-Colonel SCHMIDT, chef du territoire, considéré comme un "héros de la pacification"

En décembre 1940, lors de la Sainte-Barbe, les mineurs des mines d'Imini et leurs familles étaient encore peu nombreux. Une photo en garde le souvenir. Le Directeur Moulinou est debout à droite; sa maison est sur la colline encore plus en haut à droite.

Ste-Barbe-1940

Le lieutenant-colonel Schmidt accueillera le Général Weygand venant de Tindouf le 23 décembre 1940 à Marrakech et le recevra le lendemain à Ouarzazate où il atterrit à 10h50 pour rencontrer les caïds du territoire.

Or41vo1940 Signature du Lt-Colonel Schmidt

Nous poursuivrons la publication du Livre d'Or d'Imini en 1941, ajoutant des renseignements complémentaires sur les personnalités qui sont venus visiter ce lieu mythique. Merci à ceux qui auraient des documents sur ces personnalités et qui accepteraient de les partager sur le blog des Iminiens

LES ANNÉES BONHEUR

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Les années Bonheur avec les photos d'Yvon Teyssier,

Un récit de souvenirs de Jean-Yves Tramoy 

A Gujan Mestras où ils se sont retirés, la villa d'Yvon et Pierrette Teyssier était nommée Mektoub (en arabe : « c'était écrit »). C'est dire qu'ils avaient aimé le Maroc, avant de le quitter en 1960, pour rejoindre leur sud-ouest natal. Raymonde, leur nièce, qui les a assisté jusqu'à leurs derniers moments, nous a confié quelques clichés issus de la collection familiale. 

J'ai retenu essentiellement ceux de la période iminienne. C'est une opportunité invraisemblable de retrouver des témoins aussi précieux de ces années depuis 1948 où ils ont posé les pieds à Imini. Ils ont laissé derrière eux nombre d'amis et de connaissances, partant avec des regrets sans doute, mais animés d'ambition pour leur nouveau destin en métropole. 

Loin de moi l'idée de retracer leur vie au travers de ces clichés, mais simplement fixer quelques souvenirs, rappeler quelques traces fugaces de ces années fondations de nos vies personnelles.

Ces photos en noir et blanc sont magnifiques et nous renseignent sur les conditions de vie d'une époque déjà lointaine.

photo n° 1

Les photos n'étant pas toujours datées et légendées, je les commente, mais je compte sur vous pour annoter, renforcer les traits de mémoire, corriger les éventuelles erreurs. Certains d'entre nous rapprocheront les clichés en question du vécu de leur propre famille. Un moment inespéré ! Qu'ils peuvent nous faire partager. Ainsi la chaîne se poursuivra et nous ajouterons les nôtres propres.

Photo n°1. Pierrette et Yvon lors de leurs noces de palissandre et des 90 ans d'Yvon.

N'étant pas propriétaire des clichés, j'ai choisi de commenter les photos dans l'ordre chronologique quand je le connais, … ou tout au moins que j'ai essayé de déterminer après mûre réflexion. Sinon, je fais au petit bonheur la chance, et les commentaires éveilleront peut-être votre curiosité.

Les deux premières photos montrent des baigneurs à la piscine de Sainte Barbe, c'est dire qu'il y a eu une piscine assez tôt aux mines d'Imini, une piscine aux dimensions plus modestes que celle de Bou Tazoult qui sera construite plus tard. Mais je pense que les utilisateurs ont été heureux de pouvoir en profiter, pour se rafraîchir en été.

photo n° 2

Photo n° 2. Plongeon ?

Cette première photo, datée du 15 août 1949, voit une naïade se préparer à plonger dans l'eau, s'agit-il de Pierrette ? C'est bien possible, la silhouette lui ressemble. Notez l'élégance du maillot de bain qui ressemble davantage à une tenue de loisir d'aujourd'hui.

Photo n° 3. Baignade collective.

Le bassin est entouré de takaouts, et bordé de bancs permettant aux spectateurs d'assister à la baignade … et peut-être à des jeux nautiques organisés lors de la fête du 14 juillet ou du 15 août. 

photo n° 3

En effet des guirlandes sont suspendues à des poteaux.

Sur la colline de gauche, on remarque la maison du directeur sur la colline. Nous sommes dans les années florissantes, celles où l'eau n'était pas rationnée, comme ce fut le cas plus tard dans les années 60-70, après les grandes sècheresses.

photo n° 4

Photo n° 4. Trempette pour une enfant.

Au 15 août de l'année suivante, le niveau d'eau est déjà beaucoup moins haut, et Mr Giraud (orthographe à vérifier) porte sa fille Mimi sur ses genoux, à l'entrée du petit bassin, sur les escaliers par où arrive l'eau. Vous notez que le grand poteau et les bancs ont disparu : la fête est-elle finie ? Ou la piscine de Bou Tazoult a-t elle été déjà construite ? Auquel cas les festivités se seraient passées là-bas. Au fait, qui est ce Mr Giraud ? Et quelles sont ses fonctions à la mine ? Le paysage est toujours aussi désolé alentour. Le terrain de tennis contigu n'existe pas encore, et les plantations sont toujours réduites au minimum.

photo n° 5

Photo n° 5. Galerie de Bou Tazoult.

L'année 1950 est assez prolifique en photos. L'entrée de la galerie de Bou Tazoult est facilement reconnaissable à sa voûte au décor berbère : un groupe pose sur les rails. Accroupis, Yvon Teyssier en pull rayé tient compagnie à un marocain en tenue traditionnelle et poignard au côté. Debout à droite se tient Mr Bourleau (orthographe à vérifier), comptable, accompagné d'une femme (situation rarissime dans une mine) : je ne possède pas les identités des uns et des autres. Les lampes à acétylène sont de sortie pour voir clair dans la galerie. On devine les premières boiseries dans la galerie, éclairée par un soleil très lumineux sur le mur de pierre. Deux voies : l'une pour les wagonnets entrants, l'autre pour les sortants.

 Photo n° 6. Mi-carême et déguisements. photo n° 6  1950 : mi-carême devant l'infirmerie et les bureaux de Bou Tazoult. Une scène où les déguisements sont foison et empêchent de reconnaître les personnes. Toutefois, à droite avec un chapeau gris, ne serait-ce pas Mr Moquais (ou Moquet, quelle est la bonne orthographe ?) ? Ensuite la « femme » la plus grande serait un homme que ça ne m'étonnerait pas. La « jeune mariée » fait également penser à un homme travesti. Derrière le marocain, le seul à ne pas porter de déguisement, l'âne, atteléà un char décoré de palmes, patiente jusqu'au départ du cortège vers le village. 

photo n° 7

Photo n° 7. Yvon en couple avec un bel inconnu.

Sur la deuxième photo de mi-carême, on reconnaît quand même bien Yvon, mais pas son acolyte. Les quelques marocains présents en restent bouche bée. Yvon a sans doute pris la photo précédente, puisqu'il n'y figurait pas.  XXXXXXXXXXXXXXXXXX

photo n° 8

Photo n° 8. Mr et Mme Maurel.

Toujours en 1950, Mr et Mme MAUREL sur le pas de leur porte, souriant. Mme Maurel a tenu un temps la cantine. Sorti de là je ne puis en dire plus sur ce couple, sinon qu'ils ont un fils et que c'est l'hiver. Je compte sur les lecteurs. XXXXXXXXXXXXXXXXX

 

photo n° 9 Photo n° 9. Ambulance ?    En 1950 encore, Yvon pose avec le chauffeur Si Lyazid sur le pare-choc de la Goélette Renault, ambulance ou simple transport de personnes puisque vitré sur tous les côtés. Cette camionnette a connu un grand succès commercial et vous pourrez faire un recherche sur internet. Bien que photographiéà contrejour, Si Lyazid est parfaitement reconnaissable à sa silhouette frêle, … et anecdote : c'est lui qui m'a forméà la conduite et m'a amenéà Ouarzazate passer avec succès mon permis en juillet 1966 !  Derrière le véhicule, on devine une table basse traditionnelle, et une fillette fait face à un adulte. Préparatifs du thé ? 

photo n° 10  Photo n° 10. Course cycliste.      Décembre 1950, fête de la Sainte Barbe, animée par une course cycliste. Les « clous » ne sont pas équipés comme des vélos de course, mais les jarrets sont solides, renforcés naturellement par le travail à la mine. La tenue tient davantage de la cérémonie que du sport. Les concurrents sont nombreux et répartis en deux rangées, … pour la photo ? Quels sont les lauréats et les lots de cette compétition ?  

photo n° 11   Photo n° 11. Sur la route d'Imini.   En juin 1950, Pierrette et Dom Bouton (l'auteur des décors de la chapelle de Bou Tazoult, de l'église des Saints Martyrs de Marrakech), conduits sans doute par Si Lyazid devisent près d'une hutte en roseaux, mais tous fument leur cigarette avant de reprendre la route.  

photo n° 12

 Photo n° 12. Petite fille.

A la mi-carême 1951, Monique Puny se promène le long d'une maison de Bou Tazoult, pas loin de la cantine. C'est qui cette charmante petite fille ? Et sa famille ? Les jardins ne sont pas encore cultivés, il n'y a pas de clôture de roseaux comme on en voyait souvent pour délimiter le terrain et protéger les cultures.

 Photo n° 13. Bou Tazoult enneigé.

photo n° 13

Les hivers étaient souvent neigeux, à cause de l'altitude de 1.500 mètres et la proximité immédiate de l'Atlas. Aujourd'hui, même en été persistent quelques traces neigeuses sur les sommets nous séparant de Marrakech. On comprend mieux que l'eau se soit raréfiée dans la vallée de Tidili où se trouvait la station de pompage, et où les amandiers, qui demandent beaucoup d'irrigation, soient morts, d'après mon ami Ahmed Chaïb ancien iminien de l'école de Mr Romano.

Dans presque la même direction que la précédente, cette photo de l'hiver 1951 montre la nudité du paysage où un début de végétation se fait jour avec des rameaux grêles. Je n'ose pas donner de nom aux maisons puisque les occupants des débuts n'étaient pas les mêmes que ceux que j'ai connus ensuite. Encore que ma première maison se trouve en plein milieu, sur la butte avec ses petits oeils-de-boeuf du salon, en dessous de ce qui sera plus tard la piscine « olympique ». Et que nous sommes arrivés en janvier 1951 (?).

La couche de neige n'est pas épaisse, mais elle souligne les courbes du terrain et les chemins descendant jusqu'à la cantine. 

photo n° 14

Photo n° 14. La moisson ?

En 1952, Si Lyazid, accompagné de Pierrette et Mr Bourleau, tient dans ses bras une gerbe de végétaux difficiles à reconnaître, devant le champ où ils ont été coupés. Un chien berger allemand fait le beau pour la photo.

Photo n° 15. Mgr Duval à Bou Tazoult. 

photo n° 15

En 1952, devant la chapelle de Bou Tazoult, près de laquelle on devine le mur de la piscine déjà construite, ou en cours de construction.

De g à d : X, X, Mr Moulinou de profil, deux militaires, une des filles Moulinou de dos (en tenue écossaise), Mgr Duval tenant son chapeau épiscopal, Yvon et Pierrette (mantille blanche) Teyssier, Mme Moulinou (mantille noire) quittant le groupe. Vous pouvez compléter les noms manquants.

Photo n° 16. Aouach au village marocain. 

photo n° 16

En décembre 1954, pour les fêtes de la Sainte Barbe, une aouach devant les boutiques du village marocain ; on reconnaît les voûtes protégeant les commerces, et plus en arrière les décors crénelés des murs de la file de maisons jumelées. Un groupe d'européens, dans lequel on voit nettement le visage poupin d'Yvon, assiste à l'aouach. Magnifique photo en noir et blanc qui traduit bien cette ambiance que l'on peut encore vivre dans le sud marocain à l'heure actuelle. Reconnaissez-vous les autres personnes ?

Photo n° 17. Famille Gorce. 

photo n° 17  1956, Pierre Gorce et sa soeur Mireille encadrent Mme Gorce. Ils posent devant ce qui pourrait être un des ateliers de Bou Tazoult, ou l'agence postale de Sainte Barbe. Aucun détail significatif ne me permet de situer précisément le lieu. L'absent, c'est-à-dire le docteur Gorce, est-il le photographe ? Cette famille était originaire du Gard, dans le coin de Goudargues, où le docteur Gorce aimait à taquiner le poisson dans le Gardon, et ne laissait pas sa part non plus dans le sud marocain, allant jusqu'aux gorges du Toghra. Cet arbre me fait penser au faux poivrier qui poussait devant l'agence postale de Sainte Barbe. Mais … Le docteur Gorce a été une figure marquante d'Imini, conservant son accent rocailleux, volontairement bourru, en apparence, et pourtant tellement généreux dans sa prise en charge des malades. En 1952, il avait succédé au docteur Mandryka resté une seule année.

photo n° 18

Photo n° 18. Mr Domos ? 

30 mars 1957 : la légende au dos de la photo dit seulement « Domos ». S'agit-il d'un Mr Domos, manipulant une in-offensive carabine? Il est endi-manché : costume, cravate, pochette. Ce monsieur a-t il une histoire ?

 Photo n° 19. La route d'El Kelââ M'Gouna. 

photo n° 19

Mai 1957, des palmiers majestueux bordent et ombragent la route. Mai est le mois de la fête des roses. Peut-être que les « touristes » d'Imini sont allés là-bas pour profiter des manifestations et des réjouissances organisées par les caïds locaux. Aujourd'hui encore, ces fêtes sont somptueuses et connaissent une renommée dépassant largement les frontières du royaume.

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Les photos suivantes ne sont pas datées, et je les livre au hasard.

photo n° 20

Photo n°20. Yvon à l'infirmerie.

Yvon pose en blouse professionnelle devant le bâtiment de l'infirmerie. Yvon, à partir de son arrivée en 1948, a usé de tout son entêtement auprès du directeur, Mr Moulinou, pour organiser une infirmerie digne de ce nom. L'unique pièce, servant aux examens et aux soins, sera transformée en une véritable infirmerie équipée de matériel.

photo n° 21

Photo n° 21. L'intérieur de la chapelle.

Dans le choeur de la chapelle de Bou Tazoult, sous les magnifiques fresques peintes par Dom André BOUTON, l'autel est constitué de bois de mine et porte le tabernacle recouvert d'un linge brodé par les petites mains des filles éduquées par les soeurs franciscaines. Les chandeliers, sans doute en cuivre, peuvent être de fabrication marocaine, mais la croix est certainement originaire de France.

Dans des articles précédents, les fresques de Dom Bouton ont été déjà présentées, on en retrouve les détails sur le livre de Sainte Barbe (en couleurs). Rapportez vous à l'article du 18 mai 2012 sur l'exposition consacrée à Dom Bouton à l'abbaye de Wisques. 

photo n° 22

Photo n° 22. Jardinier d'opérette ?

Pas moyen de savoir qui est ce personnage qui s'attaque aux rames de haricots verts : le maquillage rend impossible son identification.      XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

photo n° 23Photo n° 23. Avant la distribution de cadeaux.

Le Père Noël se prépare à partir en tournée, coton hydrophile à profusion y compris dans les chaussures. L'âne est bâtéà la marocaine. XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX Photo n° 24. A l'infirmerie. 

photo n° 24

Yvon rédige consciencieusement les fiches des patients et les classe ensuite dans les meubles prévus à cet effet, dans son bureau. Le calendrier témoigne de l'année 1957. Mais c'est tout ! Au fond, on distingue la table d'examen.   xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxPhoto n° 25. Réception de Noël. 

photo n° 25  Une photo de Noël dans la salle de la cantine (?). Il y a des fenêtres aux volets clos, mais la salle est bondée. Le Père Noël trône au milieu avec son déguisement agrémenté de coton hydrophile. On reconnaît près de lui l'omniprésent Mr Bourleau se tournant vers le photographe, et distribuant les paquets. Plus loin sur la gauche, une jeune fille ressemblant comme deux gouttes d'eau à Joseline Decailloz-Alberto s'intéresse à un enfant blond dans les bras d'une adolescente (si ce n'est elle c'est donc sa mère ?). Est-ce que je me trompe ? Difficile de dater l'évènement. Peut-on identifier tous ces visages ?

 

Photo n° 26. Le village de Bou Tazoult prend forme.

photo n° 26Depuis la chapelle, la vue est plongeante sur le village et la mine. L'Atlas domine le paysage de ses neiges éternelles qui, aujourd'hui, ont fondu de beaucoup. Le village commence à se dessiner dans sa forme définitive. Au loin les installations minières, sans la laverie, et le village indigène sur la droite. A gauche on distingue le bâtiment brillant de la centrale électrique, gagné en passant sous le petit pont. La route issue des ateliers amène au bâtiment de la cantine-épicerie. Quelques villas jumelles occupent l'espace. Sur l'esplanade de la chapelle, au premier plan se dessine le tracé d'arrosage d'une plantation. Les terrains sont encore vierges de végétation, excepté quelques arbres (takaouts ?) vers le bas, bordant le jardin de ce qui sera la villa des Wojciekowski (elle-même jumelée à celle des Decailloz).

Photo n° 27. Des années après ... 

photo n° 27 Une photo vraisemblablement prise lors d'un séjour de Pierrette et Yvon Teyssier, retournés sur leurs anciennes traces. C'est bien longtemps après leur départ : la photo est en couleur, le borj est déjà en ruine, mais les jardins potagers sont développés, les arbres fruitiers, les takaouts et les épicéas sont imposants. La verdure règne malgré le rationnement de l'eau. 

Une famille marocaine occupe sans doute l'ancienne maison des Teyssier, parce que la clôture est faite de roseaux tressés, le porche est en terre battue, signant un changement de mentalité. Le village vit encore puisqu'il est habité.

Le terril des stériles cache le bâtiment de la laverie.

Ainsi se termine ce premier volet de la saga Teyssier. Une page est tournée. J'aimerais pouvoir continuer, si d'autres documents me sont communiqués. Chacun d'entre nous a des clichés de la présence de sa famille aux mines d'Imini. Tous les documents sont intéressants pour les autres, les lecteurs. Ils rendent compte d'une tranche de vie, d'une épopée.

Jean-Yves TRAMOY

N'hésitez pas à faire des commentaires, à rédiger un article, à publier des photos.

Le jardinier de Bou Tazoult.

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Le jardinier de Bou Tazoult, conte par Jean-Yves Tramoy

Définition de mots fléchés en trois lettres : « liquide indispensable ». Réponse : « EAU ».

Sans eau point de salut pour l'Homme ! Mais pour la Nature cela apporte quelques exceptions, des exceptions de taille puisque dans certains déserts la vie se maintient vaille que vaille. Alors, on peut espérer que si l'on s'adapte, si l'Homme s'adapte aux lois de la Nature, on pourrait envisager de maintenir une forme de vie sur place malgré les conditions difficiles dues à la sècheresse, au manque de pluie.

Le conte ci-dessous a une grande part de vérité. Comme tous les contes il enjolive la réalité, mais repose sur une base où la relation humaine est prépondérante et basée sur des faits véridiques vécus par un enfant d'Imini.

Dans le ciel l'oiseau est très agité, il remue ses ailes frénétiquement et survole le village dans lequel il a fait son nid sur les branches solides d'un takaout en bord de route. Il y est en sécurité puisque le village est mort, totalement déserté par ses habitants depuis que l'exploitation de la mine de manganèse a cessé faute de rentabilité. Il n'est pas tout à fait seul puisque d'autres colonies de volatiles nichent par-ci par-là, mais ne se mélangent pas, en concurrence pour leur subsistance.

photo 1 maisons éventrées du village indigène Photo n° 1. Près des maisons éventrées par l'exploitation du dernier filon de manganèse affleurant à la surface dans le village. Les takaouts voisins abritent le nid de l'oiseau.

Pour lui aussi c'est la préoccupation première, et c'est très difficile dans cet environnement hostile. Il s'est posé sur toutes les toitures du village, a exploré ces maisons abandonnées depuis des lustres. Cà et là demeurent des jardins craquelés, des arbres fruitiers décharnés. Toutefois les eucalyptus, les takaouts et les jolis lauriers-rose font de la résistance. Les eucalyptus subissent les attaques de l'Homme qui en scient les branches pour en prendre le bois à des fins de combustible pour la cuisine ou le chauffage. C'est un trésor puisqu'il résiste aux abattages successifs et repousse. Le takaout semble épargné par ce bûcheronnage sauvage. Sans doute son bois ne procure-t il pas la qualité souhaitée. Les lauriers-rose persistent à fleurir et à parer cet environnement de leurs couleurs chatoyantes.

Le manque d'eau, et les pluies aléatoires ont fini de rabougrir les derniers vestiges de culture et de potager depuis que l'Homme a abattu les plantations d'arbres alignées en terrasses superposées tout au long des collines depuis le château d'eau de Bou Azzer et jusqu'au delà de la chapelle perchée. 

photo 2 le borj et les plantations d'arbres Photo n° 2 années 60. Le borj est récent, et les arbres des terrasses sont serrés et bien garnis.

photo 3 maison sous le château d'eau de Bou Azzer

Photo n° 3 de 2011. Le vallon décrit ci-dessous se trouve en contrebas de cette grande maison, qui fut la nôtre jusqu'en 1968. Sur la colline trône le château d'eau de Bou Azzer, encore verdoyant grâce aux palmiers résistants.                   

En descendant, on distingue les rangées d'arbres décapités (à comparer avec la photo des années 60 en noir et blanc). La façade arrière comporte la tonnelle en rail de wagon dépouillée de ses canisses.

Sur l'autre façade, à gauche, la roseraie n'existe plus, l'abricotier a disparu, mais subsiste la trace des carrés dessinés par le jardinier. Un eucalyptus dépasse du toit derrière la maison, tandis que les takaouts, les roseaux (bien malades) et les poteaux électriques (rendus inutiles) marquent le paysage. Le poulailler a perdu son grillage, et les étendages leur fil à linge.

Pour mieux chercher son quotidien alimentaire l'oiseau plane et incline la tête vers le sol, en explorant de nouveaux territoires, éloignés de son secteur habituel. Il n'hésite pas à quitter les arbres du village indigène, qui ne le nourrissent pas et ne l'abreuvent pas. Ce sont des arbres aux aiguilles sèches, raides, indigestes, … et il évite soigneusement les lauriers-rose tentateurs aux couleurs avenantes mais chargés de poison. Parfois il traque un mince filet d'humidité dans l'oued derrière la cantine ou près de la bergerie à la sortie du village, mais en saison chaude ce filon disparaît. 

photo 4 l'oued à sec devant la bergeriePhoto n° 4 de 2011. Le filet d'eau de la bergerie, invisible en surface, nourrit les roseaux, même en été au plus fort de la chaleur.

Les graines se font rares.

photo 5 l'oiseau sur la tige de roseau

Photo n° 5. L'oiseau se repose sur la tige d'un roseau, mais reste attentif à son environnement, toujours en éveil du danger.

Soudain, du ciel azur, son oeil aiguisé perçoit une minuscule tache d'un vert profond, qui l'attire, qui l'appelle inexorablement. En glissant vers le sol, cette couleur verte persiste, ce n'est pas un mirage sous le soleil ardent. La tache grandit, maintenant cernée par un liseré beige et assez flou, remuant. Peu à peu la netteté lui permet de discerner un ruban de hauts roseaux secs se balançant sous les assauts du vent, autour d'un petit champ.

Petit à petit la tache s'élargit, elle prend la forme d'une vague verte rectangulaire frémissant irrégulièrement au gré du courant d'air.

Méfiant, l'oiseau survole cette masse mouvante, bruissante, hésite à se poser. Avec prudence il volette de part et d'autre, aux aguets d'une éventuelle présence cachée. Pourtant point de danger dans cet univers désolé. Après quelques zigzags de reconnaissance au dessus des herbes, il identifie une culture, un champ de luzerne, et ose poser précautionneusement ses pattes sur le rebord de la séguia. Regardant nerveusement à droite et à gauche, il pointe du bec vers les plants et picore prudemment quelques tiges pour goûter cette herbe qu'il ne connaissait pas jusque là. Délicieux, et surtout humide. Il étanche sa soif en même temps qu'il se nourrit, une aubaine pour lui dans cette contrée si chaude, si inhospitalière ! Peu à peu une volée de congénères se rapproche qui, pour répondre à leur faim naissante, s'enhardissent également et le rejoignent au sol. A petits bonds ils se glissent sous la végétation clairsemée et se dispersent parmi les carrés bordés de buttes de terre, et quêtent leur nourriture. La vie s'exprime ...

Le champ est lové au creux d'un vallon encaissé, encadré de parois escarpées, rocailleuses, nues, essentiellement minérales. Les terrasses alentour ont vu leurs arbres ébranchés, sciés par des villageois en quête de bois de chauffage, leur seule ressource pour la cuisine. Maintenant il n'y a plus d'habitants mais ces arbres ont disparu à tout jamais. Plus rien pour retenir le ruissellement et empêcher l'érosion : la terre glisse inexorablement vers le bas à chaque pluie agressive, et les vents permanents l'emporte au loin en nuages de poussière rose contrastant avec celle des terrils, plus noire, collante et salissante.

photo 6 rigoles de l'érosion pluvialePhoto n° 6 de 2011. Les pluies ravinent la terre en rigoles profondes, emportant avec elles les végétaux restants, découvrant les pierres. Un feuillu, ayant échappé au massacre par miracle, tient compagnie aux takaouts et au palmier solitaire.

Dans ce vallon les oiseaux sont au paradis.

Seuls les roseaux vivent, bruissent, abritent le champ de leur ombre et de leur rempart contre les bouffées desséchantes des vents. Les roseaux sont gris de déshydratation, et leurs feuilles courtes et effilées coupent la main qui ose les effleurer.

Seuls les roseaux résistent à la sècheresse, ils emprisonnent le peu d'eau reçue à la « mauvaise saison ». Mais est-ce une mauvaise saison celle qui apporte la source de vie ? Grâce à ces roseaux, un semblant d'humidité persiste autour du champ, maintenant en vie quelques plants de luzerne.

Coupés au ras du sol, ils repoussent aussitôt et reconstituent la barrière du champ. Leurs longues tiges serviront àédifier des barrières de canisses, des tonnelles, des toitures, des moucharabiehs rafraîchissants.

Avec un bel appétit, l'oiseau s'enhardit et vole jusqu'aux branches des deux amandiers squelettiques trônant dans la parcelle. Par petits cris il manifeste sa satisfaction, son soulagement d'avoir trouvé au hasard de son vol une nourriture inespérée entre ces collines dénudées, seulement peuplées de maisons roses silencieuses. Il se délecte de cet univers tranquille, déserté par l'homme. Mais il reste en éveil, prudent : l'Homme n'est pas le seul prédateur. D'autres animaux ont besoin de manger et boire. Entre deux becquées il balance sa tête latéralement par saccades, en alerte, attentif au moindre mouvement.

Cet oiseau m'est inconnu, mais ce champ de luzerne ... je l'ai bien connu quand, enfant, ma famille occupait la grande maison située juste au-dessus. La villa avait une tonnelle aérée coiffée de canisses, dont l'ombre bienfaisante nous accueillait pour le déjeuner dehors, malgré la température estivale très chaude sur ce haut plateau marocain.

Chez nous, chaque jour, venait un homme misérablement vêtu d'une chemise longue couleur de la terre, nouée entre ses jambes. Hâlé par le soleil, de taille moyenne, paraissant âgé précocement, il était maigre, un peu voûté, musculeux, chaussé de sandales en caoutchouc coupées dans des vieux pneus. Son collier de barbe fin sur un visage taillé au couteau trahissait le caractère d'un berbère fort, résistant, ne s'exprimant qu'en chleuh. Il ne lui manquait que le poignard traditionnel pendant au côté, par dessus la gandoura des jours de fête, pour lui conférer la silhouette d'un guerrier venu d'une tribu de l'Atlas.

Dès son arrivée, après les salutations d'usage dont mes parents ne comprenaient que les gestes, il descendait dans le vallon la houe sur l'épaule, après avoir pris les consignes dans sa langue auprès de celui que l'on surnommait Boula, Abdallah OKHEIM, notre cuisinier. Il commençait par dérouler le tuyau d'arrosage jusqu'au jardin et modifiait le tracé de la séguia pour gérer la distribution de l'eau. Ici pas de gaspillage, l'eau était trop précieuse dans ce village construit en plein « désert » du sud marocain !

Cet homme se plaisait visiblement dans sa « mission » d'entretien du champ, avec soin il nettoyait la parcelle, arrachait les herbes indésirables. Il était son propre chef. Il était dans son domaine ! Sans précipitation, à coups de houe précis, il ouvrait les canaux vers les carrés les plus assoiffés et fermait les autres, modifiant au fur et à mesure l'écoulement en fonction des besoins. Il surveillait l'arrosage et ne se contentait pas d'ouvrir le robinet.

Pour nous ce creux verdoyant était un Eden permanent, une occasion de promenade rafraîchissante, lorsque le soleil stationnait au zénith. Et au plus fort de l'été on y cueillait les amandes, à l'amertume légère.

Avec le jardinier difficile de s'entendre puisqu'il ne parlait que son dialecte local, mais on se comprenait, grâce à une considération réciproque.

Pour lui cette occupation était de l'argent qui l'aidait à vivre, pour nous le plaisir de le voir arriver, de le voir s'activer avec énergie, sans geste superflu. Assurément il adorait ce bout de jardin à qui il donnait vie en plantant, en arrosant, en nourrissant nos lapins avec la luzerne. Eux, dans leur clapier, ils appréciaient cette plante nourricière, … et mâchaient, mâchaient toute la journée. Poules et mouton partageaient également cette pitance, … dans le poulailler. Immuablement, chaque jour le même manège se reproduisait : d'abord l'entretien du jardin, puis la distribution de nourriture aux animaux.

Pour autant ce jardinier était infatigable. Aussitôt fini l'entretien de la luzerne, il attaquait une autre partie du jardin en façade de la maison : une belle roseraie encadrant un abricotier généreux, aux fruits duveteux bien sucrés. Les rosiers souffraient rapidement de la soif et nécessitaient des soins méticuleux. Leur feuillage vert soutenu et leurs fleurs rouge, blanc, jaune et rose se détachaient harmonieusement sur la terre ocre, donnant l'impression d'un tapis berbère tissé par les jeunes filles du village. Près de la balançoire, un bouquet de roses trémières élancées dominaient les graciles fleurettes mauves de bordure d'allée. Dans le carré cimenté contigu baignait le cresson dans le courant d'eau permanent ; et tout l'art du jardinier consistait à contrôler le circuit d'eau créé par lui pour tout cet espace floral.

Lui était si courageux qu'il nous fallait l'obliger à se reposer, l'appeler à modérer ses efforts, le contraindre à prendre le temps de manger. En ombre silencieuse, il se réjouissait de notre compagnie, tout en discrétion, jetant un oeil de temps à autre pour voir si nous restions auprès de lui pour lui tenir compagnie et profiter de la leçon de jardinage. Au fil des jours, sa présence s'imposait. Lors de ses rares absences il manquait dans le paysage. Il faisait presque partie de la famille. Nous avions plaisir à le voir travailler, à sentir sa présence.

Un jour, mon père nous emmena visiter le village ouvrier de Tighermine, deux vallées plus loin. Après quelques kilomètres, sur le bord de la piste il nous a désigné le gourbi dans lequel vivait notre jardinier … dont j'ai tristement oublié le nom. La masure était totalement isolée, au milieu de la pierraille, sans eau, … et surtout sans jardin. Un serrement de coeur ! Ce berbère sec marchait donc longtemps pour venir travailler chez nous, traversant deux collines avant de descendre dans notre vallon, … et marchait tout autant pour s'en retourner chez lui emportant sur son dos quelques bidons d'une eau si précieuse pour sa famille.

De ce jour, notre élan de sympathie envers lui a grimpé et il a bénéficié de toutes nos attentions en vêtements, en nourriture, … qu'il pouvait ainsi rapporter à la maison.

Près de soixante ans ont passé, l'eau a coulé sous les ponts, comme dit le dicton. Notre ami le jardinier a sans doute disparu depuis très longtemps. Son existence oui, sa mémoire non. Dans mes souvenirs il s'impose, il est toujours vivant et m'a servi de modèle de courage et de dévouement.

Affectueusement, je l'appellerai le « jardinier de Bou Tazoult ».

Aujourd'hui Bou Tazoult est un village abandonné, mais surtout vide, … vide de vie. L'eau était pompée dans l'assif Tidili, lui-même moins généreux depuis que les neiges du Toubkal ont fondu et que les sècheresses se succèdent. Les amandiers du Tidili, la richesse du village, se décharnent chaque année un peu plus.

photo 7 station de pompage de l'assif TidiliPhoto 7 années 60. Le bâtiment de la station de pompage dans l'assif Tidili. Photo prise en été : l'oued est « maigre » et les neiges des sommets ont fondu.

Bientôt je retournerai là-bas pour rechercher le petit vallon vert. Existe-t il encore, résiste-t il au vent, à la canicule ?

Je demanderai aux oiseaux s'ils le survolent encore, si leurs grands-parents ailés ont guidé leur descendance jusque là, … et je leur raconterai l'histoire du petit oiseau chanteur et du jardinier de « Bou Tazoult ».

Toute ressemblance avec un lieu ou des personnages ayant existé est volontaire. Elle témoigne d'une réalité dans le jebel iminien.

A mon grand regret, il manque deux documents photographiques. Celui du vallon, dont la localisation se voulait secrète jusqu'à ce jour, et celui du jardinier dont je ne retrouve pas le portrait. Un jour peut-être ... JY Tramoy

Merci à Jean-Yves pour ce conte. Si d'autres iminiens ont des récits qu'ils aimeraient partager sur le blog; c'est volontiers qu'ils seront publiés. Envoyer le texte par le lien "contacter l'auteur" en haut et à gauche de la page.

UNE ESCAPADE GASTRONOMIQUE DANS LA VILLE ROUGE

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Les anciens iminiens ont des souvenirs marquants de leurs déplacements à la grande ville, Marrakech ! Et chacun peut raconter des moments festifs connus lors de ces visites à la capitale du sud. En particulier, nous profitions des restaurants que nous offrait Marrakech, et du changement de vie et d'habitudes. 

photo n° 1 maison rose du village minier de Bou Tazoult 1 - Le village rose de Boutazoult 

photo n° 2 maison noire du village minier de Timkkit

Parfois nous quittions notre village aux maisons roses, tachées de noir par le manganèse des mines de l'Imini, traversions le Haut Atlas pour « descendre »à Marrakech la Rouge. 

2 - Le village noir de Timkkit

Les jours précédant ce déplacement notre excitation croissait jusqu'à l'heure du départ, et nous ne craignions pas de quitter notre lit douillet pour partir sous la clarté d'une lune déclinante.

Aux premiers rayons du soleil, après avoir traversé le bourg ensommeillé d'Igherm N'Ougdal et franchi la barrière des Ponts et Chaussées, nous abordions les virages plus serrés du col du Tichka, puis attaquions la descente sinueuse jusqu'à Taddert. 

photo n° 3 la route sinueuse du Tichka en 2000

 

3 - La route sinueuse du Tichka, sérieusement améliorée récemment. Mais les camions se sont-ils améliorés aussi ?

Le danger ne venait pas que de la route elle-même, il fallait lire aussi les trajectoires des véhicules venant à notre rencontre, souvent irrespectueux du code de la route, ou imprudemment arrêtés en bord de route. En panne souvent, capot relevé, radiateur fumant, ou chauffeur allongé sous le châssis à colmater une fuite. Une fois dépassé le village de Toufliht à la source bienfaisante, la route s'améliorait progressivement jusqu'à Aït Ourir, puis devenait roulante jusqu'à la ville.

photo n° 4 Toufliht vu de la route

 

4 - Village de Toufliht, sous la route, bled d'oùétaient issus nos amis Bou Tazoulti Aomar Noukrati et Mohamed Douider, surnommé Ben Ali

photo 5 Aït Ourir auberge du Zat

 

5 -  Aït Ourir, village bien connu pour son auberge, étape prisée des iminiens.

L'arrivée à Marrakech, pour nous, était comparable au mirage rencontré par les méharistes dans le désert. Nous n'osions y croire, tant la cité Rouge nous éblouissait par la luxuriance de sa végétation colorée, par ses artères larges bordées d'habitations élégantes et fleuries !  

photo n° 6 végétation luxuriante près du jardin Majorelle

6 - Végétation luxuriante de Marrakech, près du jardin Majorelle.

Après le passage devant la gare routière de Bab Doukkala, les effluves des faux poivriers et des orangers amers bordant les rues flattaient nos narines ouvertes à tout vent, quand les pétarades des vélomoteurs ne venaient pas s'immiscer dans leur fragrance délicate. Un parfum caractéristique de néroli ressenti encore aujourd'hui, gardé en mémoire … malgré notre éloignement de ce Maroc embaumant.

photo n° 7 avenue bordée d'orangers et ses fumées d'échappement

7 - Avenue Mangin bordée d'orangers, … et ses fumées d'échappement. 

photo n° 8 villa Sacem avec son gardien Aomar Noukrati

8 - L'escalier de la villa SACEM, avec son gardien Aomar Noukrati.

Nous allions séjourner dans la rue Sebou, à la villa S.A.C.E.M., du nom de la société employant mon père. Que de souvenirs dans cette asile verdoyant en centre ville, malheureu-sement détruit au profit d'un immeuble neuf. 

Le confort y était sommaire mais les différents locaux d'hébergement permettaient de retrouver des amis et de faire des rencontres imprévues. Le directeur et sa famille occupaient l'appartement supérieur gagné par un escalier maçonné. Tandis que deux studios occupaient le rez-de-chaussée semi enterré et intelligemment agencé. Une « cuisinette », comme l'on disait à l'époque permettait à chacun des préparations chaudes pour les repas, … et c'était aussi l'occasion de « pipleter » autour du réchaud, de partager les dernières nouvelles, tout en gardant un oeil sur les enfants jouants sous le préau.

Le gardien et sa nombreuse famille logeaient dans un coin de la propriété, dans le prolongement des dernières chambres, contiguës au garage du car de la société. Ce car dont le chauffeur, deux fois par semaine, avait la charge de faire les courses pour les habitants d'Imini. 

Au pied des bâtiments cheminaient des allées bordées de briques rouges, dans le jardin arboré d'agrumes et planté de rosiers aux parfums délicats, soigneusement entretenu, nettoyé et arrosé par le gardien. Nombre de photos souvenir y ont été réalisées par les « locataires » de passage, venus goûter à la grande ville ce qu'ils n'avaient pas dans leur bled. 

photo n° 9 l'église des Saints Martyrs

Le jardin était aussi un terrain de cache-cache avec les enfants du gardien, des courses effrénées dans les allées pour trouver la cachette appropriée.

La rue Sebou se prolongeait vers l'église des Saints Martyrs et le lycée Mangin en traversant l'avenue Mangin     xxxxxxxxxxxx 9 - Église des Saints Martyrs 

Des points communs avec nous, puisque l'église des Saints Martyrs a contenu des fresques peintes par Dom BOUTON, à l'identique de notre chapelle de Bou Tazoult. Et que le lycée Mangin a hébergé plusieurs élèves venus des mines d'Imini, dont moi.  

photo n° 10 le lycée Mangin

10 - Lycée Mangin.

Sitôt la voiture garée et les valises posées dans notre nouvelle chambre, nous quittions au plus vite la villa pour gagner le quartier du Gueliz en inspectant soigneusement les vitrines des magasins : spectacle inédit pour nous les bledardsdu sud. Suivant notre âge, certaines vitrines attiraient davantage notre attention. Je me souviens particulièrement de la vitrine du marchand de jouets, vitrine animée à Noël par un train électrique commandé par le contact de la main sur la vitre. Ah, combien je l'ai aimé ce marchand de jouets !

Maman et les filles visaient plus particulièrement les magasins d'habillement et de chaussures, tandis que Papa se réservait pour son rendez-vous dans le magasin de matériel minier installé dans la rue de Yougoslavie toute proche. Mais le meilleur restait à venir … 

A Marrakech pour déjeuner nous avions nos habitudes dans plusieurs établissements, tant en ville du Gueliz qu'en médina. De toute façon, nous les enfants, nous étions contents de tout changement dans notre vie. L'attrait des achats, les marchandages dans les souks, tout nous plaisait. Sans oublier les repas dont l'ambiance variait en fonction du restaurant. Nous en avons fréquenté beaucoup, et apprécié quelques-uns pour leur accueil, leur décor, leur carte succulente, leur animation, parfois la seule personnalité du patron ou du serveur. 

Notre sélection : La Taverne, le Rex, Le Poussin d'Or, le Petit Poucet, … et j'en oublie. Certains existent encore, tout en ayant fatalement changé plusieurs fois de propriétaires, d'ambiance, de menu. Une banque a remplacé le Rex. Beurk ! La Taverne et le Poussin d'Or persistent à régaler les gourmets. 

photo n° 11 façade du Petit Poucet

11 - La façade rose du Petit Poucet

« Le Petit Poucet »: j'ai fréquenté cette institution de cuisine française à Marrakech, au coin de l'avenue Mangin et de la rue Verlet Hanus, dans la période 1952-1968. 

Une façade rose à rayures blanches, une grande baie vitrée à guillotine, en métal vert, s'ouvrant largement au courant d'air quand la chaleur le commandait. La climatisation n'existait pas encore, et les arcades apportaient l'ombre indispensable aux clients désireux d'occuper les tables du premier rang.

La porte d'entrée voisine menait à un petit couloir dirigeant vers une salle vaste, haute de plafond, aux tables nappées de blanc et dressées de vaisselle blanche brillante.

Se détachant sur la peinture vert celadon des murs, sise entre la porte des cuisines et celle des toilettes, trônait le comptoir en bois brun de la caisse tenue par une dame d'âge mûr coiffée d'un chignon sage. Immuable présence, presque surnaturelle, … mais rigoureuse dans les comptes et attentive au bon déroulement du service en salle. Très discrètement, d'un geste simple elle savait quand intervenir auprès du serveur, ou de sa voix doucereuse auprès de son mari lors de la prise des commandes. Les clients se sentaient chouchoutés, et leur satisfaction était l'objet de toute son attention depuis son petit comptoir.

Malgré le volume de la pièce et l'amplitude des conversations des clients, peu d'éclats de voix venaient perturber la sérénité du service et le calme souverain du serveur : la saveur des plats retenait toute l'attention des dîneurs. 

photo n° 12 melon vert à la peau

Aller au restaurant était une fête. Surveillés par nos parents, nous nous tenions bien à table, droit sur notre siège, les mains de chaque côté de l'assiette, sages, propres, polis et respectueux dans nos conversations. Nulle envie de gâcher ces moments rares. 

12 - Melon vert, dont la peau imite les zelliges marocains.

C'est là que nous avons découvert le melon vert, ce gros melon au goût sucré, servi coupé en deux, rafraîchi par des glaçons, que les adultes pouvaient additionner d'une rasade de Porto. Un délice avant le plat principal … lequel arrivait quand notre faim avait subi un net coup d'arrêt devant la taille du plateau de hors d'oeuvre variés intercalés. Nos yeux étaient déjà plus gros que le ventre. Mais comment refuser les trois petites côtelettes d'agneau grillées, si bonnes et installées sur un lit généreux de haricots verts et de pommes de terre sautées. 

Ouf ! Non pas ouf ! Parce que le dessert suivait, à choisir parmi la corbeille de fruits, la crème caramel, la mousse au chocolat et autres fantaisies pâtissières. Repus, nous l'étions, certes ! Repus et ravis d'avoir participéà de telles agapes inhabituelles dans notre bled

Cela ne brisait pas notre élan pour courir les magasins pendant l'après-midi, pour rendre visite aux commerçants déjà connus et pour en découvrir d'autres selon les besoins et les envies.

C'était les années soixante ! Nous avons quitté le Maroc en 1968, avant d'y revenir pour un passage professionnel plus furtif. 

photo n° 13 hôtel La Menara près des remparts

13 - Hôtel La Menara, ancien hôtel luxueux à l'époque, mais qui a fermé depuis à cause de sa décrépitude.

En 2001, plus exactement au mois de mai, j'ai eu plaisir de retrouver le petit Poucet lors d'un séjour touristique pour y accompagner Maman dans sa quête de souvenirs. A peine débarqués de l'avion, une fois les bagages déposés à l'hôtel La Menara, pressés de retrouver nos traces dans cette ville attachante, un petit taxi nous a conduit directement au petit Poucet pour y déjeuner.  

photo n° 14 petit taxi sillonnant les rues

14 - La flotte des « Petit taxi » marrakchi a bien évolué depuis, et s'est modernisée.

Toujours installé dans l'avenue Mohamed V. Le nouveau propriétaire, très accueillant et souriant, était marocain. Toutefois le site était resté identique, avec la terrasse donnant sur la rue voisine, maintenant baptisée Mohamed El Beqal. De hautes toiles tombaient du plafond pour protéger du soleil les clients installés devant la baie vitrée.

Le murs étaient toujours habillés de la même fresque figurant le Petit Poucet enjambant l'ogre étendu sur l'herbe. Même après son ultime déménagement, un peu plus loin sur l'avenue devenue Mohamed V, la fresque immense, transportée, dominait encore la salle. 

photo n° 15 angle Mohamed V et Verlet Hanus - copie

15 - La vitrine du Petit Poucet protégée par des toiles à la saison chaude (derrière l'enseigne XBEL).

Derrière les toiles tendues sous les voûtes pour protéger des assauts du soleil sur la vitrine, le petit Poucet résiste.

Mais, envolée la caissière au chignon, et avec elle son comptoir devenu inutile.

Des personnes connues lors des années soixante, seul restait l'inamovible serveur, légèrement dégarni, à peine plus bedonnant, élégant dans son éternelle veste blanche immaculée. Affable et débonnaire. Il cumulait service et prise de commande, sous les yeux de son nouveau patron, charmant mais inactif, lui laissant la responsabilité de tout le travail quand la salle n'était pas remplie.

Pas de changement notable dans le menu non plus. La cuisine était restée à l'identique, copieuse, agréable, simple, … bonne en d'autres termes. Affamés par le voyage et déçus par les plateaux servis dans l'avion, nous avons fait honneur au repas, avec les éternelles côtelettes d'agneau retrouvées sur la carte.

… mais nous étions sans le sou ... marocain pour payer l'addition. Pas de problème : le distributeur automatique de la BMCE Banque installé de l'autre côté de l'avenue Mohamed V devait me permettre de retirer l'argent nécessaire. J'y cours … mais horreur : il est en panne. Me voilà, nous voilà bien embêtés. Que faire ? Sinon avouer notre embarras au serveur. Celui-ci, plein de sa bonhommie habituelle, sans même en référer au patron nous rassure et nous convie à repasser payer plus tard, quand nous aurons trouvé un distributeur efficace. Nous sommes restés cois, car sur la foi de nos conversations tenues à table il en avait déduit que nous étions des anciens du Maroc, des habitués du restaurant et il nous faisait confiance, … et son patron également.

Nous voilà partis, à l'aventure dans la grande ville, tellement changée depuis nos séjours antérieurs. La griserie du retour, la succession des découvertes nous ont fait oublier cet épisode du restaurant, et ce n'est que le lendemain matin que, honteux et confus, la chose nous est revenue à l'esprit.

Dès lors, laissant en plan nos envies de parcours dans Marrakech, nous sommes retournés déjeuner au Petit Poucet pensant le patron et le serveur inquiets de ne pas nous avoir revus la veille au soir. Que nenni ! Ils nous ont accueilli comme si nous étions des nouveaux clients, nous ont installéà la meilleure table, … et nous ont annoncé, preuve en main, que nous avions eu raison de ne pas payer la veille parce qu'il y avait une erreur dans l'addition, erreur en notre défaveur. Un coup de Monopoly ? Effectivement après calcul nous aurions été amputés de quelque chose comme 6 Dh. La galère ! Près de 50 centimes d'euro ! Ouille, ouille, ouille la tuile (lol). Tout est bien qui finit bien après avoir réglé la totalité des deux additions. Bien entendu le pourboire a été conséquent pour le serveur, à la satisfaction de son patron, souriant jusqu'aux oreilles.

Plus tard le restaurant a émigré temporairement au 56 avenue Mohamed V, non loin de là vers la route de Casablanca. 

Et il a disparu définitivement au début des années 2000, emportant avec lui la fresque célèbre du Petit Poucet, à l'artiste méconnu. 

La retrouvera-t on à Bab Khemis dans le fatras des vieilleries en vente ? Avis aux chineurs, on ne sait jamais. 

Malgré sa disparition définitive, le restaurant est toujours présent sur les annuaires :Le Petit Poucet 56 avenue Mohamed V 40000 Marrakech Téléphone :+2+212 524 448 238.Tentez votre chance, réservez une table … virtuelle !

Si vous possédez la photo de la fresque du Petit Poucet ou du restaurant lui-même, n'hésitez pas à les envoyez au webmaster pour l'installer sur le blog.

Merci à Jean-Yves pour sa mémoire liée à ses émotions gastronomiques de jeunesse. Merci à lui de montrer un chemin pour nous encourager à raconter les personnes et les lieux qui peuplent nos souvenirs.

 

CAP AU SUD, UN VOYAGE RÉCENT DE JEAN-YVES À BOUTAZOULT

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Amis iminiens, 

Pour faire plaisir à ceux qui ne peuvent aller au Maroc dans l'immédiat, je vous relate notre petite semaine passée dans le sud marocain en novembre dernier, sous un soleil bien sympathique.

Les choses ont bien changé, et je réaliserai un reportage plus important pour notre blog <timkkit2008>, et pour celui des marrakchis <mangin2marrakech>. J'ai vu des changements, beaucoup de changements, je vous expliquerai tout ça en détail.

En attendant, je vous souhaite une bonne lecture et vous invite à réagir en postant des commentaires, en posant des questions auxquelles je répondrai volontiers, pour garder vivante en vous cette flamme iminienne. Amitiés à tous. Jean-Yves.

photo 1 lever de soleil à l'hôtel Chems de Marrakech

Cap au sud

 

Photo 1, lever du soleil à l'hôtel Chems, Marrakech

Marrakech, hôtel Chems, ce jeudi 22 novembre, il est 7 heures 30, les oiseaux chantent déjà en voletant d'arbre en arbre dans un ciel projetant ses rayons roses sur la Koutoubyia. Il fait encore frais quand notre voiture de location démarre pour Ouarzazate par le chemin des écoliers. Pas de précipitation ! Dès à présent nous roulons pour le plaisir, et commençons par longer les remparts depuis Bab Jdid jusqu'à Bab Doukkhala pour prendre la route vers Chouiter, Aït Ourir. Le ruban est rectiligne jusqu'au carrefour avec la route de Fes. Le revêtement semble en meilleur état que lors de nos visites précédentes, sans doute a-t il été refait. La circulation est encore clairsemée, les villages s'éveillent à peine, quelques écoliers en blouse blanche attendent le bus scolaire sur le bas côté tandis que les vélomoteurs emportent les travailleurs matinaux plutôt prudemment. Pour éviter les accidents la route est partagée en deux voies par un trottoir, que les cyclistes franchissent quand même.

La première bourgade, Chouiter, a bien changé, une succession de ronds-points ralentit la circulation sur des pseudo avenues abritant une première rangée d'immeubles magnifiques, en masquant d'autres plus rudimentaires derrière eux. Chouiter, village modeste autrefois, est devenu un centre important, accueillant la population « chassée » de Marrakech par la hausse des prix.

Nous faisons bien attention à notre conduite, à respecter la vitesse autorisée, nous ne sommes pas à l'abri d'un contrôle inopiné de la gendarmerie, … dont vous connaissez les finesses et les réductions de tarif selon que vous renâcliez ou acceptiez de payer en liquide.

Ensuite apparaît le pont sur le Zat à l'entrée d'Aït Ourir, le lit très large laisse couler une étroite bande d'eau couleur chocolat entre les blocs de rochers impressionnants, roulés par les crues.

L'auberge proche du pont semble désertée, fermée définitivement, tandis que celle du Coq Hardi voisin est éclairée et abrite des véhicules de clients.

Un dernier rond-point immense nous dirige vers la droite en direction de l'Atlas, longeant une haie dense formée d'innombrables figuiers de barbarie couverts de fruits mûrs.

Le jour est bien levé maintenant et le soleil ne tarde pas à nous accompagner, réchauffant la campagne et facilitant la sortie des habitants. Nous sommes bien lancés, et nous commençons à porter attention à l'itinéraire, reconnaissant ça et là des détails, nous ramenant dans le passé pour deviner la suite de notre itinéraire. 

Photo 2 Toufliht 1 Photo 2. Toufliht, berceau de nos amis Aomar NOUKRATI et Mohamed DOUIDER, les chasseurs de sangliers

Quelques dizaines de kilomètres plus loin Toufliht est là, défiguré par des travaux conséquents dès l'entrée pour améliorer la route et ouvrir de nouveaux tracés vers la montagne. Une fois passé devant les vieilles maisons forestières en pierre, en réfection également, et la source bien connue dans le dernier virage, nous faisons halte devant l'auberge Tagdalt, uniquement pour quelques photos. Un vent glacial nous chasse pour stopper trois kilomètres plus loin sur un espace surplombant la vallée de Zerekten : de gros travaux sont lancés, avec des engins de travaux publics en nombre et une station de béton. Là encore un arrêt rapide pour immortaliser l'apparition des premières neiges sur l'Atlas. 

3-ZEREKTEN Photo 3, depuis la vallée de Zerekten : les premières neiges sur l'Atlas

En fait commence ici la succession des chantiers intervenant sans interruption jusqu'à Taddert. Tous les virages, que nous avons connus dangereux, que nous avons redoutés, sont en cours d'éradication, … partout en même temps. C'est dire le nombre d'équipes mobilisées, d'engins de travaux publics, de véhicules réquisitionnés. La route est souvent totalement défoncée, le goudron arraché, les voies déviées selon les nécessités. Dans l'oued, des fondations et des murs en béton armé sont montés à distance de la route pour en protéger les rives détruites par les crues précédentes. Des gros blocs de rocher abattus de la montagne combleront les espaces et soutiendront des murets ou des glissières de sécurité.

Pour commencer le chantier dans un virage un bulldozer grimpe d'abord sur la pente très prononcée de la montagne ; arrivé au sommet, il sonde le sol à coups de perforateur vertical, fait basculer la roche vers le bas, que d'autres engins récupèrent et évacuent sur des camions énormes, puis les tractopelles dégagent les débris vers des décharges plus éloignées.

Peu à peu une brèche se dessine, s'ouvre large comme une autoroute ou presque, afin d'anticiper les futures chutes de pierres lors des fortes pluies. La route sera effectivement beaucoup plus rectiligne, d'autant que les courbes des oueds seront également adoucies, permettant ainsi aux cultivateurs de sauver quelques lopins de terre à chaque inondation torrentielle.

On a hâte d'arriver à Taddert, qui reste le village comme on l'a connu, cette espèce de village du Far-West marocain à rue unique, toujours bosselée, boueuse, ou poussiéreuse, encombrée de véhicules garés à la va comme je te pousse, au mépris de la moindre sécurité. Tous les véhicules, voitures, cars, camions se garent au plus près des restaurants, des gargotes fumant de leurs barbecues et canouns 24h/24. La barrière de neige est levée libérant le passage, tandis que les chasse-neige, déjàéquipés, sont prêts à intervenir à la moindre alerte. 

Voie-de-circulation Photo 4, le panneau d'avertissement

Après Taddert, la route a déjà connu des améliorations véritables, retracée et surtout élargie, sur trois voies dans certains tronçons, … et c'est là que les conducteurs irresponsables de voiture ou de camion se permettent des fantaisies suicidaires. Ils coupent les virages en venant dans la troisième voie, face à ceux qui les croisent. Grave, grave, grave ! La Gendarmerie Royale n'est jamais là pour sévir. En 2012 un car avait fini sa course dans le ravin faisant plus de quarante deux morts. On espère que l'amélioration de la route poussera les conducteurs à une meilleure attitude.

Au fur et à mesure de la montée vers le col la température baisse, et un arrêt là haut ne dure pas longtemps, sinon pour un petit bol d'air et quelques photos volées avant qu'une horde de vendeurs de « magnifiques » améthystes, colorées à l'encre subtilisée dans les écoles, ne se précipite à nos trousses. La bise froide les décourage un peu de courir en vain derrière les touristes. Quelques mots dans leur langue les calment, et ils comprennent à qui ils ont affaire.

Notre option est de tourner vers Telouet, dont la route démarre quelques kilomètres plus loin sur la gauche. Autrefois une maison de gardien de travaux publics servait de repère en bord de route. Abattues, elle a laissé sa place à une grande plateforme où est garée une nuée d'engins de travaux publics de toutes sortes intervenant entre le Tichka et Telouet. 

5-engins-de-Telouet  Photo 5, les engins de travaux publics près de l'embranchement pour Telouet

Les inondations des années précédentes ont raviné les pentes, emportant des radiers, des ponts. Tout est à refaire, et des équipes d'ouvriers s'y attaquent sans relâche. Adieu la piste cabossée, gravillonnée que nous avons connue. Lui succède une route encore en travaux, mais nettement meilleure, goudronnée sur de grandes distances, qui nous conduit à Telouet plus aisément. Les suspensions des taxis et camions traditionnellement chargés au-delà de la raison souffrent moins. Au détour d'une courbe nous apparaît la forme massive de la casbah du Glaoui, dans toute sa majesté ocre, dominant un village croissant au cours des années.  

casbah-de-Telouet Photo 6, la casbah de Telouet en majesté

Jour de marché ! Les habitants de la contrée s'activent au même moment que la sortie des écoles. Il y a de la vie, et de la fantaisie vestimentaire dans la rue. Les élèves chahutent, tandis que les habitants pérorent et traitent quelques affaires. Il n'y a que des hommes, les femmes sont aux fourneaux.

Nous allons directement à la casbah, cernée de nouvelles maisons, de restaurants, si bien que nous avons un peu de mal à reconnaître le chemin …  

Ecuries-du-Glaoui Photo 7, les anciennes écuries du Glaoui

Les belles écuries où le Glaoui abritaient sa cavalerie chamarrée sont transformées en commerces de souvenirs et autres produits artisanaux, dont les vendeurs vantent la qualité exceptionnelle auprès des visiteurs. Nous parvenons à leur échapper et gagnons l'entrée de la casbah où une pancarte écrite en français annonce « entrée de la casbah 20 DH pour la rénovation » !!! Le prix a augmenté depuis notre dernier passage, il est devenu officiel mais … pour la rénovation on repassera. 

8-Panonceau

 

Photo 8, le panonceau à l'entrée.

Le bâtiment, au demeurant majestueux, imposant, tortueux, tombe en ruine progres-sivement. Certains secteurs ont été fermés depuis la dernière fois. Le bâtiment résiste parce qu'il est construit en pierre, recouvert de pisé décoratif. Quelques travaux électriques, curieusement, ont été effectués avec la présence de fils et prises électriques hors d'usage mais récents. 

COUR-d-Aouach-9

 

Photo 9, la cour de l'aouach.

On sait que la monarchie alaouite n'a jamais pardonné au Glaoui d'avoir choisi le camp des français lors de la période de pacification, d'avoir pousséà l'exil de Mohamed V à Madagascar, et d'avoir fait allégeance à celui-ci à son retour lors de l'indé-pendance. Refus systé-matique des souverains successifs de redonner à cette casbah son lustre d'antan, de la rénover et d'en faire un attrait touristique bien utile pour le village actuel et ses habitants. Malgré tout, les touristes européens ou marocains s'y précipitent et regrettent cet état des choses.

Chauffage-10

Certains décors en zelliges, en bois de cèdre, en miniatures colorées rendent compte de la magnificence passée de cette citadelle, résistent tant bien que mal à l'érosion et aux courants d'air. On remarque l'ancien éclairage indirect aux fils gainés en tissu, et les cheminées de chauffage central. Les portes richement peintes se maintiennent debout. 

Zellidges-11  Photos 10 et 11, le chauffage et les zelliges

Grand dommage ! Si cette casbah était restaurée comme elle le mérite, elle ferait office d'oeuvre d'art, attirerait davantage de monde, servirait l'Histoire, aiderait l'économie locale, …

12-fenetre-fer-forgé

 Espérons qu'un jour la prise de conscience se fasse. 

Photo 12, le panorama depuis la fenêtre en fer forgé.

Toujours les mêmes photos prises depuis la fenêtre en fer forgé ouvrant vers les champs où paissent le bétail et les mulets, vers la maison de Nana, notre nourrice, de son vrai nom Fatima BELKHEIR, décédée à 90 ans après une vie très active.

Fatima BELKHEIR faisait partie des favorites du Glaoui lors de l'indépendance et a pu s'esquiver par une porte dérobée au moment où les militaires venaient prendre possession de la casbah en mars 1956. Sa vie est une véritable aventure qui méritera d'être contée plus tard.

Quittant Telouet, nous prenons la direction d'Aït Ben Haddou, non sans quitter la route principale dix kilomètres plus loin pour jeter un oeil rapide à la mine où des esclaves subsahariens extrayaient le sel pour le compte du Glaoui. Le site est maintenant abandonné, mais les pauvres installations maintenues témoignent de la vie difficile des travailleurs, rendus malades par le sel, et prisonniers d'une vallée fortifiée d'où il était impossible de s'échapper. Une autre fois nous prendrons le temps de visiter en détail l'exploitation. 

mine-de-sel Photo 13, la mine de sel.

Nous longeons la vallée pendant quarante kilomètres par une route goudronnée, agréable desservant les villages situés en bord de l'oued Ounila encastré entre des falaises escarpées encadrant les cultures en terrasse, et au sommet desquelles se nichent des greniers troglodytes. La route traverse des sites magnifiés par les tableaux de Majorelle dans les années 20, aux casbahs à la beauté altière, dont l'une a même servi d'affiche à Air France lors du Protectorat. 

L'arrivée à Aït Ben Haddou est gâchée par le stationnement de dizaines de cars de tourisme dont les passagers envahissent les lieux, formant une chenille humaine jusqu'au sommet. Nous abandonnons le projet de visite, tout juste un arrêt rapide à la sortie du site nous autorise quelques photos ensoleillées avant de repartir pour Ouarzazate, où nous arrivons par la longue avenue « royale » bordée de lampadaires et de palmiers sur cinq kilomètres, jusque dans les quartiers périphériques abritant la misère et la pauvreté.

14-Ait-Ben_Haddou Photo 14, Aït Ben Haddou et son défilé de touristes jusqu'au sommet

La suite au prochain numéro, très prochainement.

Bonne annéeà ceux qui en ont besoin pour recouvrir la santé, profiter des plaisirs de la vie et de la Joie en famille.

Ouarzazate, Al Michkat, … et la suite.

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Deuxième volet du voyage de Jean-Yves dans le sud marocain.

photo 1 avenue bordée de dizaines de lampadaires Photo 1 avenue bordée de dizaines de lampadaires.

Pour les anciens iminiens que nous sommes, reconnaître Ouarzazate est une véritable épreuve. Qu'ils sont loin ces dimanches où nous allions y passer quelques heures avec nos parents (40, 50, 60 ans déjà) ! Des quartiers neufs, des barres d'immeubles sociaux, des artères larges et rectilignes brouillent nos repères anciens. Mais toujours pas de cinéma, un comble pour la « cité du cinéma » et ses deux studios de tournage!

photo 2 la mosquée

Heureusement la rue principale est là face à nous. Dès l'entrée, au pied de la côte montant vers le centre ville, la mosquée dresse son minaret et nous signale la proximité de l'hôtel Amlal où nous séjournerons pour la nuit. Hôtel rénové, accueillant dans son décor marocain épuré. 

Photo 2 la mosquée.

Une hôtesse prénommée Zaynab nous souhaite la bienvenue dans son établissement, nous présente nos chambres et tous les services de l'hôtel.

photo 3 entrée de l'hôtel Amlal

 L'escalier intérieur est un peu raide parce que les marches sont trop hautes, mais quand on est bien reçu, comme c'est le cas, on accepte cet effort. 

 Photo 3 entrée de l'hôtel Amlal.

Sitôt posé les bagages, nous appelons Malika au téléphone, et bientôt elle est là, accompagnée de Marie-Jeanne, l'une des stagiaires BTS en place pour le mois de novembre.

Marie-Thé et moi les accompagnons au local Al Michkat installé dans le quartier de Tassoumat. Sa situation au milieu du quartier, lui confère une importance en relation avec ses objectifs d'aide à la population, aux familles nécessiteuses, véritable carrefour central autour duquel gravitent les enfants dont c'est la cour de récréation principale.

Le bâtiment est carré, massif, ouvert seulement par une porte métallique par laquelle Malika nous fait entrer dans une cour bordée de locaux scolaires, sur chaque côté : des classes, un bureau, une cuisine, des sanitaires. L'aspect est agréable, et accueillant grâce aux couleurs joyeuses de la fresque murale. 

photo 4 la fresque murale Photo 4 la fresque murale. 

photo 5 Malika dans la cour

Photo 5 Malika dans la cour.

Florine et Laetitia, les deux service civiques de Tiwizi 22, reçoivent leur « public »à la porte de leur local. Elles attaquent leur après-midi d'enseigne-ment auprès des quelques femmes volontaires du quartier pour un cours mêlant initiation à l'informatique et apprentissage de français. photo 6 Florine et Laetitia  Photo 6 Florine et Laetitia.

Le français est la langue de communication entre professeures et élèves, indispensable à celles-ci pour apprendre l'informatique, et leur permettant une ouverture d'esprit dans un quartier qui se trouve être une espèce de prison dont elles ne sortent que par obligation. Ainsi elles peuvent s'en évader en pensée, et s'ouvrir à d'autres horizons futurs, indispensables pour espérer trouver un jour un travail, et élever leurs enfants dans des conditions plus favorables.

Au tableau noir, la leçon du jour est déjàécrite, et les ordinateurs sont à proximité. Le travail commence aussitôt. 

photo 7 les ordinateurs  Photos 7 les ordinateurs. 

photo 8 la leçon au tableau noir  Photo 8 la leçon au tableau noir.

Chaque jour, les deux jeunes professeures adaptent leur enseignement à chacune de leurs élèves, à leur compréhension, à leur fatigue, à leurs préoccupations familiales, … à la présence fréquente de leur enfant les accompagnant. Bien que novices dans le domaine de l'enseignement elles font preuve d'un grand professionnalisme. Pour Florine et Laetitia, l'exploit est à renouveler quotidiennement. Leur enseignement dévoué est rentable, les élèves s'accrochent, progressent peu à peu, et sont la meilleure publicité pour en attirer d'autres malgré les oppositions de leur conjoint (quand elles en ont un), de leur famille, dans un quartier imperméable à la modernité et au changement. 

Aujourd'hui le soleil égaie les coeurs et détend les esprits. Peut-être la leçon sera-t elle mieux assimilée ? Peut-être les échanges entre élèves se multiplieront-ils ? Pour se poursuivre à la sortie de l'école, et créer des liens entre elles ? Elles en ont grand besoin pour se soutenir et persévérer malgré les oppositions larvées, non dites des gens du quartier un peu jaloux de cette entreprise de promotion sociale qui bouscule leurs habitudes.

Al Michkat est une niche de savoir qui unit les extrêmes, une lumière comme son nom l'indique en arabe. 

photo 9 la salle de classe Photo 9 La salle de classe

La classe voisine résonne de rires cristallins, ceux de la classe de Maternelle. Une initiative personnelle, une ambition de Malika Abdeddine qui a vu juste en proposant aux familles locales un tremplin éducatif à leurs bambins avant l'entrée en Primaire dans l'école du quartier de Tassoumat. C'est sans doute la meilleure classe de Maternelle de la grande ville de 80.000 habitants qu'est Ouarzazate ! Et c'est assurément la moins chère, puisque gratuite. Il faut savoir qu'au Maroc les classes de Maternelle n'existent que dans de rares écoles privées, et sont donc payantes au prix fort. Chaque jour, deux éducatrices, Naïma et Hajiba, rassemblent les « poussins » dans la classe au mobilier multicolore adaptéà leur taille, au pied du tableau noir.

photo 10 la maîtresse dans sa classe

Comme partout il faut mettre un peu de discipline, calmer les ardeurs des petits excités, protéger les plus craintifs, encourager les timorés..

Photo 10 la maîtresse dans sa classe.

Mais le calme arrive vite autour des petites tables, pour mieux écouter les consignes de la maîtresse qui distribue ardoises et craies, et leur apprend à dessiner, à former quelques lettres, quelques chiffres … déjà. 

photo 11 la dormeuse

Photo 11 la dormeuse.

Une seule élève n'écoute pas, elle s'est évadée, fatiguée : elle dort ! Rien ne la réveillera même pas les chants de ses camarades. Sans doute cette élève ne bénéficie-t elle pas chez elle des conditions nécessaires pour dormir, pour manger à sa faim. La maîtresse, qui la connaît bien, la laisse dormir. En français, en l'honneur des visiteurs, s'élèvent des chansons enfantines entre les murs peints en rose et couverts de dessins et de gravures.

Au fond de la classe, une adolescente en fauteuil roulant assiste au déroulement sans en perdre une seule miette. Comprend-t-elle les paroles, elle les assimile en souriant sans cesse. Naïma, parce qu'elle porte le même prénom que la maîtresse, est une enfant grande handicapée physique et moteur, elle est présente autant de fois qu'on l'y conduit. Auparavant, ne bénéficiant pas d'un corset approprié, elle restait cloîtrée chez elle avec sa mère. 

photo 12 Naïma dans son fauteuil

Grâce à la confection d'une coque réalisée par Yohann le « costarmoricain », maintenant elle peut s'échapper de sa « cellule » pour découvrir les autres enfants du quartier, partager leurs jeux, leurs apprentissages. Elle capte tous les sourires des visiteurs, de ses accompagnateurs, des petits élèves qui la considèrent des leurs.

Photo 12 Naïma dans son fauteuil.

Là aussi le soleil aide à la gaieté générale et à l'entrain. La maîtresse a une autorité naturelle auprès de son jeune auditoire, et guide leurs activités sans problème, jusqu'à l'heure d'une récréation dans la cour.

A 17 heures 30, cette joyeuse bande quittera l'école pour retrouver famille et logement, souvent moins hospitalier que la classe. Mais tous profitent ainsi d'une ou plusieurs années très éducatives et très formatrices avant d'entrer au Primaire où ils jouiront d'un meilleur départ dans l'enseignement. C'est la plus belle activité de l'association Al Michkat !A laquelle chacun au sein de l'association apporte sa pierre à l'édifice.

Tiwizi 22 soutient au maximum ces activités éducatives, en fournissant une aide financière, du matériel, et le personnel compétent, dévoué que sont Florine et Laetitia, deux jeunes femmes très investies dans leur mission, … et aussi très heureuses de prendre leur place dans ce Maroc qu'elles ne connaissaient pas avant leur arrivée, et dont elles découvrent les moeurs.

Mais Tiwizi 22 n'est pas la seule association bretonne à soutenir Al Michkat : « Espaces verts et bleus » a financé la fabrication et l'installation d'une cuisine moderne dans laquelle des ateliers de cuisine sont dirigés par Florine, Laetitia et Malika en direction des enfants, et des mères parfois, utilisée aussi lors des fêtes organisées par l'association. Cette collaboration interassociative permet à tous une économie d'effort, de finances, et améliore la qualité des investissements profitant à Al Michkat. 

photo 13 la cuisine Photo 13 la cuisine. 

photo 14 Malika sur le seuil de sa maison

Quelques heures plus tard nous rejoignons la maison de Malika dans un quartier excentré, après avoir traversé le grand pont enjambant l'oued vers la route de Zagora.

Photo 14 Malika sur le seuil de sa maison. 

photo 15 les cadeaux d'annniversaire de Malika

Photo 15 l'anniversaire de Malika.

C'est là que Malika et son mari hébergent les jeunes-filles venues de Bretagne pour l'assister dans son association Al Michkat. Ces dernières passent un ou plusieurs mois suivant la durée de leur mission ou de leur stage, elles découvrent une vie radicalement différente de la leur en France et s'acclimatent très vite au sein de cette maison d'accueil. Leurs appréhensions primitives s'envolent aussitôt qu'elles découvrent leur chambre, le cadre familial, l'organisation du quotidien, et font connaissance avec le système des transports pour gagner leur poste de travail, …

Passé quelques jours d'accoutumance, les filles se sont fondues dans la vie du quartier et tissent des liens solides entre elles, portées par leur joie communicative. L'enthousiasme de chacune enchante Malika et réciproquement, si bien qu'à l'heure du départ, du retour en France, des pleurs plus ou moins discrets se feront jour. Mais, bien entendu, on n'efface pas comme ça d'une pichenette les moments partagés, chacune se promet et s'engage à revenir au plus vite, trop marquée par son séjour, par ses découvertes inattendues, … Malika les verra revenir au nid, peut-être accompagnées de leurs parents impatients de faire connaissance avec cet environnement tant vanté par leurs filles. 

photo 16 Marie-Jeanne et Malika à l'heure du thé

Photo 16 Marie-Jeanne et Malika à l'heure du thé.

Malika, selon le rite de l'hospitalité marocaine, nous propose une collation copieuse de pâtisseries délicieuses, de dattes moelleuses accompagnées du traditionnel théà la menthe. Puis elle nous retient pour le dîner, et nous visitons sa maison, qui sert de havre de repos aux bretonnes.

Nous découvrons le jardin « à la française » réalisé dans la cour par Anne-Sophie, et observons les maisons voisines depuis la terrasse du toit.

photo 17 le jardin

Photo 17 le jardin « à la française ».

Le vent très frais chasse tout le monde vers la cuisine pour préparer ensemble le repas du soir, et le pain maison. C'est là que se déroule l'essentiel de la vie commune, cette pièce dans laquelle se confrontent les goûts de chacune, les envies, les recettes, … les nouvelles, les bavardages, les rires, la complicité… C'est LA PIÈCE, celle de la vie ! 

photo 18 la confection du pain par Malika et Léa sous l'oeil furtif de Anne-Sophie

Photo 18 la confection du pain par Malika et Léa, sous l'oeil furtif d'Anne-Sophie.

Malika mène à la baguette sa petite équipe maintenant rodée aux finesses de la cuisine marocaine de base. 

Prudemment, comme d'habitude, je laisse les filles s'affairer autour des fourneaux, et vais me réfugier au creux des coussins confortables du salon.

Au bout de quelques minutes, Abdallah et Mohamed, les frères de Malika nous rejoignent et je retrouve avec grand plaisir Abdallah connu en 2010 dans le premier local de l'association. 

Le récital culinaire commence bientôt autour du pain traditionnel fait maison, indispensable pour piocher dans les plats et « saucer ». Une profusion de délices s'offrent à nos papilles : des ramequins de hors-d'oeuvre variés, finement préparés, parfumés d'épices subtiles, auxquels succèdent des brochettes de viande (magnifiquement cuisinées par le mari de Malika), des boulettes kefta, puis le plat de vermicelles fins additionnés de cannelle et de cacahuètes écrasées léché  consciencieusement jusqu'au fond par les filles pour ne laisser aucune miette de ce fameux salé-sucré. Dans cette ambiance cordiale, la soirée passe vite, mais il nous faut quitter le groupe, pour leur permettre de récupérer de leur journée de travail, leur laisser le temps de ranger les vestiges du repas, faire la vaisselle, … et nous de nous lever tôt pour poursuivre notre périple dans le sud ouarzazi.

En sortant, Abdallah a la malchance de trouver un pneu crevé, à changer immédiatement sous la pleine lune. Heureusement il peut compter sur l'aide de son frère. A regret nous quittons le groupe  pour gagner l'hôtel Amlal. 

Pendant cette journée nous n'avons pas consacré beaucoup de temps à Malika, juste le temps de mesurer les besoins de son association, d'envisager une suite. Marie-Thé et moi, nous reviendrons le plus tôt possible, dans l'objectif d'être beaucoup plus constructifs, de collaborer davantage à l'amélioration des conditions de travail des bénévoles, de leur donner des moyens supplémentaires pour leur action dans ce quartier de Tassoumat si demandeur. C'était une courte reprise de contact, une nouvelle piqûre de sensibilisation, une remise à niveau. 

Un coup au coeur que les « voyageurs solidaires » de l'édition Automne 2019 éprouveront dans ce sud marocain à la fois si hospitalier et si nécessiteux ! 

Jean-Yves TRAMOY

La suite dans le numéro suivant, très bientôt.

 

REGRETS... mais pas éternels !

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Regrets, mais pas éternels (un nouveau récit de Jean-Yves Tramoy, alias Boutazoult

Ouarzazate, hôtel Amlal ce vendredi 23 novembre, il est 7 heures, le jour point à peine. D'abord il est tôt, et le soleil n'est pas encore levé, mais en écartant les rideaux une grande désillusion : la pluie, la pluie, et encore la pluie glisse le long des carreaux, lessive le macadam, les voitures et les poussières accumulées les jours précédents ensoleillés. Aujourd'hui risque d'être un mauvais jour. Déjà le carrelage de la chambre est glacé, et pour être chaude au robinet l'eau doit couler un bon moment. Une douche froide ? Brrrr ! Inimaginable !

Sur le petit balcon, je teste la température, et, horreur, il fait à peine 5 ou 6 degrés, pas plus.

photo 1 le petit déjeuner francomarocain

Après une douche qui s'avère réconfortante le moral remonte, tandis que nous gagnons la salle du restaurant, où les tables dressées nous accueillent dans un décor agrémenté de tableaux représentant des scènes folkloriques et des paysages marocains très colorés.

Photo 1 le petit déjeuner francomarocain.

Une fois dévoré crêpe mille trous, msemem (crêpe feuilletée), pain frais, beurre, confiture de fraise, miel accompagnés d'un café noir très fort … c'est encore mieux. Et nous rêvons que la pluie s'arrête, que le ciel se dégage, tout en sachant que le problème n'est pas ici ; il est dans l'Atlas où la pluie, voire la neige gonflent rapidement les oueds.

 

photo 2 l'église de Ouarzazate autrefois

Nous quittons Ouarzazate sous une pluie battante, en allant d'abord à la chapelle modeste baptisée « église » sur le panneau directionnel au pied de la mosquée.

Photo 2 l'église de Ouarzazate autrefois.

Auparavant l'église ressortait dans un grand espace vide, maintenant elle est encerclée par des bâtiments de toutes sortes, qui la dominent.

Cette chapelle est un vestige de la communauté catholique de Ouarzazate des temps anciens, mais demeure la petite paroisse maintenue par les Soeurs franciscaines résidant encore ici et accueillant les quelques ouailles de passage pour un office dominical. Quoique parfois la personnalité des ouailles surprend, comme le rapporte l'anecdote ci-dessous. 

En avril 2014 par Mick Ramayet, de passage à Ouarzazate : « dimanche passé, c'était le dimanche des Rameaux, juste avant la semaine Sainte dans laquelle nous sommes ... Nous n'étions pas nombreux à Sainte Thérèse, une trentaine, mais de grande qualité, bien sûr : les soeurs au nombre de trois, le père très âgé qui a fait l'aller et le retour depuis Marrakech en bus pour célébrer la messe de la Passion, les fidèles de Ouarzazate et des environs, quelques Marathoniens des Sables et à ma grande surprise,...

photo 3 le portail de l'église aujourd'hui

la famille Royale de Belgique, SAR le Roi Philippe de Belgique, SAR la Reine Mathilde de Belgique et les quatre princes et princesses étaient parmi nous ... »

Photo 3 le portail de l'église aujourd'hui.

Aujourd'hui l'église est ceinturée par un mur équipé d'une lourde porte métallique fermée, que les soeurs franciscaines n'ouvrent qu'à l'heure des cérémonies religieuses. La minuscule cloche reste silencieuse, immobile dans son clocher blanchi, et on repart aussitôt … en faisant des prières pour que la pluie cesse, que l'oued Imini ne déborde pas au gué de Sainte Barbe-Ouggoug. Une fois suffit : pour un échec en novembre 2006 où Maman n'a pas eu la possibilité de rejoindre Bou Tazoult à cause des pluies abondantes : le seul jour dans notre semaine de présence.

Nous roulons sous la pluie, toujours la pluie sur un pare-brise crasseux, … au point d'être arrêtés à un contrôle de gendarmerie, pour n'avoir pas vu le minuscule panneau « Stop » installé au ras du bitume. Mais nous sommes libérés aussitôt par un jeune gendarme gêné par la pluie, et appelé opportunément sur son portable. Une chance ! Al Suerti ! comme on dit en langage local.

photo 4 la maison du directeur

Les kilomètres se poursuivent sous le même déluge, jusqu'à Iflilt d'où nous apercevons la maison en haut de la colline, celle que tout iminien utilise comme repère, la Koutoubyia iminienne : la maison du directeur.

Photo 4 la maison du directeur. 

 

photo 5 les maisons de Sainte Barbe-Ouggoug Photo 5 les maisons de Sainte Barbe-Ouggoug.

On la distingue à peine, dans un halo humide et quelques gouttes résiduelles sur le pare-brise, de même pour les autres maisons de ce versant donnant sur l'oued. Cette pluie fait des heureux : le château d'eau et la végétation ; plus tard ce sont les habitants qui en profiteront dans leur jardin et au robinet.

A l'« embranchement » on craint déjà le pire en voyant deux camions chargés de minerai descendre lentement vers le radier. Mais on prend des photos d'une banderole suspendue et de drapeaux marocains semblant indiquer qu'un événement s'est déroulé là dernièrement. 

photo 6 la banderole à l'embranchement Photo 6 la banderole à l'embranchement. 

photo 7 les drapeaux marocains et la borne Photo 7 les drapeaux marocains et la borne. 

Alors, seulement, nous allons vers l'oued … en légère crue, mais nerveuse ! Les épisodes anciens de crue brutale et de véhicules emportés nous enclinent à la prudence. 

oued-imini Photo 8 l'oued en crue. - Photo 9 quand l'oued est à sec.

La lecture des deux photos permet de comparer la hauteur du radier en amont d'une part, et l'érosion en aval d'autre part. Les années se suivent, les crues aussi, les dégâts également. Il faudrait un pont.

Après réflexion nous arrêtons là notre tentative de traversée, ne sachant pas si le passage est possible, mais surtout ne pouvant faire un pari sur les possibilités de retour. 

photo 10 traversée à pied Photo 10 traversée à pied.

Un homme en burnous se présente près de l'eau, il ôte ses chaussures, remonte soigneusement ses bas de pantalon et s'engage précautionneusement, évitant de glisser sur la boue et d'être emporté par le courant capricieux. Il réussit, tandis que nous rebroussons chemin, fort dépités de cette deuxième tentative avortée en 12 ans. La veille tout allait bien, le soleil brillait sur l'Atlas, sur Telouet, sur Aït Ben Haddou, sur Ouarzazate, … et le lendemain sans doute tout aurait été possible après la fin des chutes de pluie et de neige. Vraiment c'est pas de chance, mais c'est un excellent prétexte pour revenir.

Regrets de n'avoir pu aller jusqu'à Bou Tazoult !

Regrets aussi de n'avoir pu faire un reportage pour nos amis iminiens restés chez eux, et qui auraient été heureux de voir les photos récentes de leur village ! Je vous promets d'y retourner. Parce que je suis assez égoïste pour ne pas rester sur cet échec.

photo 11 la mosquée colorée

Du coup, le moral en berne … quelques instants. Nous reprenons la direction du Tichka, traversant des villages déserts, où tous les habitants se calfeutrent dans leur maison. Une mosquée en bord de route tranche par ses décors sur la grisaille environ-nante.  

Photo 11 la mosquée colorée

photo 12 la petite cascade

Nous trouvons quelques segments de route inondés, de multiples cascades dévalant les pentes, nous croisons très peu de véhicules, mais ils sont enfarinés de neige.

Photo 12 la petite cascade.

Cela nous promet une traversée de l'Atlas délicate à tout le moins, et ça nous rappelle des épisodes anciens sous plus de trois mètres de neige. 

photo 13 le panneau d'Agouim et la neige Photo 13 le panneau d'Agouim et la neige.

Arrivant à Agouim, nous constatons que le village s'est fortement développé de chaque côté de la route, il est maintenant doté d'une station service moderne et surdimensionnée ayant remplacé l'antique relais de carburant avec son bidon de 200 litres et sa pompe à main. Wi Fi, restaurant, sont annoncés sur le panneau.

Le plafond est bas, la luminosité presque nulle, les montagnes environnantes sont couvertes d'un saupoudrage de neige des plus esthétiques. Les véhicules projettent des gerbes d'eau, les piétons en burnous épais zigzaguent entre les flaques, nous obligeant à une conduite prudente.

Après un virage en épingle nous montons vers l'ancienne Communauté franciscaine. La chapelle et le dispensaire sont fermés depuis longtemps. Tout semble déserté, abandonné, nous sommes vendredi, jour de prière, jour de relâche pour les élèves et les moniteurs. 

photo 14 l'atelier de menuiserie Photo 14 l'atelier de menuiserie.

Nous le savions, mais ne nous plaignons pas, parce qu'ainsi nous avons quartier libre pour investir les lieux, prendre des photos à notre guise.

Un gardien habite dans le logement des Pères, il apparaît à la porte de la cuisine. Loin de nous interdire quoi que ce soit, il vient s'enquérir de nos personnes et nous invite à découvrir tous les extérieurs. A l'évocation du Père Norbert, de ses compagnons, des mines d'Imini, … il s'ouvre et se présente comme ancien élève de Monsieur ROMANO, et découvre que nous avons partagé les bancs de l'école marocaine. Il était surnommé par son maître Lahcen l'« électricien », pour la bonne raison que son père était électricien à la mine, et pour le différencier d'un autre Lahcen partageant sa classe (serait-ce Lahcen Berkou ?). 

photo 15 Lahcen l'électricien et son épouse Photo 15 Lahcen l'« électricien » et son épouse. 

photo 16 le poulailler et les dépendances Photo 16 le poulailler et les dépendances. 

Hormis le gardiennage des locaux, l'abandon est manifeste, et le poulailler en est un triste exemple. Là où la basse cour abritait des poules, des coqs et des lapins, produisait des oeufs, le grillage ne protège plus que des cages démantibulées où les renards ne mettent plus les pieds.

photo 17 l'ancien gardien à l'allure de Père franciscain

 Les doigts nous démangent de remettre en état tous ces outils tellement nécessaires à l'alimentation de la famille du gardien, pour le moins.

Photo 17 l'ancien gardien, … à l'allure de Père franciscain.

Quelques clichés plus tard,...

photo 18 la forteresse du grenier communal d'Igherm

après avoir rencontré aussi la femme de Lahcen et son prédécesseur à la Communauté nous repartons en direction de la montagne et traversons lentement Igherm devant l'auberge Drouin fermée, non loin du traditionnel ralentis-sement face de la gendarmerie.

Photo 18 la « forteresse » du grenier communal d'Igherm. 

photo 19 la porte donnant sur la cour de l'auberge Drouin Photo 19 la porte donnant sur la cour de l'auberge Drouin.

Un peu plus de monde dehors, surtout des hommes, le village semble se réveiller peu à peu. Direction Aguelmous où un panneau annonce l'édification d'un village de vacances en place des installations du téléphérique.

photo 20 le panneau de construction d'Aguelmous

On ne peut que se réjouir de constater la nouvelle vocation des anciens bâtiments.

Photo 20 le panneau de construction à Aguelmous

Davantage de véhicules légers roulent dans les deux sens, mais sans précipitation. Toutefois avant le col du Tichka nous constatons deux accidents de tôle froissée par excès de vitesse et imprudence sur un sol légèrement enneigé. Ceux-là ne sont pas prêts à repartir, les voitures sont fracassées, et ils attendent la dépanneuse. 

photo 21 les engins en arrêt d'intempérie Photo 21 les engins de travaux publics en arrêt « intempéries ».

Au carrefour de la route de Telouet, un rassemblement d'engins de terrassement, de camions, de bulldozers montre l'importance des travaux routiers entamés dans le secteur. 

photo 22 dans le lointain, les bâtiments du col Photo 22 les bâtiments du col au loin.

La couche de neige s'épaissit et les locaux commerciaux du col s'enfoncent dans leur manteau blanc, frigorifiés, balayés par le vent.

Sitôt passé le col la route est sèche, seuls les versants montagneux conservent une fine pellicule blanchâtre : curieux contraste montrant que le vent a joué un rôle important dans les précipitations. Le refuge et le bar voisin sont fréquentés par des passagers soulagés de trouver enfin la route en bon état de rouler et heureux de se mettre au chaud pour une boisson réconfortante. 

photo 23 le refuge Photo 23 le refuge.

La suite au prochain numéro, très bientôt.


BONNE ANNÉE AUX IMINIENS

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Une bonne année 2017 

1701 04 voeux iminiens Timkkit

 

Chacun peut écrire ses voeux dans les commentaires ou réagir à l'article de Jean-Yves. 

TRAVAUX D'HERCULE SUR LE ROUTE DU TICHKA

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Avertissement de l'auteur:"Avant de relater la suite, « Travaux d'Hercule sur la route du Tichka », il convient que j'apporte quelques précisions. Ces articles traitaient de mon séjour de novembre à Marrakech (cf le blog de mangin@marrakech cliquer ) et à Ouarzazate (dont vous avez eu précédemment un aperçu sur ce blog de timkkit2008 cliquer), … mais j'y suis retourné en février (et je vous en ai averti aussi). 

En conséquence j'ai observé de nouveaux changements sur cet itinéraire, effectué en plein jour et sous le soleil, dans le sens Ouarzazate-Marrakech. Plutôt que de transformer totalement mon article initial, je me suis contenté d'apporter quelques « correctifs » en couleur verte qui traduisent mes impressions vécues lors de ce second trajet, pour lequel je ne conduisais pas. Véhiculé par un chauffeur de taxi, j'ai eu le loisir de prendre des photos à la volée, sur mon téléphone portable, ce qui explique que la résolution n'en soit pas exceptionnelle, ou qu'il y ait des reflets de pare brise. Toutefois cela vaut le « détour » puisque nous évaluons davantage la portée des travaux.

Ce mélange de séjour novembre 2018 et séjour février 2019 ne me vaudra assurément pas le Goncourt. D'autant que votre lecture n'en sera pas facilitée. Vous éprouverez quand même le plaisir de replonger dans des paysages perdus de vue, et transformés."Jean-Yves Tramoy

Travaux d'Hercule sur la route du Tichka

Passé le col du Tichka et la barre rocheuse de l'Atlas, la route serpente encore dangereusement pendant quelques kilomètres, descend abruptement en quelques virages serrés, vers Taddart dont j'ai rappelé le côté Far West dans le premier volet de la série. Les panneaux de l'Equipement préviennent du danger et affichent une photo éloquente. Malgré tout vous ne reconnaîtriez pas le tracé, bien amélioré, la largeur en trois voies, le revêtement tout neuf, les glissières de sécurité, … ! Incroyable, ça nous change de nos années « Tichka » aventurières, parfois à patienter derrière le convoi de camions de manganèse, dans le brouillard, ou dans la neige, à proximité de précipices vertigineux. 

Des éventaires de pierres sont installés en bord de route, plus ou moins importants. Lors des moments de pluie ou de froid, le vendeur se calfeutre dans sa cahutte, les pierres offertes à la vue, ou à la main des visiteurs, qui ont aussi froid que lui et ne se risquent pas à l'extérieur de leur véhicule. 

photo 1 le panneau prévient du danger malgré la beauté du site Photo 1 le panneau routier prévient du danger malgré la beauté du site. 

photo 2 information des travaux sur le secteur Toufliht-Taddart Photo 2 information des travaux dans le secteur Toufliht-Taddart.

Au pied de la montagne rapidement atteint, les camionneurs peuvent enfin respirer, espacer leurs freinages, adopter une conduite plus souple sur la trois voies, et voient l'entrée de Taddart avec un soulagement évident, et le besoin irrésistible d'y faire halte pour se rassasier de quelques grillades arrosées d'un café fort. C'est mérité après ce qu'ils viennent de vivre au volant. La bourgade vit jour et nuit sans interruption, au gré des passages. Douches et bains sont même proposés en bord de route pour le délassement des chauffeurs. 

photo 3 le panneau du hammam Photo 3 le panneau du hammam. 

photo 4 la rue unique de Tadart Photo 4 la rue unique de Taddart. 

L'habitat du village demeure rural, escarpé. Les villageoises, responsables du ravitaillement en eau et de la corvée de bois, ploient sous la charge, et ont le pied sûr des mulets pour grimper jusqu'à leur maison de pisé, … et ne supportent pas être photographiées. Les injures pleuvent, à tort puisque je ne photographie que le paysage, mais elles se méprennent sur mon intention ou se basent sur des situations vécues précédemment avec d'autres touristes.

Toutefois elles connaissent les prémices de la modernité : une poubelle collective en plastique est sagement rangée en bord de route. Il ne manque plus que le camion-poubelle, … et sans doute la décharge publique raisonnée. Nous n'en sommes qu'à l'aube de l'écologie. 

photo 5 les maisons escarpées de Taddart Photo 5 les maisons escarpées de Taddart.

Rassasiés et reposés, les chauffeurs reprennent le volant de leur camion, parfois semi remorque, mais ils savent ce qui les attend après Taddart : les travaux, encore les travaux, toujours les travaux pendant des kilomètres épuisants à 30 km/h souvent sur un revêtement dégradé, défoncé, avec des cailloux sur la route, des petites inondations, des déviations, … le plaisir en somme !

Comme dit précédemment, tous les virages doivent « sauter » en même temps, au profit d'une meilleure sécurité. Ca part d'une bonne intention, mais rien ne changera dans le mode de conduite des chauffards peu enclins à observer les règles de bonne conduite.Mon chauffeur, qui conduit bien, n'échappe pas à la règle. A l'instar de ses compatriotes, il s'autorise tout l'espace libre et emprunte la voie adverse pour gagner de la souplesse en conduite. Diable ! Pourquoi s'embêter quand il y a de la place ? Dans ce virage il est carrément dans le couloir opposé, tant il n'y a pas de danger POUR LUI ! Ah, le ruban est beau, lisse et bien dessiné, la courbe élégante, … pourquoi ne pas en profiter ? Quand la route sera terminée, il y a gros à parier que le nombre d'accidents augmentera à vitesse exponentielle. 

photo 6 l'occupation de la voie opposée Photo 6 l'occupation de la voie opposée.

Ce ne sera jamais une autoroute, on traversera toujours des villages où les piétons et les ânes continueront à longer la route, où les enfants marcheront jusqu'à l'école, des ralentissements en perspective qui augmenteront le danger pour les piétons. 

photo 7 l'âne chemine tranquillement Photo 7 l'âne chemine tranquillement.

Les chantiers sont colossaux, les moyens engagés énormes, les effectifs d'ouvriers conséquents, et le ballet des camions d'évacuation permanent. Les ouvriers travaillent, par tout temps, en bord de route, sans protection aucune, au mépris du danger. On est loin de la réglementation française en matière de travaux sur une route ! 

photo 8 les ouvriers en bord de route Photo 8 les ouvriers en bord de route

photo 9 la pente abrupte du démarrage du chantier Photo 9 la pente abrupte de démarrage du chantier.

Cette photo prise quelques kilomètres avant Toufliht témoigne des pentes abruptes attaquées par les premiers engins, et encore là ce n'est que de la terre rouge assez malléable, ailleurs c'est de la roche qu'il faut parfois dynamiter, avant que les engins plus massifs puissent accéder au sommet pour l'écrêter et détacher la roche de la paroi. 

photo 10 l'engin commence le chantier dans le virage

Photo 10 l'engin commence le chantier dans le virage.

Voilà comment commence le chantier de « descente » de la montagne, par le décaissement vertical des roches pour initier le nouveau tracé. Puis les évacuations successives dessinent la nouvelle courbe beaucoup plus allongée, entre la montagne et un croissant resté en séparation de l'ancienne voie. 

photo 11 le dessin des deux courbes ancienne et nouvelle Photo 11 le dessin des deux courbes ancienne et nouvelle. 

photo 12 la même portion de voie en février et sous le soleil Photo 12 la même portion de voie en février.

Au bout du compte, la future « avenue » apparaît peu à peu. Finis les coups de volant, les embardées dans les virages en épingle à cheveu. Nos ancêtres iminiens n'y croiraient pas ! 

photo 13 l' Photo 13 l'« avenue » en chantier.

L'insécurité routière, les pluies diluviennes provoquant des chutes de roche, les effondrements sont la justification de tous ces travaux gigantesques … pour quelques années encore. Et en hiver ça promet des beaux « embourbements » des engins de chantier.

Progressivement le décaissement de la route permet de mesurer l'ampleur du travail. Et l'on mesure mieux la largeur du manteau de montagne à rogner pour redresser la route. 

photo 14 le décaissement impressionnant Photo 14 le décaissement impressionnant.

photo 15 les travaux dans l'oued Photo 15 les travaux dans l'oued.

Les travaux dans l'oued sont encore plus impressionnants. Dans un premier temps le lit est obstrué en partie par une digue sur laquelle les engins préparent le terrain, creusent les fondations du mur, et ensuite dégagent les gravats. Tous les matériaux proviennent des coupes de virages. Le chantier est proche et le transfert d'autant plus rapide. La seule difficulté consiste à planifier les travaux de chaque côté, pour déverser les blocs de roche dans le lit de l'oued.

Déjà les ferrures installées dessinent le squelette du futur mur bétonné monté plus loin, servant à la fois d'élargissement de la route vers l'oued et d'effacement de la courbe. 

photo 16 le squelette des ferrures à béton

Photo 16 le squelette de ferrures à béton

photo 17 le mur bétonné Photo 17 le mur bétonné protégeant la route.

Cette passerelle brisée témoigne de la violence du courant lors des fortes chutes de pluie, et démontre la nécessité des travaux définitifs pour ne pas en recommencer la construction chaque année. 

photo 18 la passerelle brisée Photo  18 la passerelle brisée.

Là aussi une halte à l'auberge de Tagudalt, précédant le village de Toufliht, est indispensable pour se décontracter et caler un estomac malmené par les conditions routières éprouvantes. 30 km/h de moyenne, derrière des camions : ça creuse, ça énerve ! Le remède est tout trouvé : un théà la menthe, quelques biscuits.

 photo 19 l'auberge de Tagudalt Photo 19 l'entrée de l'auberge de Tagudalt.

Voir Toufliht, c'est voir le bout du « tunnel » et pouvoir accélérer un peu l'allure, quoique le village soit aussi en travaux, mais on sait aborder la fin du chantier pharaonique. Dès le passage de la source la pente du terrain s'adoucit, et une grande auberge se construit dans le centre bourg, peinte en un rouge profond pour ne pas la manquer. 

photo 20 le village de Toufliht Photo 20 le village de Toufliht.

La route est meilleure pour rejoindre Marrakech, malgré le temps maussade, qui ne s'éclaire que dans la banlieue de la grande ville. La fin du voyage est silencieuse, un silence de fatigue. Notre dernier plaisir consiste à emprunter la route de la médina, longer les golfs et passer devant le Méchouar.

L'arrivée à l'hôtel Chems est un soulagement au terme de cinq heures de trajet depuis l'« embranchement » de Sainte Barbe-Ouggoug et nos haltes touristiques. 

photo 21 la Koutoubyia depuis la chambre de l'hôtel Chems 2 Photo 21 la Koutoubyia depuis la chambre de l'hôtel Chems.

D'abord regarder si la Koutoubyia est toujours à sa place depuis notre séparation. Un rayon de soleil illumine la Merveille.

Ouf ! Une douche bien chaude, une bonne bière au bar de l'hôtel, … et le séjour à Marrakech peut continuer. 

photo 22 le pacha se fait cirer les chausures Photo 22 le pacha se fait cirer les chaussures.

La deuxième version, celle de février, se termine plus prosaïquement à la terrasse d'un bar de la rue piétonne, à proximité immédiate de Jemaa el Fna. Je me laisse convaincre par un cireur de chaussures de lui confier mes mocassins de cuir noir. Et aujourd'hui je ne regrette pas l'initiative qui montre l'adresse avec laquelle il traite mes chaussures : depuis un mois je n'y ai pas touché, elles conservent le même éclat. Il avait bien mérité la grosse pièce que je lui ai donnée en échange de son art et de la sympathie qu'il dégageait. Tous les deux nous étions satisfaits de notre rencontre imprévue.

La suite au prochain numéro, très bientôt.

Tichka-auto-blindée-2morts-avril-1936

BONUS:  Le quotidien Le Petit Marocain du 15 avril 1936, nous laisse à penser que la route était fort étroite il y a 80 ans. Le photographe Boyer avait illustré le terrible accident d'une auto blindée renversée dans l'oued au fond du ravin en contrebas de la route du Tichka. Deux militaires furent tués et deux autres blessés dans cette sortie de route.

AHMED DZAGUISSE

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Notre ami Ahmed DZAGUISS, infirmier aux mines d'Imini, est décédé le 10 avril à Marrakech.

Ayant subi une opération à l'hôpital Avicenne de Rabat il y a deux ans, et souffrant d'une très grande fatigue, il a succombéà une attaque cardiaque imprévisible.

Ses anciens camarades, prévenus, ont aussitôt relayé la nouvelle. Cruelle fin pour celui qui avait soigné et secouru de nombreuses personnes à l'infirmerie des mines d'Imini, où il officiait.

Se souvenir d'Ahmed, c'est remonter à la fin des années 50, quand nous étions trois français heureux de fréquenter l'école marocaine (Françoise, Jean-Louis et moi-même). Des années heureuses sous la férule de Mr Romano, des années de découvertes, de partage, d'apprentissage intercommunautaire.

Nous étions dans l'insouciance d'enfants de CM1 et CM2, avec toujours des niches, des blagues, des bêtises dans lesquelles nous excellions presque tous avec les Tabouzit, Berkou, Hebbaz, Bammou, … et tant d'autres qui profitaient de nos pitreries. Et nos maîtres ont eu fort à faire pour nous inculquer la discipline. Nous étions une bande de gamins facétieux !

Dans ce registre Ahmed était sans aucun doute un as, et faisait la paire avec son grand ami Ahmed SOSSO. Comme en témoigne Mohamed BAHTITI, qui les fréquentait de près : « ces deux-làétaient inséparables tant dans les plaisanteries que dans l'amitié. » Et de raconter les séances de baignade à la piscine de Tighermine, à celle de Bou Tazoult, des séances ponctuées de plongeons, de jeux, de farces, de rigolade perpétuelle. Les courses et les jeux dans la montagne, dans le village où ils échappaient toujours à leurs poursuivants.

Curieusement les deux amis ont embrassé la même profession d'infirmier, commencée à Bou Tazoult sous la baguette de El Ghazi, et de plusieurs médecins qui les ont encadrés avec sérieux, les Drs BLAIN, FARON, LAPEYRE. Une réelle complicité les unissait tous dans l'exercice d'un « sacerdoce » auprès de la population iminienne tant pour les mineurs que pour leurs familles. Quand la vie dans le bled était source de maladies, d'accidents, de misère, … toutes sortes de maux qu'il fallait soulager, toutes sortes de personnes qu'il fallait soutenir. Dans cet exercice Ahmed DZAGUISS était performant, amenant le sourire à ses patients grâce à ses fantaisies, leur faisant oublier leur douleur, … tout en pratiquant son art avec conscience et dévouement auprès des mineurs et de leurs familles. Il en a vu défiler des enfants, des femmes, des hommes !

Et Joseline DECAILLOZ de nous rappeler que, lors de son deuxième accouchement, Ahmed DZAGUISS assistait le Dr FARON, qui trouvait en lui un aide assoiffé de connaissances et désireux de progresser dans son métier.

Hama ALAYA, ancien « coreligionnaire » soignant de l'infirmerie a également partagé des années professionnelles avec Ahmed et, lors de son départ en retraite, lui a cédé la place à l'infirmerie de Timkkit. Il s'est rapproché de la famille lors des funérailles et lui a apporté le réconfort nécessaire, et transmis toute l'affection que l'éloignement empêchait la colonie iminienne de lui assurer sur place.

Monsieur ROMANO s'est ému de la disparition de cet ancien élève : « J'apprends avec une grande tristesse le décès de DZAGUISS, je l'aimais beaucoup parce qu'il avait de grandes qualités. C'est lui, et son inséparable ami SOSSO, qui ont organisé mon séjour lors de mes 2ème et 3ème voyages à Ouarzazate. J'en ai les larmes aux yeux en me souvenant de quelles manières, ma femme et moi, nous avons été reçus … et fêtés !

Sur ces deux lascars j'aurais beaucoup de choses à raconter. Aujourd'hui je ne raconterai qu'un épisode de leur vie d'écolier. En fin d'année scolaire j'avais organisé une fête, avec distribution des prix aux plus méritants, agrémentée de chants et saynètes. L'une d'elle était jouée par ces élèves et avait pour titre : « Le corbeau et le Renard » fable de La Fontaine. Le corbeau était joué par SOSSO et le renard par DZAGUISS : çà leur convenait à merveille. Et depuis ce jour-là ils ne s'interpelaient que de cette façon : « Hé maître corbeau » ou « Hé maître Renard ». Ce retour sur ce passé me remue le cœur. Je te charge de présenter mes condoléances à sa famille. Roch Romano. »

Moi-même, lors d'un passage à Bou Tazoult, j'avais retrouvé Ahmed DZAGUISS à l'infirmerie, comme si nous n'avions jamais été séparés par la distance ou par le temps. La complicité d'origine avait suffi à gommer l'espace, et les plaisanteries fusaient aussitôt à l'évocation de nos années communes d'adolescence. Nous avons gardé un contact épistolaire et téléphonique à l'occasion. Mais pas facile de le toucher, quand il partait sans cesse dans son bled de Tizgui N' Barda, sur la route de Telouet.

Non, Ahmed DZAGUISS n'était pas oublié au bout de ces 50 années de séparation.

Retiréà Ouarzazate, il vivait auprès de sa famille, voyageait avec ses amis. Maintenant il repose dans le grand cimetière de Ouarzazate où nous lui souhaitons de trouver la paix éternelle.

La diaspora iminienne, éparpillée sur tous les continents, présente ses sincères condoléances à sa famille et l'assure de toute sa sympathie dans cette cruelle épreuve. Nous sommes nombreux à pleurer cette absence dorénavant.

Qui n'a pas le souvenir de ses yeux plissés de malice, de ses mimiques permanentes, de sa conversation  ponctuée d'humour ? Nous le garderons en mémoire. Repose en paix l'ami. 

Ayons aussi une pensée pour tous nos camarades partis avant les autres, et qui nous manquent … 

Dzaguiss en famille 2

 

Photo 1 Ahmed en famille (photo Mohamed Bahtiti)

Même barbu, il est reconnaissable à son oeil vif, toujours malicieux.

NB : pour retrouver Ahmed DZAGUISS et Ahmed SOSSO, reportez vous à un article paru le 24 avril 2009 dans le blog timkkit2008, où ils apparaissent à l'école au milieu de leurs compagnons de classe, sous la houlette de Mr Romano. 

photo 2 classe de Mr Romano en 1956-57

Photo 2 la classe de Mr Romano en 1956-57.

24 avril 2009: Message de Bammou aux iminiens, Photo 3 : année 1956-1957 

Assis : MAJBOUBI (Ben Charjane), HEBAZ Boujema, HEDRANE (Telouet), MOUNA Hassan, M'HAND Meziane, RERKOU (Betatar), OUZDINE (Agouram), SOSSO Ahmed, TAABOUT, BELAÏD Hafid, BAHTITI Ahmed, BELAOUI Ahmed.

Debout 1er Rang : Mr ROMANO, STIDJI, ALAYA Ali, BOUHOU Mohamed, AHOUKAR Ali, Hassan (Taliouine), TALMI (imghri), DZAGUISS Ahmed, MOUNA Ahmed, HAMADI Meziane, AÏT MEKI Mostafa (Oueld BabLkhir), JEBRI Abdelkader, Mr CHAKIRI Abdelkebir, instituteur.

Debout 2ème rang : ALAYA Hama, TABOUZIT Kacem, Feu IMGHRI Abderrahmane, NHARI Mohamed (Maçon), JOUICHI (Oueld Miaïcha), MOUNA Mohamed, AZIZI Mohamed (Mohamed OUMBARK), Ahmed BEN SALAH, TAMELOUCH Mohamed, IMGHRI Abdellah.

Nous aurions pu solliciter davantage de témoignages, mais les lecteurs qui le souhaitent peuvent intervenir dans les commentaires.

Profitez-en pour vous demander ce que sont devenus tous ces enfants. Certains sont sortis du cocon d'Imini pour embrasser une belle carrière, ou sont devenus célèbres pour des évènements heureux ou malheureux. Je ne saurais vous dire tout sur leur passé et leur avenir, mais vous pouvez chercher et témoigner.

VISiTE AU SITE D'IMINI AU PRINTEMPS 2019

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Un reportage de Jean-Yves sur quelques lieux rénovés (ou pas) des mines de l'Imini

Retour au pays.

Dans le cadre d'un déplacement à Ouarzazate pour le compte de Tiwizi 22, notre association qui soutient les actions de l'association Al Michkat, dirigée par Malika ABDEDDINE, j'ai pu m'échapper le dimanche 24 février 2019 pour une incursion rapide aux mines d'Imini, sur le site de Sainte Barbe-Ouggoug et Timkkit. La température de cet après-midi est idéale, le ciel est d'azur, et les villages sont bien calmes, jour chômé oblige. On se croirait en vacances au début de l'été, si ce n'était cette lumière si douce, caractéristique d'une fin d'hiver. Les photos n'en seront que plus belles, plus « sensuelles ».

Mon reportage sera plus réduit que d'habitude, à la recherche de sensations plus intimes.

Dès après le passage du gué, j'aperçois les premières maisons de Sainte Barbe-Ouggoug, d'abord celles qui bordent le cadre « tennis-piscine », cachées derrière leur rideau de roseaux, puis celles de l'étage supérieur, et là la surprise !! Lors de mes précédents séjours, j'avais noté le « vieillissement » progressif des maisons, dont certaines étaient inhabitées et glissaient doucement vers un abandon manifeste, souligné par des jardins secs, aux herbes folles. Une chape de tristesse s'abattait alors sur les visiteurs de passage, ces anciens iminiens alléchés à la perspective de renouer avec leur cadre favori. Aujourd'hui, c'est une vague de plaisir qui m'envahit : les maisons respirent à nouveau ! 

photo 1 la maison à la tour

Photo 1 la maison à la tour.

Sur cette photo zoomée de la maison à la tour, on ne parle plus de rafraîchis-sement, mais de restauration de qualité. Peut-être trouverai-je prochaine-ment dans mes albums antérieurs un exemplaire de cette maison dans les années 2010-2011 ? On pourra comparer son état actuel avec celui qui était le sien à l'époque : des murs lézardés, décrépis, une végétation rabougrie, … un sentiment d'abandon au bout du chemin. 

Sur cette photo, outre la nouvelle peinture, et les beaux décors berbérisants, on remarque la blancheur de la terrasse couverte, si accueillante et protectrice quand le soleil darde ses rayons estivaux. 

Je n'ai pas prolongé ma progression dans cette direction. Le peu de temps dont je disposais en cette fin d'après midi m'a tout de même autoriséà passer devant les bureaux et à prendre la photo suivante où le mur extérieur est décoré d'une allégorie sublimant la « marche verte » lors de la reconquête du Sahara. Curieux, mais haut en couleurs !

photo 2 le mur des bureaux, décoré

Photo 2 le mur des bureaux.

J'ai découvert que Sainte Barbe-Ouggoug était devenu le point central des habitations des cadres, puisqu'il n'existe plus rien ou presque à Bou Tazoult (mais nous verrons plus tard) d'une part, et que le parc à bois et à matériaux s'est considérablement développé en face des bureaux, donnant un impression de concentration. Toutefois Timkkit conserve toutes les capacités techniques. A voir plus tard.

Poussant jusqu'au fond de la vallée, j'ai constaté que les maisons préfabriquées étaient vides d'occupants, délaissées à l'ombre des eucalyptus dans le soleil couchant. Le silence de cette solitude est oppressant : pas une âme à l'horizon en ce dimanche, même en remontant vers le centre.  Dans l'une des maisons a habité la famille Aomar HERDA, et un peu plus haut la famille de Mohammed MAALI, parti depuis au siège à Casablanca.

photo 3 les préfabriqués de fond de vallée

Photo 3 les maisons préfabriquées.

photo 4 la maison proche des bureaux

Photo 4 la maison près des bureaux.

Cete maison, occupée autrefois par la famille PHILIP, précède la rampe, assez raide, montant à la maison des hôtes, juste derrière l'agence postale. 

Hormis les bureaux, point de convergence des travailleurs en semaine, la vie familiale se déplace sur l'autre versant, vers la piscine-tennis, à preuve on y retape les maisons, et quelques fumerolles apparaissent sur les toits en cette deuxième quinzaine de février. Mais il n'y a de commerce nulle part, sinon en allant jusqu'à Timkkit où se concentre la colonie des ouvriers. Et l'école pour les enfants de Sainte Barbe : à Timkkit sans doute.

Beau soleil toute la journée, donnant une douce chaleur mais qui tourne au frais aussitôt que l'astre décline, et justifie le chauffage central. 

Je ne résiste pas à l'envie d'un saut de puce jusqu'à Timkkit, juste pour le plaisir d'emprunter cette portion de route, courte, mais qui débouche d'un seul coup sur le village, en haut de la dernière côte. 

photo 5 les premières maisons de Timkkit

Photo 5 les premières maisons minières.

Au premier rang, les maisons des ouvriers collées les unes aux autres, comme dans tous les bassins miniers au monde. Une façon de se « serrer les coudes » au travail comme dans le quotidien familial, une forme de solidarité, près des jardins potagers cultivés avec soin. Les préfabriquées, plus anciennes, dominent la rangée de celles construites en pierre et terre, assimilées aux matériaux du sol. 

photo 6 les jardins cultivés

Photo 6 les jardins soigneuse-ment cultivés. 

Un détail m'interpelle. Dans ce paysage minier, dont on sait qu'il a tendance à se noircir, de chaque côté de la route, plusieurs parcs paysagers patronnés par des fondations, dont une asiatique, sont installés et protégés par des grillages, visiblement entretenus avec soin. 

photo 7 un parc arboré patronné par un mécène

Photo 7 l'un des parcs arborés patronnés par des mécènes.

Dimanche, 17 heures : avant de retourner au travail le lendemain, les ouvriers profitent de leurs derniers moments de repos, bavassent devant les commerces, et profitent de leur position privilégiée dans le virage pour observer et commenter tous les mouvements sur la route.

Pour habiter à Timkkit, il faut supporter le vent chargé de poussière noire, qui balaie tout sur son passage, surtout du côté de l'exploitation. A droite de la route : les locaux techniques, garage, dépôts de matériels, … Et à gauche ce que nous avons toujours connu, la bascule, le dépôt des sacs de minerai, la laverie, et plus haut sur le flanc de la colline les bâtiments regroupant quelques bureaux. A vrai dire, dans mon empressement, je n'ai pas eu le temps de vérifier que ces derniers existaient encore. Il y avait là l'infirmerie, mal placée pour rester propre. Je crois qu'elle a déménagé dans le village. Encore un sujet de recherche lors d'un prochain passage. 

photo 8 le mur anti vent de poussière

Photo 8 le mur de protection contre les vents chargés de minerai.

La SACEM essaie de lutter contre les vents en édifiant un mur haut et long de chaque côté de la route pour empêcher les dépôts trop importants sur la chaussée. Malgré tout les ornières persistent, gonflées et durcies par les pluies qui solidifient les dépôts sur le goudron. Les trous sont légion, sollicitent les suspensions des véhicules et le rachis des conducteurs. J'en ai fait l'amère expérience. Dans ce couloir, au niveau de l'impressionnant bâtiment de la laverie, il y a un trafic soutenu ou presque puisque plusieurs véhicules me croisent, y compris des vélomoteurs. 

N'ayant pas le temps d'aller plus loin, parce qu'il me faut rendre la voiture à l'agence de location, je fais demi tour au pied du téléphérique à stériles, et regarde maintenant le village ouvrier face à moi. 

photo 9 les casbahs rénovées

Photo 9 les casbahs ouvrières.

Les casbahs ouvrières dressent leur silhouette massive dans le village, comme des tours de défense. Leur couleur ocre se détache dans cet univers si sombre, sans doute sont elles épargnées par les vents dominants. Pourtant, dans des photos anciennes, elles avaient une teinte tristounette de rose perçant à peine sous le noir collé. Prenons le pari qu'elles ont été repeintes voici quelque temps.

En retournant vers le village de Sainte Barbe-Ouggoug les rayons déclinants du soleil illuminent les collines comme une palette de couleurs. Les ombres s'allongent tels des fantômes envahissants, et mettent en évidence les « bornes » constituées de grosses pierres empilées et peintes en blanc. Elles sont ainsi disposées régulièrement tout au long de la route. A quoi servent-elles exactement ? Point ne sait. Décor, prestige, utilité routière ? 

Dieu ! Que ce paysage est beau, alignant les barrières montagneuses les unes derrière les autres, donnant un relief particulier à ce petit bout de pays insignifiant. Les maisons en cours de restauration s'incrustent en relief sur le fond. 

photo 10 le transformateur

Photo 10 le transformateur de Sainte Barbe-Ouggoug.

Pour regagner Ouarzazate, il faut passer devant le transformateur, traverser à nouveau le gué, afin de rendre la voiture et de me reposer après cette virée, dont j'ai omis de vous dire qu'elle avait commencéà Agouim en début d'après-midi. Eh oui ! Je ne saurais abandonner tous mes projets de retour à la terre promise. Un petit reportage en ce sens après la série « mines d'imini » ?

Retour à Boutazoult au printemps 2019 (saison 2)

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Jean-Yves TRAMOY donne une suite à son reportage publié ici le 25 juillet:

"Bou Tazoultis, enfin la suite que vous attendiez arrive. Retenez votre souffle : inévitablement, cette description de Bou Tazoult sera découpée en plusieurs épisodes, compte tenu de sa longueur et du grand nombre de photos expédiées, afin que la majorité des lecteurs y trouve son bonheur !  

Certains d'entre vous seront déçus parce qu'ils n'y trouveront pas ce qu'ils y cherchent intimement : leur maison et celle de leur voisinage.

Mais il y aura d'autres occasions, de ma part, et j'invite les autres visiteurs éventuels à se greffer à cette recherche, et à apporter leurs témoignages et leurs documents. Néanmoins dès aujourd'hui j'essaie de vous communiquer le maximum de documents en ma possession. Vous pourriez, en échange, fournir à l'ensemble des lecteurs, vos documents plus anciens pour établir des comparaisons, … ou exprimer des questions, des souhaits. 

Y a-t il des erreurs dans mon reportage ? Commentez, corrigez si besoin, je ne demande que ça.

Je propose même que ceux qui se rendent dans le sud marocain nous en informent (directement ou par la voie du blog), de façon à favoriser les échanges et à enregistrer les demandes de ceux qui ne peuvent s'y rendre."

Quitter Timkkit, c'est vouloir s'enfoncer dans le jebel vers Bou Tazoult distant de dix kilomètres. Mais quitter Timkkit c'est laisser derrière soi la beauté saisissante de ce site mêlant casbahs ouvrières et maisons traditionnelles dans leur écrin de mamelons caillouteux, pelés, d'un vert léger, au bord du premier parc arboré, tandis qu'au loin la chaîne de l'Atlas enneigée peine à se détacher sur un ciel d'azur pâle. Cela ressemble à Aït ben Haddou et son décor de cinéma. Quelle chance de pouvoir jouir d'un aussi bel ensemble au pied d'une exploitation minière ! Et cela symbolise bien ce que nous avons toujours ressenti en habitant dans les mines d'Imini : le travail a procuré une qualité de vie ! Un cadre bienfaisant, malgré l'effort, la sueur, les difficultés de toutes sortes ! 

Le-Village-minier-2019  Photo 1 le village de Timkkit.

A mi-chemin de Bou Tazoult, deux puits sont en activité : d'abord Assaoud, flanqué d'un petit puits secondaire, et Tighermit, LE PUITS, reconnaissable à sa haute cage, la fierté d'une époque révolue. Des puits que l'on est surpris et heureux de trouver à nouveau en exploitation, avec des ouvriers circulant autour, bien qu'on soit un dimanche. Peut-être une équipe d'entretien ? 

photo 2 le puits l'Aazib  Photo 2 le puits l'Aazib a pris de l'importance.

Bou Tazoult s'annonce d'abord par un puits agrandi, développé, presqu'en face de la célèbre bergerie du virage, affublée de « consoeurs » un peu plu loin vers le village. Nul doute que plusieurs troupeaux de moutons et de chèvres pâturent dans les collines environnantes quand la saison est favorable. Cette bergerie est l'un des symboles de Bou Tazoult, et ses concepteurs ont créé là un « monument » solide, malgré les années, sous la voûte naturelle abritant animaux et bergers ! Son enceinte de pierres protège encore l'enclos de moutons de l'incursion des prédateurs. 

photo 3 l'ancienne bergerie  Photo 3 l'ancienne bergerie.

Avant même le virage, sur la droite, les premières toitures affleurent la crête, avec un bouquet d'arbres faisant croire à une végétation dense, puis la chapelle et la piscine surgissent sur la hauteur, et encore d'autres maisons se détachent sur la terre rose. 

photo 4 les premières maisons de dos  Photo 4 les premières toitures apparaissent.

Le terrain est accidenté, raviné par les pluies. Dans cette portion, les seuls feuillus sont des eucalyptus, qui résistent vaillamment à toutes les agressions de la nature et des hommes, et renaissent à chaque fois, se rhabillant de feuillage pour camoufler leurs cicatrices.

A condition d'être bien sec, c'est un excellent bois de chauffage, qui met à mal les lames des scies et les chaînes de tronçonneuses, ceci explique cela. Les « bûcherons » malhabiles et mal équipés ne peuvent en couper que quelques branches, ou invalider le tronc sans succès, tandis qu'ils ont abattu sauvagement l'ensemble des arbres installés en terrasses surplombant les quartiers des villages. 

photo 5 l'érosion vers la route  Photo 5 l'érosion pluviale importante vers la route, sous l'oeil de la chapelle et de la piscine.

Des touffes épineuses rabougries courent sur le sol, captant et conservant les gouttes d'eau dans leurs racines. La survie, toujours la survie ! Alors, si ces plantes survivent, de petits animaux doivent certainement en profiter pour se nourrir et nicher dans des trous. Pourquoi pas nous ? Pourtant la suggestion d'une présence humaine permanente est tout à fait utopique. Comment faire sans eau courante, sans électricité ? Tout ce confort que nous avons connu, et dont nous serions bien incapables de nous passer maintenant, surtout à notre âge de cheveux grisonnants …

Les gardiens et les ouvriers du site n'ont pas le bénéfice de ce modernisme, ils vivent au contact d'une nature rude et sauvage, à l'aide de citernes d'eau livrées régulièrement, de groupes électrogènes indispensables à leur travail de mineurs.

L'oeil averti remarque les bornes en pierres blanchies citées précédemment, qui soulignent le chemin montant à Bou Azzer.

Sur les photos suivantes apparaissent les rangées successives des maisons du dernier quartier construit à Bou Tazoult, dont l'état dégradé d'une toiture contraste avec l'aspect quasi neuf des peintures extérieures, alors que les maisons sont inhabitées depuis longtemps.

Le quartier se dessine peu à peu, dégageant la vue jusqu'au cercle des ingénieurs, … ravagé par des vandales. 

photo 6 les premières maisons resplendissantes sous le soleil

Photo 6 les premières maisons resplendissantes sous le soleil. photo 7 une deuxième tranche du même habitat  Photo 7 une deuxième tranche du même habitat. 

Certains d'entre nous sont en mesure d'associer les habitations et d'en nommer leurs occupants. 

Furtivement nous glissons vers un quartier plus ancien, avec, sur la droite, une maison préfabriquée de la première mouture, et les premières maisons en dur. Deux palmiers se cachent derrière un eucalyptus décharné, et apportent un peu de diversité végétale. Le cercle des ingénieurs domine le quartier étiré dans ce vallon. 

Dans la maigre végétation, au sol des traces éparses témoignent des dernières recherches de minerai, effectuées au seul pic par des ouvriers tâcherons « flairant » le filon. Dans ce secteur l'une des premières descenderies de la nouvelle ère de recherches produisait quelques wagonnets de manganèse, au pic et à la sueur. 

photo 8 le quartier sous le cercle des ingénieurs

Photo 8 sous le cercle des ingénieurs. 

photo 9 la descenderie en 2010

Photo 9 la descenderie en 2010.

La photo suivante situe mieux les lieux, avec trois des repères remarquables de Bou Tazoult : le château d'eau de Bou Azzer, l'auvent de la piscine, la chapelle, sous laquelle on devine émerger la maison de l'ingénieur du jour Azam, ... et derrière le poteau affleure le toit de l'école. 

photo 10 les trois points de repère  Photo 10 les trois points de repère.

Nous sommes à proximité immédiate de l'école, et l'AVENUE goudronnée, rectiligne, bornée de pierres blanches, conduit au « centre commercial » du village, avec le borj sur la hauteur. 

photo 11 l'avenue  Photo 11: l'« avenue » menant à la cantine.

En tournant la tête à gauche, on suit le cours tari du ruisseau, serpentant jusqu'à un fossé démarrant derrière la cantine, et courant jusqu'à la bergerie, servant de « canal » d'évacuation des eaux usées. De fait, la palette des couleurs ravive nos souvenirs et ce que nous pouvions admirer quand le vent chaud ne nous recouvrait pas de cette poussière noire si pénétrante. Fin février, malgré le peu de pluies tombées cet hiver, la végétation, quoique rabougrie, reste verte. Ovins et caprins ont là une belle réserve de nourriture.  

photo 12 le ruisseau à sec

Photo 12 le ruisseau à sec.

En tournant la tête à droite surgit cette maison, un peu esseulée en bord de route. En fait elle a des voisines proches, mais les bâtiments sont suffisamment espacés pour autoriser des potagers à l'abri de haies de roseaux les protégeant des vents mauvais. Comme le chantait Verlaine dans son poème « Chanson d'automne » : « Je me souviens Des jours anciens Et je pleure Et je m’en vais Au vent mauvais Qui m’emporte Deçà, delà, Pareil à la Feuille morte »

Toutefois, ne baignons pas dans cette nostalgie, marquée par la tristesse, conservons plutôt le souvenir de ces périodes heureuses, dont les malheurs grands et petits cicatrisent avec le temps.  

photo 13 qui dans cette maison ?  Photo 13 quelle famille a vécu dans cette maison ?

Devant cette maison, un large plateau sur lequel se penchent des takaouts tortueux, à la recherche d'une source souterraine susceptible de les abreuver. Preuve que l'on pourrait conserver des arbres, voire même replanter certaines essences susceptibles de survivre dans cet univers ingrat. 

Des cailloux bordant les anciennes allées sont restés en place, mais le potager s'est desséché, pas même remplacé par des mauvaises herbes. Il serait facile de relancer une activité jardinière dans ce sol dont la terre est riche et reposée. L'eau, l'eau et tout repart … Ça coule de source ! 

photo 14 les takaouts tortueux  Photo 14 les takaouts tortueux.

Un regard en arrière pour ne pas négliger l'école, ce carré clos qui a abrité, dans ses deux classes et dans sa cour modeste, sous son préau, tous nos rires, nos facéties, nos apprentissages scolaires, nos réussites, nos échecs, tout ce que nous avons laissé derrière nous. Cette école a vu défiler plusieurs   « maîtres et maîtresses » venus y enseigner, souvent en couple, et ayant leurs propres enfants dans la classe sans doute. Ils ont fait un temps et sont partis ensuite vers d'autres horizons. Il serait intéressant de citer ceux que nous avons connus, et de narrer nos souvenirs les concernant. 

photo 15 l'école  Photo 15 l'école de nos jeunes années.

Sur la photo, un détail commence àéclairer LA DIFFICULTÉ MAJEURE que j'ai rencontrée en arrivant à Bou Tazoult. Au pied des arbres court un câble, solide, sans doute issu des tractions de wagonnets, un câble qui encercle le village en entier, qui en empêche l'entrée avec un véhicule. 

Il faut savoir que la mine est une propriété privée, et qu'une surveillance active y est effectuée au moyen de trois gardiens, … qui prennent leur travail à coeur, croyez moi. Ils ont une consigne, une seule : aucune pénétration d'étranger à l'intérieur de ce village moribond. Des actes de vandalisme ont été commis, que vous pourrez constater dans la suite des épisodes.

Le constat est là : je n'ai pas pu me rendre dans cette portion de Bou Tazoult, délimitée entre la route, l'école et la montée à la chapelle. Je n'ai pu photographier que depuis la montée. Mais vous aurez les photos, qui vous permettront certains repérages, … sinon vous feriez des caprices. 

photo 15 l'école

Photo 15 l'espace entre la maison et l'école.

L'espace entre la maison et l'école permet d'entrevoir d'autres maisons, dont vous serez plus à même que moi de dire quels en ont été les occupants. Le câble continue à courir plus loin. 

photo 16 les maisons jumelées voisines  Photo 16 les maisons jumelles basses.

Toujours le long de la route, des maisons basses jumelées font suite à la précédente, dont la plus éloignée a été occupée par la famille Pecoraro.

A la verticale de la chapelle, on note d'abord la maison Azam, puis le garage de la maison des médecins Mandrycka et Gorce (Decailloz en fin de présence européenne), et arrivée à la maison Magueur. La maçonnerie des murs de soutien et des escaliers semble neuve, pourtant elle a 70 ans ou plus.  

photo 17 sous l'église, dans la montée  Photo 17 de la chapelle jusqu'en bas.

En bas, derrière la rangée de bord de route, une maison surélevée, massive. Elle est desservie par la rue en terre qui distribue tout le quartier depuis l'école (et qu'on ne peut voir sur la photo). De mémoire elle a été attribuée à la famille du géomètre Magueur, et peut-être à la famille des instituteurs Le Gouic, curieusement deux familles du Nord-Finistère et du Sud-Finistère, où je les ai retrouvées. 

On remarque que les murs commencent à souffrir de l'humidité. Qu'en est-il de l'intérieur de cette maison « close » en permanence ? Un peu plus haut, des couvertures séchant à la fenêtre traduisent l'occupation d'une des maisons jumelées sises au-dessus du chemin de la chapelle, face à la maison du colonel Benoît. Maison occupée par un des gardiens du site ou par des travailleurs de la mine ?  

photo 18 maison Magueur  Photos 18 la maison Magueur.  

photo 19 maison Benoist Photo 19 la maison Benoist.

Presque une plate-bande verdoyante, signe d'une retenue d'eau en profondeur ? On arrive à l'intersection route-rue du quartier, non loin de la maison des époux Horn, cachée derrière le rideau d'arbres. La maison du colonel Benoist, citée précédemment, est à l'extrême droite, première sur le chemin de la chapelle. Le bâtiment de la « cantine » est au bout de la route goudronnée : on aperçoit le pignon du cinéma et les fenêtres du cercle des employés.  

photo 20 intersection route-rue du quartier  Photo 20 l'intersection route-rue du quartier.

Chaque maison, chaque mètre carré de terrain est porteur d'histoires, que seuls les anciens occupants peuvent raconter. A vos plumes Sergent Major, comme celles utilisées lors de nos premières années d'école primaire.

A la suite de cette visite bridée, une constatation s'impose. Les potagers, les cultures florales ont disparu, personne ne peut s'en étonner. Mais ce qui est frappant, c'est que toutes les maisons soient facilement visibles de toute part : toutes les haies de roseaux et autres végétaux ont été rasées. On sait que les roseaux sont suffisamment résistants pour tenir dans ce milieu hostile, et qu'ils l'ont fait depuis des dizaines d'années, et même qu'ils repoussent lorsqu'on les coupe au ras. 

Le fait est que ce « nettoyage » des roseaux est le résultat d'une volonté de supprimer tout élément pouvant cacher les bâtiments, afin de pouvoir les surveiller à tout moment et d'empêcher les interventions de cambrioleurs. C'est ainsi que la tâche des gardiens du site est facilitée.

Il faudra patienter jusqu'au prochain chapitre, le temps de rédiger, de choisir les photos, de mettre en page, mine de rien c'est chronophage.

Merci à Jean-Yves pour ce reportage, saison 2, entre passé et présent; il permet à chacun de caresser ses souvenirs.et de constater qu'une nouvelle vie pénètre progressivement dans ce que furent nos maisons. A sa suite, partageons nos souvenirs

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