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VISITE DES MAISONS DE BOUTAZOULT AU PRINTEMPS 2019, 3ème tableau

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Jean-Yves TRAMOY pousuit le récit de sa visite, par un troisième chapitre illustré et s'adresse à ses contemporains:

Bonjour  à tous, anciens iminiens et amis de toujours,

Je n'ai pu tenir ma promesse de faire paraître la suite de mes reportages sur Bou Tazoult aussitôt après les articles sur Sainte Barbe-Ouggoug, sur Timkkit et sur l'arrivée à Bou Tazoult. Il faut dire que chaque jour m'apporte un lot de petits travaux à réaliser à la maison (avez-vous déjà attaqué le tri et le rangement délaissés depuis plus de 40 ans ?), d'autant que ma vitesse d'exécution n'est plus aussi rapide qu'avant.

Oui, certains d'entre vous sont peut-être déçus d'avoir patienté plus longtemps que prévu pour découvrir ce nouveau chapitre, … mais il m'a fallu écrire (ça va encore), mettre en page (un peu de travail), et annoter les photos (ça m'a pris plus de temps que je ne le pensais, en corrigeant sans cesse des erreurs. Et c'est loin d'être parfait). Pas facile de se repérer sur le plan d'urbanisme. Depuis mon départ en 1968, des maisons ont été construites, et toutes sont apparues dans leur nudité minérale : finalement beaucoup de changement ! 

=> Note après rédaction et parution de l'article (début août 2019) : je réalise soudain que le plan d'urbanisme existe, à la disposition de chacun, en permanence. Il suffit d'aller sur Google map et de copier, de grossir, d'agrandir, … et tout simplement de regarder l'emplacement des bâtiments. Que n'y ai-je pensé plus tôt ? Sans aucun doute mon incompétence en informatique !

Comme nous l'avons vu dans l'épisode précédent, se promener dans le village de Bou Tazoult est devenu difficile. En premier lieu mon temps de redécouverte est toujours raccourci par de nouvelles rencontres, et, de plus, je ressens l'impression de ne pas pouvoir m'y promener en ancien iminien, mais plutôt en étranger dans un village qui fut le mien. La sensation d'un « fantôme » revenu sur les lieux de sa vie terrestre antérieure … Si le village était encore habité par ses anciennes familles occupantes, elles auraient vite fait de me traiter de zombie !

Néanmoins le plaisir de fouler à nouveau la terre d'Imini, de parcourir le site, de retrouver les maisons, tout ça compte beaucoup pour le visiteur fugace que je suis en ce dimanche après-midi. Il ne manque que les odeurs, les bruits, le frémissement des arbres. Le ciel est d'azur, comme au plus beaux jours de l'été : les couleurs en profitent pour se montrer au meilleur de leurs nuances, celles qui faisaient le bonheur des artistes peintres (Mr ROMANO et Dr GORCE) et des photographes (Mr CIRRITO, Mammie Paulette) entre autres, parce que nous sommes tous partis avec des clichés de notre vie à Imini et dans ses environs. Quand bien même nous n'aurions pas de photos, ne croyez-vous pas que les paysages seraient gravés dans notre mémoire ?

Aujourd'hui, mon plaisir est rehaussé par le fait d'être accompagné par un ami, un grand ami, un ancien copain de l'école marocaine dans la classe de Mr ROMANO, un témoin de la vie iminienne où il a déroulé toute sa vie professionnelle : Hamma ALAYA. 

photo 1 L'ami ALAYA Photo 1, l'ami ALAYA.

Pour faciliter leur reconnaissance, et donner la possibilité aux lecteurs d'en nommer les occupants successifs, j'ai tenté d'attribuer un numéro permanent aux maison identifiées. J'ai quand même commis quelques erreurs, par oubli ou par confusion. L'« abattage » de la végétation a découvert des maisons dont j'avais oublié l'existence. Donc, il y a des erreurs ! Je compte sur vous pour m'aider à les corriger. Régine a eu la gentillesse d'identifier certaines maisons du chapitre précédent.

Sur le site il y a eu, au cours des années, une rotation des employés : les familles s'agrandissaient, les départs et les arrivées provoquaient inévitablement des déménagements. 

photo 2 le câble de clôture Photo 2, le câble de clôture.

Le village est bien bouclé : c'est vérifié dès la première photo. Aussitôt arrivé au carrefour de la patte d'oie, un câble affublé de bidons barre l'accès.

Après quelques palabres menées par Hamma ALAYA, le gardien m'invite courtoisement, mais fermement, à garer le véhicule en bord de route et m'autorise à parcourir le village à pied. Je m'exécute et entame aussitôt la montée vers la chapelle, montée bordée elle aussi de pierres blanches. Une fois la végétation disparue, il est plus aisé de voir les maisons, il y en a même que je vois pour la première fois, dissimulées qu'elles étaient auparavant derrière leur palissade de roseaux. Une chose est sûre : elles ont été repeintes récemment, même si des traces d'humidité persistent sur certaines façades. Notre amie Régine, passée en 2017, et Mohsine, passé en 2018, nous confirment que le travail était déjà fait. Curieux, pour un village abandonné ! 

photo 3 la maison du colonel Benoist  Photo 3, la maison du colonel Benoist.

Massive, haute, carrée, la maison du colonel BENOIST (et de son épouse Clara) est là, à droite. Elle a été aussi occupée par l'ingénieur du fond BOUHTOURI, devenu plus tard le directeur d'exploitation, à la suite d'Abdou KETTANI.

En face : une des deux maisons jumelles, surplombées par la maison AZAM. Sur la droite, apparaît la maison des Drs MANDRYCKA et GORCE, puis DECAILLOZ. Le chemin semble en bon état, pourtant il est creusé d'ornières, et, pour la sécurité des visiteurs, le 4x4 est fortement conseillé. 

photo 4 la maison des premiers médecins Photo 4, la maison des premiers médecins.

C'est une des maisons les plus tristes de Bou Tazoult, parce que sa rénovation n'a pas résisté aux assauts météorologiques. La toiture goudronnée se délite, et on peut craindre pour l'intérieur. Des tâches et des cloques apparaissent sur les murs, seule la terrasse reste immaculée. Les herbes batifolent dans le jardin, mais le mur de soutien de la route semble solide. De là on domine le quartier de l'école, aperçue en fond. Ici nombre d'entre vous redécouvrent leur domicile et ceux de leurs camarades de jeux, et peuvent renseigner les numéros indiqués. Les familles se sont succédées dans ces maisons, là aussi il serait intéressant d'en connaître les occupants successifs. 

photo 5 le quartier de l'école  Photo 5, le quartier de l'école.

N° 2 IBANEZ, n° 4 MOQUAIS, n° 7 MAGUEUR, le géomètre. L'intimitéétait parfois poussée à l'extrême, et autrefois seules les toitures dépassaient des haies, tandis que maintenant … les espaces se dessinent largement. Difficile d'en citer leurs occupants, à moins d'avoir habité le quartier. Si le nom des occupants est intéressant, leur rôle au sein de la mine ne l'est pas moins : précisez le, ainsi que leur période de présence à Imini.  

photo 6 le quartier sous la maison des médecins Photo 6, le quartier sous la maison des médecins. 

On prolonge le parcours dans la rue inférieure, vers la route (15 PECORARO).  

photo 7 le quartier Pawlak Photo 7, le quartier Pawlak.

N° 3 SANCHEZ, n° 4 MOQUAIS, n° 16 PAWLAK (oubliée : LAZARO ?).  

photo 8 l'arrière vallée  Photo 8, l'arrière vallée.

N° 18 c'est quoi ce bâtiment ? Des garages ? N° 19 et n° 20 KLIMANEK et DANKOWSKI ou DANKOWSKI et KLIMANEK, les deux familles apparentées, avec leurs enfants Viviane et Jacques d'un côté et Sylviane de l'autre ? Après, dans tout le fond de la vallée, je n'ai pas de repère.  

photo 9 Serbini-Iachella Photo 9, Serbini-Iachella.

N° 21 La villa de la famille SERBINI, ingénieur du jour (André, Claude et leurs trois enfants : Michel, Isabelle et Delphine) à laquelle ont succédé les IACHELLA (André, Hélène et leur fils Patrick), et une maison que j'avais oublié de lister. Nommons la X.  

photo 10 Iachella-Piquemal-Lacau Photo 10, Iachella-Piquemal-Lacau.

N° 21 SERBINI-IACHELLA, n° 22 famille PIQUEMAL (ingénieur du jour), n° 23 Mr LACAU (sans doute natif du Maroc, et dont les parents avaient une ferme vers Meknes ?). Admirez, tout au long de l'article, les nuances de terre allant du rose le plus pâle au presque rouge, nullement transformées par la prise de vue. 

photo 11 le cercle des ingénieurs éventré  Photo 11, le cercle des ingénieurs éventré.

Le mini-golf a disparu sous les coulées de boue, les baies sont éventrées, la rambarde de la terrasse s'est « envolée ». Ce très beau bâtiment aux lignes dépouillées, conçu comme une maison contemporaine, ne déparerait pas aujourd'hui encore dans un environnement moderne. De mémoire, l'intérieur comportait une cheminée à double foyer, et le mobilier était d'inspiration scandinave, avec des fauteuils en fil d'acier. De la terrasse la vue embrassait toute la vallée jusqu'aux pentes lointaines du jbel Siroua. 

photo 12 la maison Azam Photo 12, la maison Azam.  

photo 13 neige et terrils depuis la maison Azam Photo 13, neige et terrils depuis la maison Azam.  

photo 14 sous la protection de la chapelle  Photo 14, sous la protection de la chapelle.  

photo 15 le jardin Azam  Photo 15, le jardin Azam.

Suivent plusieurs photos de la maison de l'ingénieur du jour Marcel AZAM et de son épouse Claude, parce que nous étions proches des enfants Luc et Christophe avec lesquels nous partagions des journées de jeux. J'aimerais qu'ils découvrent le blog et prennent connaissance de tous ces moments inoubliables de notre jeunesse, mais comment les contacter ?

Leurs dépendances, dans lesquelles nous jouissions d'un espace réservé aux enfants, semblent bien abîmées. Située sur une aire assez vaste sous le plateau de la chapelle et la piscine, la vue y est dégagée sur le Blanc et le Noir : sur les montagnes enneigées et sur le terril des stériles.

Sur ce même palier, au bout du jardin : la maison COTTIN dont le père, Auguste, était responsable de la laverie (son épouse Anne-Marie et leurs enfants Jean et Annie), lui fait face.

L'urbaniste de Bou Tazoult avait su tirer le meilleur du terrain en traçant des terrasses descendant depuis le plateau de la « chapelle-piscine-terrain de tennis », et épousant les courbes des collines. Il est à noter que, malgré l'érosion due à la pluie et au vent, la terre, malgré le glissement inévitable de ces terrasses, n'envahit pas les espaces inférieurs. On aurait pu s'attendre à un éboulement général des pentes de terre et à un recouvrement des jardins par des coulées de boue. Rien de tout ça malgré les ans et l'abandon du site. Certains endroits sont un peu plus sales que d'autres, mais l'évènement le plus sérieux est une forme de sècheresse continue, de laquelle ne sortent vivaces que les espèces végétales les plus résistantes, celles adaptées à ce climat rude : froid l'hiver, chaud l'été. Encore que cette année 2018-19 ait été plutôt clémente en température. 

photo 16 sous la maison Azam Photo 16, sous la maison Azam.

Ma voiture de location, blanche, m'attend à la patte d'oie, en bord de route, en dessous de la maison du colonel BENOIST ; les maisons N° 31 et 32 sont celles où des couvertures pendaient à la fenêtre. Les n° 33 et 34 se situent en bordure de la « place de France », comme Mr DECAILLOZ père aimait à appeler ce plateau équipé de garages près de la maison jumelée DECAILLOZ-WOJCIEKOWSKI

photo 17 face au borj Photo 17, face au borj.

Ce panoramique balaie le borj, la plaine des sports, le cinéma, le cercle des employés, la « cantine », le village marocain, et un lot de maisons individuelles ou jumelées. Le paysage, avec sa végétation dépouillée, ramène aux débuts d'exploitation de la mine dans la fin des années 40, avec la construction des maisons au milieu de terrains encore vierges, l'époque à laquelle Mammie Paulette JUIF est arrivée parmi les premiers occupants. Quand je regarde cette photo, il me vient la furieuse envie d'apporter aux jardins l'eau dont ils ont besoin, pour les voir renaître et produire leurs légumes, leurs fleurs, leurs arbres fruitiers. Il suffirait de cela pour que reprenne vie cette bourgade endormie.  

photo 18 la maison Cottin et le chateau d'eau Photo 18, la maison COTTIN et le château d'eau.

Face à la maison AZAM : la terrasse couverte de la maison COTTIN, une maison complexe puisqu'elle a abrité la famille COTTIN, mais aussi une chambre pour le père Norbert, et surtout, d'après le témoignage certifié de Joseline, la première école dirigée par Mr LAMANDA (nom d'origine bretonne). 

Après la fermeture de la mine, ce bâtiment a été muré pour assurer le stockage des meubles collectés ici et là. C'était une maison au charme particulier grâce à cette terrasse, qui servait de préau à l'école primitive, et dont la façade latérale ouverte sur la mine offrait une vue splendide.

Le château d'eau de Bou Azzer, gardien perché sur la colline, laisse perler quelques gouttes pour abreuver les pauvres arbres survivants qui courtisent sa base. Il pleure la désertion des habitants, et son abandon dans ce désert minéral, et il rêve sans doute de retrouver son lustre ancien et sa fonction de réservoir de vie pour tous les villages environnants.

photo 19 la cloche est-elle partie à Rome ?

Depuis la disparition de la cloche de la chapelle et le départ du muezzin le silence nappe le village, brisé seulement par le pépiement de petits oiseaux furtifs gazouillant dans les cyprès et les lauriers-roses. 

Photo 19, la cloche est-elle partie à Rome ?

Cette cloche qui a rythmé les dimanches de messe, les jours de cérémonies religieuses s'est envolée. Madame RIVE avait apporté avec elle une cloche de remplacement (reportage paru antérieurement), malheureusement elle a été dans l'obligation de la rapporter en France. 

photo 20 retour sur la vallée Photo 20, retour sur la vallée.

Un dernier coup d'oeil sur le fond de la vallée, ne serait-ce que pour mieux repérer les maisons sous un autre angle. De haut, une meilleure vision ? Au pied de la chapelle, les crevasses entament la croûte du sol, … et ensevelissent à tout jamais les reliefs des vitraux brisés et jetés là. J'en ai préservé quelques morceaux, et ainsi j'ai pu apprécier l'épaisseur du verre, dont les teintes délicates sont pérennes, oeuvre de Dom BOUTON. Peut-être que d'autres que moi, rendant visite au monument, penseront à agir de même …

Sur cette photo, les plus érudits trouveront les numéros manquants de maisons et pourront nous fournir des renseignements sur leurs occupants, accompagnés d'anecdotes. 

photo 21 la bergerie et le transformateur Photo 21, la bergerie et le transformateur.

Près du lacis de pistes, dans ce paysage dénudé, la surprise est toujours d'y découvrir une bergerie dont les ovins et les caprins « rongeront » la moindre touffe épineuse et « nourriront » la terre de leurs déjections. Le petit transformateur dressé en bord de route est chômeur depuis la désaffection de la ligne électrique venant de Sainte Barbe-Ouggoug. Il aimerait pourtant reprendre du service et voir s'animer le ruban goudronné menant à la mine. 

photo 22 la CANTINE, monument iminien  Photo 22, la CANTINE, monument iminien.

 

Le bâtiment dit de la cantine, imposant dans ses mesures dignes de celles d'une cathédrale, abritait plusieurs activités.

Tout le monde se souvient du cinéma, volumineux, qui servait aussi de salle de bal pour la fête nationale française, pour le goûter-cadeaux de Noël, pour les bals, et pour toutes les manifestations importantes. Les séances de projection étaient très prisées de la population, qui trouvait là une distraction unique dans le sud (et encore unique en 2019 : Ouarzazate, cité du cinéma, 80.000 habitants, ne possède toujours pas de salle obscure).

Plusieurs gérants se sont succédés dans la cantine voisine (TOURNIER, REINA, SABATHIÉ, BRALLET, dans le désordre peut-être ...), qui remplissait le rôle de bar-tabac restaurant, et accueillait volontiers les stagiaires et visiteurs dans quelques chambres dont l'étage voisinait avec le cercle des employés. Au rez-de-chaussée l'épicerie tenue par le gérant de la cantine était proche de l'autre épicerie tenue par Allal ABOU LAMER (parti ensuite à Marrakech tenir un restaurant à proximité immédiate de Jemaa el Fna).

Et dans le couloir séparant les deux bâtiments, la fabrique de glace a fonctionné tant que les réfrigérateurs n'ont pas pris l'ascendant sur les glacières initiales.

Des maisons bordent la route, face à la cantine. A gauche la modeste maison des célibataires où notre ami ENNOUCHI, maître principal de la bascule avait son logement, Puis la maison surélevée de la famille PEREZ, et plus loin (40) celle occupée successivement par les familles ABOU LAMER et BEN TALEB. 43 et 44 étaient respectivement les domiciles de la famille d'origine espagnole GONZALES, et des TEYSSIER, Yvon l'infirmier et de son épouse Pierrette.

L'école marocaine aux nombreuses classes, toute en longueur est proche de la maison de son directeur (45), Mr ROMANO (Roch-Louis, son adjointe et épouse Anièce, leur fils Jean-Louis).

Les maisons jumelées 48 et 49 cachent une maison individuelle placée entre elles et celle de Mr ROMANO, (la 50 des familles BERARDI, puis BERKOU). Elles ont connu les familles SABATHIÉ, BRISMÉE, et tant d'autres. D'autres jumelles abritaient les familles DECAILLOZ (41) et WOJCIEKOWSKI (42). La famille HEBBAZ, apparentée aux BERKOU, occupait la 51.

Le borj s'est vu adjoindre une nouvelle route partant du site de la laverie disparue, pour éviter de retaper celle d'origine, toute défoncée.  

Photo 23 le lointain nu après les villages Photo 23, le lointain nu, après les villages.

Le village est encerclé par le djebel et ses collines successives. La piste traversant le carreau de la mine, et menant vers le Tidili, peut prolonger l'envie de randonnées jusqu'à Agouim par l'arrière pays.

Il me revient à ce propos, pour les avoir empruntées à plusieurs reprises, un souvenir d'invasion de sauterelles. Des nuées serrées cachaient le ciel, et se posaient au sol en un bruit de crécelle assourdissant, … et faisant peur à l'enfant que j'étais alors. Mon père m'avait emmené sur la piste du Tidil, dans son pick-up bleu de service, et nous écrasions des kilomètres d'insectes, tandis que des milliers finissaient leur vie sur le parebrise. Arrivés à la maison, nous les avons vus tapissant le sol, avançant en rangs serrés, dévorant tout sur leur passage en un éclair, et laissant derrière eux la terre nue, parsemée de rares brindilles décharnées. Le bruit des cigales est plus musical et charme les oreilles autant que le craquement produit par les sauterelles est infernal et apocalyptique. A Imini, j'ai eu deux fois l'occasion de vivre ce phénomène. Nous utilisions, en pure perte, le feu et la fumée dans des grands bidons de carburant, ainsi que des vaporisateurs d'insecticide, qui n'ont tué qu'une très infime partie des envahisseurs. Après qu'elles aient dévasté tous les environs, elles repartaient en vol grégaire vers d'autres horizons où la végétation tremblait déjà de peur. 

Photo 24 les maisons chères à mon coeur Photo 24, les maisons chères à mon coeur.

Sur le plateau supérieur, dont la boucle se termine face à la maison COTTIN, trônent deux maisons que nous avons occupées à tour de rôle, d'abord la 53 dans laquelle nous a succédé la famille suisse de l'ingénieur du jour JAN (son fils Yves). En avons-nous été les premiers occupants ? Je ne saurais l'affirmer, mais je me souviens des travaux de jardinage pour installer une haie de roseaux, de lauriers-roses et quelques arbres fruitiers.

Puis nous sommes partis dans la maison 52, en lieu et place des familles d'ingénieurs du jour RIVE et PELISSIER. La maison a été agrandie d'une chambre après la naissance de ma quatrième soeur.

Entre ces deux dernières maisons, dans le creux du vallon, la maison 54 a connu Mr MOQUAIS, je crois, après qu'il ait quitté la 4, près des SANCHEZ.

Ainsi finissent ces « retrouvailles », très partielles, avec le village principal des mines d'Imini. Mais il nous reste encore à pénétrer le cinéma, la « cantine », les commerces attenants, le village marocain avec son école, sa mosquée, ses commerces, le borj, la mine …

"Est-ce de ma faute si, à chaque passage, je me fais « kidnapper » par des amis pleins de bonnes intentions et qui insistent pour me recevoir chez eux, raccourcissant singulièrement mon temps de reportage ? Pourtant je ne m'en plains pas, trop heureux de profiter de leur hospitalité légendaire et de partager avec eux leur amitié et les souvenirs qui nous tiennent à coeur.

Puis-je compter sur vous pour apporter des commentaires, des anecdotes, des corrections si besoin ? Ce village a vécu AVEC vous, grâce à vous. Mais il n'y aura pas de meilleur « reporter » qu'un écrivain marocain pour alimenter le blog sur le village marocain … Avis aux volontaires."

Pour d'éventuels commentaires, vous pouvez copier les photos sur le blog et les renvoyer annotées en surcharge. C'est plus facile pour la compréhension des corrections et commentaires.

Toutes les photos, annotées et exposées ici, sont disponibles vierges sur simple demande à l'auteur.


Bou Tazoult, VILLAGE OUVRIER

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 Dans la grande série « les villages des mines d'Imini »

Bou Tazoult, village ouvrier.

photo 1 vue générale de Bou Tazoult cliché Bertrand Marrakech 1962photo 1: vue générale de Bou Tazoult photographe BERTRAND Marrakech 1962

Une belle « forêt » encore naissante agrémente le paysage.

Avertissement de l'auteur : la jeunesse a l'excuse de la jeunesse, elle amplifie les impressions, transforme les souvenirs, exalte les faits. Que le lecteur lui pardonne les erreurs « poétiques » et les corrige par ses commentaires bienvenus.

Une promesse est une promesse, je la tiens aujourd'hui. Certains souhaitaient lire au plus vite la suite de mes précédents articles. J'y avais numéroté les maisons à ma façon, pour que chacun puisse repérer la sienne ou les siennes, tant il est vrai que beaucoup d'entre nous ont changé de domicile pour cause d'agrandissement de la famille.

Mais la vie réserve des surprises. Vous savez que, depuis longtemps, je suis un « chasseur de têtes » iminiennes. J'obtiens, grâce à mon entêtement et à des contacts privilégiés (que je tairais ici), des résultats dont je fais profiter l'ensemble de la communauté iminienne. Il n'y a pas d'ostracisme, chacun a droit à sa part s'il est équipé d'internet, et s'il ne la refuse pas. Ca n'est pas encore arrivé, mais tous les goûts sont dans la nature. Chacun a ses raisons !

Pour ce reportage portant sur l'urbanisme des mines d'Imini, des surprises viennent d'un document (daté de 1965) retrouvé dans les archives de mon père, et surtout d'une collection de clichés datant de l'année 1962 tirés de celles de l'ancien directeur d'exploitation André GORICHON. Comme je le faisais remarquer à Olivier GORICHON, qui les met à notre disposition aimablement, nous possédons tous des trésors enfouis dans nos albums, classeurs, placards, greniers, caves, laissés de côté. Nous en avons  connaissance, … ou pas. Parfois ce sont des documents familiaux, d'autres fois professionnels, ou touristiques. Mais ils ont tous leur intérêt pour tisser ou retisser la toile entre nous : les particularités de l'un servent aux autres pour recoudre leur propre histoire. Faisons abstraction de nos différences, de notre timidité, de notre pudeur, mettons en commun ces pièces qui sont le MUSÉE de notre existence. Ce musée a étéévoqué déjà dans des articles précédents pour être constitué avec les matériaux et matériels réformés de la mine, mais celui-ci, beaucoup plus virtuel et mémoriel, est facile à mettre en place, si nous acceptons de « transmettre ou prêter » ce que nous possédons dans nos bibliothèques, dans nos armoires, dans notre mémoire. Même des photos de familles peuvent éveiller en nous des souvenirs ou nous donner des renseignements sur les modes de vie. Pierrette TEYSSIER, en son temps, avait manifesté la volonté de nous transmettre la collection inestimable Noir et Blanc de son mari Yvon.

Les surprises survenues depuis peu m'ont obligéà corriger mon écriture, à modifier mon exposé sur l'urbanisme des mines d'Imini, urbanisme dont je suis un fervent admirateur, mais qui, pour moi, n'est qu'un puits de questionnements, n'en connaissant ni l'instigateur, ni le(s) concepteur(s), ni le(s) bâtisseur(s). Ici, je m'appuie sur le plan officiel de l'implantation datant de 1965 (tout y est numéroté officiellement, suivant l'ordre de construction m'avait assuré Jean-Marie DECAILLOZ), et j'illustrerai à l'aide de ces plans dressés par les géomètres et dessinateurs de la mine, agrémentés de photos tirées de la collection TRAMOY (photographe PIGNEUX Marrakech 1954) et de la collection GORICHON (photographe BERTRAND Marrakech), ainsi que d'autres « piochées » sur des blogs. Note de l'auteur : je me suis permis cette liberté au nom de l'intérêt de tous les lecteurs, y compris des auteurs de ces photos, que je remercie ici.

Une dernière précision : depuis 1965, peu de changements sont intervenus, la grande épopée de construction arrivait à son terme, nous verrons peut-être si d'aucuns viennent me contredire sur ce point. Ce que j'apprécierais.

Aborder les mines de l'Imini nécessite de remettre en mémoire les sites, les noms.  

photo 2 plan de la concession minière

photo 2 : plan de la concession minière en 1965

Cette vue d'ensemble indique les oueds (plus ou moins constants suivant une pluviométrie inégale), les routes et pistes, les limites de la concession minière, les altitudes, … Une mine d'informations dans laquelle les cours d'eau donnent leur nom aux lieux, Tidili, Bou Azzer, Timkkit, Boulgir, … On reconnaît le tracé sinueux des oueds secs, que nous traversions ou longions sur la route reliant Sainte Barbe, ou lors de nos courses dans les villages.  

photo 3 plan du village ouvrier

 photo 3 : Bou Tazoult, plan du village ouvrier, photo Pigneux Marrakech 1954

Bou Tazoult est le chef lieu des mines, centre des infrastructures techniques, et draine la majorité de la population dans le village marocain d'une part et dans le village européen d'autre part, autour des écoles, du bloc cantine-cinéma-commerces, … 

NDLR : curieusement, sur le plan le village ouvrier est intitulé« village n° 1 », tandis que le village européen, que nous verrons plus loin, est intitulé« village n° 0 ».

Cette vue panoramique, prise de la colline de Bou Azzer, embrasse l'essentiel des installations minières avec, de l'avant vers l'arrière, à gauche : la bascule, la laverie, la centrale électrique, les magasins. Sur la droite du pont : les trémies de chargement, le parc à bois, les ateliers. Tout au fond, dans la lumière, on distingue le puits de Tifersine. 

Au plus près des services techniques de la mine, dont nous ferons abstraction dans cet exposé, et de l'exploitation proprement dite (la première descenderie), le village des familles d'ouvriers occupe les flancs du jebel, en face de la laverie, et se déploie au pied de la colline de Bou Azzer. Il est l'exemple de toute cité minière typique se voulant source d'égalité parfaite et symbole de solidarité : les logements y sont collés les uns aux autres, strictement identiques, alignés avec harmonie non loin du site du travail quotidien. A l'origine, ils ont été peints avec ce rose joyeux qui caractérise le site d'Imini, mais qui subit au fil du temps l'avilissement du noir minerai.  

photo 4 vue panoramique des installations minières et du village ouvrier cliché Pigneux Marrakech 1954

 photo 4 vue panoramique des installations minières et du village ouvrier, cliché Pigneux Marrakech 1954

Les barres d'habitation, doublées dos à dos, sont parfaitement alignées, épousant les pentes dirigées vers les rives de l'oued, arborées de Takaout Beldia et de petits buissons épineux que les ovins viennent brouter, et dans lesquels les enfants viennent jouer. Au premier plan, un îlot de commerces occupe la place centrale, agrémenté d'une galerie les protégeant de la chaleur. Deux autres séries de commerces sont situées plus haut en bout d'une rangée de logements.

En 2020, malgré leur abandon, les bâtiments résistent vaillamment aux intempéries et aux effractions, construits avec soin, avec des matériaux de qualité : les pierres apparaissent entre les plaques d'enduit ciment déchirées. Tout est encore debout, disponible pour de nouvelles familles. Des mineurs ? Qui dit mineur dit extraction, d'où présence de minerai suffisament riche et abondant pour être exploité. 

photo 5 vue des commerces vers le village européen, cliché Pigneux Marrakech 1954

 photo 5 vue des commerces vers le village européen, cliché Pigneux Marrakech 1954

Sur la gauche de ce cliché, on devine la constitution du logement ouvrier type, avec une courette précédant deux ou trois pièces d'habitation. Chaque logement adopte le style local, avec une porte cintrée de style islamique. Cette rangée aboutit au minaret de la modeste mosquée, surplombant le centre du village, siège de la salle de prière, de l'école coranique dirigée par un fqih dont les petits élèves étaient effrayés par la badine « caressante » sitôt qu'une erreur était repérée dans la récitation des sourates. 

Le gros bâtiment central est celui des commerces sous arcades. Le dos du bâtiment est réservé aux douches « municipales » reconnaissables au tas de bois de chauffage pour la production d'eau chaude : un grand progrès en cette année 1954. Cet établissement devait vraisemblablement avoir un règlement d'utilisation, comme pour les hammams, fixant les horaires répartis entre les femmes et les hommes. Pour les commodités hygiéniques, des édicules servant de toilettes sont répartis en plusieurs points du village.  

photo 6 les arcades commerciales et la fontaine-lavoir en 2010, cliché Tramoy

 photo 6 les commerces et la fontaine-lavoir en 2010, cliché Tramoy

photo 7 arcade vers la boulangerie en 2010, cliché Tramoy

Conçu pendant les années 40-50, le plan d'urbanisme ne néglige rien, mettant à disposition des ménages des fontaines-lavoirs pour y prendre l'eau et laver le linge en commun, comme on le voyait naguère dans nos villages européens. Lieu de vie, de rencontres féminines, de bavardages, … et sans doute point de départ de « chikayas ».

photo 7 arcade des commerces en 2010, cliché Tramoy. 

photo 8 couloir des arcades en 2010, cliché Tramoy

photo 8 couloir des arcades en 2010, cliché Tramoy

Au coeur du village la vie se distribue autour des trois galeries de stalles commerciales où les épiceries, légumes, boucheries, bazar, tissus drainent leur clientèle, tandis que la boulangerie et des boucheries ont traversé l'oued, proches de gourbis rassemblés là pour abriter des travailleurs n'appartenant pas au personnel de la SACEM. Cette boulangerie mériterait à coup sûr un exposé sensoriel : on la humait depuis 50 mètres ; attiré par les odeurs de pain cuisant au feu de bois, on accédait au fournil en descendant quelques marches. 

photo 9 ruelle donnant sur la boulangerie envahie d'herbes folles, cliché des blogs

photo 9 la ruelle de la boulangerie désertée et envahie d'herbes folles, cliché issu des blogs  

photo 10 Si Bousta l'unique commerçant en 2010, cliché Tramoy

 

photo 10 Si Bousta l'unique commerçant en 2010, cliché Tramoy

Lorsque l'exploitation a cessé, les familles s'en sont allées, le village s'est vidé, ainsi que tous les commerces  SAUF UN, qui a résisté jusque dans les années 2010 : Si Bousta, qui servait de bazar et d'épicerie bien fourni. Il assurait le service des villageois lointains, et a eu raison de maintenir son commerce puisque l'exploitation a repris avec des tâcherons. Un temps il a émigré dans l'économat de la cantine, puis est parti installer son commerce à Timkit. Un article lui a été consacré sur le blog précédemment, dans lequel nous racontons nos échanges avec cet homme très sympathique (« 26 mai 2011, Bou Tazoult, le rouge te va si bien ! » et 10 août 2016 «  Des iminiens s'installent à Marrakech »)  

 

 photo 11 la première école, cliché Pigneux Marrakech, 1954 

photo 12 les préfabriqués et la mosquée en 2010, cliché Tramoy

 

 

photo 12 les deux rangées de préfabriqués en 2010, cliché Tramoy

Au village original des années 50 sont venues s'ajouter deux rangées de bâtiments en préfabriqué installés entre celui-ci et l'école de Bou Tazoult. Le groupe scolaire sert de démarcation entre quartier ouvrier et quartier européen. Et c'est logique puisqu'au début il fut le premier bâtiment de scolarité construit, avec une entrée de chaque côté tournée l'une vers le village ouvrier, l'autre vers le village européen. La moitié des classes est dévolue aux enfants marocains, l'autre moitié aux européens, toutes se remplissent vite, les candidats sont nombreux. Sur le cliché de 1954 on voit un ancien camion GMC chargé de minerai, sans doute venant de la bascule et partant pour les lacets du Tichka ou le téléphérique d'Aguelmous. Notons que le château d'eau de Bou Azzer n'existe pas encore. Les plantations vont bon train, les ouvriers s'activent çà et là, et le plateau du tennis a été aplani.

A l'école exercent le directeur Roch-Louis Romano, ainsi que son épouse Anièce, et des maîtres marocains. 

photo 13 Mr Romano en exercice cliché Pigneux Marrakech 1954

photo 13 Mr Romano en exercice, cliché Pigneux Marrakech 1954

Cette école est un tremplin de réussite pour de nombreux élèves, autant filles que garçons, qui ont bénéficié là d'une éducation, d'un enseignement de haut niveau et de l'opportunité d'une ascension sociale rapide. Les témoignages de reconnaissance, reçus par Mr Romano, encore aujourd'hui, viennent de professeurs de faculté, de syndicalistes, de chefs d'entreprise, d'enseignants, d'infirmiers, etc … tou(te)s issu(e)s de cette formation scolaire iminienne. 

Pour l'histoire, la mixité est assurée, la fillette au tableau est Fatima El Mekki, tandis qu'un élève plus curieux que les autres lorgne du côté du photographe. Il se reconnaîtra, … et se dénoncera peut-être. Belle harmonie de classe où l'écriture est mise en avant et la discipline imposée. Je peux témoigner que Mr ROMANO a conservé son écriture magnifique, et si nos ministres de l'Education nationale pouvaient s'en inspirer, au lieu de privilégier des méthodes d'apprentissage radicalement désastreuses pour l'orthographe … On nous ferait croire que, maintenant, la moitié des élèves sont dyslexiques. Félicitation aux élèves d'origine marocaine qui ont appris en même temps l'alphabet arabe et l'alphabet latin, avec les langues correspondantes. Leçon à tirer ??

Digression de l'auteur : en 1958-59, j'ai eu le privilège de fréquenter cette école, de me découvrir des amis marocains, en compagnie de Jean-Louis et de Françoise. J'en ai conservé d'excellents principes d'approche inter-ethnique, beaucoup de souvenirs agréables et de relations fructueuses depuis ce CM2, qui perdurent. Il est vrai que d'être issu d'une lignée de mineurs de charbon à la fois du Pas de Calais et de Bourgogne facilite l'adaptation et la camaderie.

La première maison jouxtant cette école est justement le logement de la famille Romano.

Je quitte ce village et cette école en conservant le souvenir des bruits, des cris, des appels, des jeux,  des camionnettes de livraison, des cars, des voitures, tous ces sons qui signent l'animation, la vie, l'activité naturelle d'une cité peuplée, de la sortie d'école chahuteuse de bousculades. 

Aujourd'hui le silence pose une chape de plomb sur un village entièrement repeint : un décor de cinéma donnant l'illusion qu'un être vivant sortira bientôt d'une maison pour se rendre dans un commerce chercher sa subsistance. Rêve opéré les yeux ouverts, je reste l'oreille aux aguets. Dans le lointain retentit l'aboiement d'un chien, sans doute celui d'un des gardiens du site, qui me rappelle que je suis seul au milieu de ces vestiges d'un autre temps.

En levant le regard vers la droite apparaît le bordj, construit dans le début des années 50 sur la colline surplombant la cantine d'un côté et la laverie de l'autre, qui veille sur la région à 360°.  

photo 14 le borj en mauvais état en 2010, cliché Tramoy

photo 14 le borj en mauvais état, cliché issu des blogs

Un bataillon de goumiers l'occupait, défilant lors des cérémonies, qui assuraient la sécurité pour prévenir des interventions intempestives voulant mettre en danger l'économie minière lors de la période de contestation du Protectorat. Jacques ZOUDE le nordiste (de France) est l'un de ces jeunes goumiers et resté fidèle à Imini, marqué par le lieu et succombant au charme d'une jeune et jolie iminienne.

Si le bâtiment est massif dans ses pierres, s'écoulant comme une lave sur la pente de la colline, pour opposer ses fortifications aux agresseurs, maintenant la dégradation intérieure laisse supposer sa ruine prochaine. Visiblement le confort n'était pas une priorité tant les locaux paraissent frustes et étriqués. A la guerre comme à la guerre ! Oui, mais … quand même  : le rata et la boisson sont le réconfort du soldat. 

De là-haut le panorama est magnifique, dominant l'ensemble des villages, de l'exploitation, avec une vue imprenable mettant l'Atlas à portée de main. La route bitumée desservant Bou Tazoult, les installations minières et le chef-lieu minier longe le pied de la colline, en un cordon bordé par le noir manganèse de la laverie, avant de laisser place aux pistes pierreuses desservant le fond de vallée vers l'Assif Tidili.

Aujourd'hui que le plateau de la mine est abandonné, la route d'accession au borj a été modifiée : elle ne part plus de la cantine, mais de l'emplacement de la laverie démontée.  

photo 15 village européen

Vous l'avez compris, chers amis lecteurs, qu'il ne manque que l'expression de la vie humaine sur le site de Bou Tazoult. Donnez vie à ce texte en le commentant et en y apportant vos propres documents.  

 

photo 15 le plan du village européen

L'appétit vient en lisant, et ce plan vous fournit les morceaux manquants de l'école et du borj. Et vous offre aussi la découverte du village européen en avant-première. 

Suite au prochain numéro..

Fatima BELKHEIR

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Notre ami Bou Tazoult nous propose:"Un intermède en attendant la suite de voyage dans les villages des mines d’Imini, qui demande encore un peu de temps pour la mise en page.
Dernièrement, un lecteur du blog, BAYOUSSEF, a cité Fatima BELKHEIR dans un commentaire. 
Cela m'oblige à en parler et à raconter quelques anecdotes la concernant. Sera-ce enjolivé par ma mémoire affective ? Peu importe."

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 Photo 1 - Fatima BELKHEIR en beauté
Comme nombre de personnes affectées aux tâches ménagères dans les familles européennes, Fatima BELKHEIR mérite de ne pas tomber dans l'oubli. Beaucoup d'entre nous ont partagé un véritable attachement avec ces personnes simples, qui découvraient la vie familiale des européens, variable suivant les foyers, l’origine, la classe sociale, le caractère, …
Il n'empêche que les deux parties, employeurs et employés, se sont enrichies mutuellement de cette promiscuité, découvrant réciproquement leur mode de vie, leur cuisine, leur habillement, etc … Couscous et tajines ne sont-ils pas devenus des classiques de notre cuisine, voire même nos spécificités culinaires ? Combien de bretons avons-nous invitéà notre table, pour leur faire goûter le couscous maison ! Et combien sont revenus, … en courant, et parfois en commandant le plat à l’avance !
Aujourd'hui, je ressuscite Nana, surnom affectueux que nous lui donnions quand nous étions enfants, et conservée indéfectiblement dans notre mémoire.
Elle est arrivée chez nous quand nous habitions, à Bou Tazoult, une grande maison située sous l'esplanade du tennis et au-dessus de l’école marocaine. Engagée pour faire le ménage, elle s’est attelée à la tâche courageusement, … après ses heures de travail à la laverie, comme le faisaient beaucoup de femmes à trier le minerai.  

Photo 2 les femmes trient le minerai à la laverie

Photo 2 - les femmes trient le minerai à la laverie
Poussière noire pénétrante, station debout permanente, mains écorchées par la manipulation des blocs de manganèse, il fallait tenir le coup, pour enchaîner par quelques heures supplémentaires de ménage dans une maison.
Elle était gentille Nana, toujours disponible et souriante, elle appréciait la compagnie des cinq enfants que nous étions, et mettait beaucoup de coeur à l’ouvrage. Nous lui rendions avec plaisir l’affection qu’elle nous portait. Pour elle, ce travail était moins difficile que celui de la laverie, mais il arrivait en supplément. Ça lui rendait service, dans le sens où avant d’attaquer le « chantier », elle en profitait pour faire un brin de toilette dans la buanderie : un confort que son logement ne lui permettait pas.
Peu à peu, Nana s’est insérée dans notre famille, et s’accordait bien avec le cuisinier : d’abord Atman, un ancien de l’armée française pendant la campagne d’Italie (dont il avait rapporté des problèmes pulmonaires), et ensuite El Madani, au caractère plus ombrageux, quoique très sympathique quand on ne le bousculait pas dans ses principes machistes. 

Photo 3 Nana et El Madani à Sainte Barbe

Photo 3 - Nana et El Madani lors de la Sainte Barbe
Nana s’est si bien glissée dans notre famille, qu’elle a comblé l’absence d’une grand-mère. Elle ne parlait pas le français, nous ne parlions ni l’arabe ni le berbère, … et pourtant tout le monde se comprenait parfaitement avec le sourire, tout le monde s’embrassait. Nous lui manquions quand nous étions à l’école, elle nous manquait quand elle était chez elle. Jamais mariée, sans enfant, mais issue du harem du Glaoui, elle reportait sur nous tout l’amour qu’elle avait en elle.
L’accident mortel de notre petite soeur Betty, dans les virages du Tichka en 1966, a précipité le retour de la famille en France, d’abord à Lyon, puis en Bretagne que nous ne connaissions pas. Nana espérait faire partie du voyage, mais c’était impossible : elle ne mesurait pas le grand écart entre les deux pays, surtout à cette époque des années 1966-70, son dépaysement aurait été fatal hors de ses relations familiales. Nous l’avons perdue de vue pendant quelques années.
Quelle fut sa joie quand elle a appris que notre père reprenait son poste d’ingénieur du fond en 1970 ! Elle a aussitôt accouru à la maison, mais à Sainte-Barbe cette fois-ci, dans la villa contigüe au tennis-piscine. 

Photo 4 Scotch, le compagnon de solitude de Papa

Photo 4 - Scotch, le compagnon de solitude de Papa
Un cocker, compagnon de Papa, était venu agrandir le cercle, toujours avec El Madani comme chef de cuisine. Je savais notre père incapable de cuisiner, trop de travail par ailleurs, sans mesurer son temps.
Alors Nana est devenue fatalement la reine du ménage, autonome, et particulièrement inventive dans sa méthodologie. D’abord poser toutes les chaises sur les tables, puis enlever et secouer les petits tapis dehors, les mettre à suspendre sur la rambarde de la claustra extérieure, et balancer un seau d’eau sur le carrelage puisque tous les pieds de meuble étaient protégés. Ensuite un coup de serpillière partout, ouverture des portes et fenêtres jusqu’à séchage complet. Point final, avant de remettre tout en place. Malgré tout, ses journées étaient fort occupées, ne lâchant pas l’ouvrage, et aidant El Madani quand nécessaire (il n’aimait pas trop qu’on vienne dans ses pattes, mais supportait bien Nana, … et réciproquement), arrosait le jardin, binait par ci par là.
Profitant de la proximité du tennis, nous lui avons lancé des défis sur le court.

Photos-5-6-sur le court

Photos 5 & 6 - Nana aux salutations d’usage et Nana à la réception d’un lob  
Quand nous revenions, au gré des vacances scolaires, la joie entrait dans la maison, Nana virevoltait autour de nous, faisant voir généreusement son sourire en or 24 carats. 

Photo 7 la forteresse du Glaoui au milieu des champs et des arbres fruitiers

Photo 7 - La forteresse du Glaoui au milieu des champs et des arbres fruitiers
Ce sourire, elle l’avait acquis dans le palais du Glaoui de Telouet, où elle faisait partie du personnel. Et au jour de l’indépendance, au risque de voir le palais envahi par les troupes royales pour interpeller l’opposant de Mohamed V, Nana a emprunté une porte dérobée, et s’est sauvée avec ce qu’elle avait sur elle : dents en or, caftans luxueux, babouches brodées, verres de cristal Saint Louis, … Tout cela lui a servi à rebondir, à survivre, troquant ses biens au fur et à mesure des besoins, jusqu’à ce quelle arrive aux mines d’Imini à la recherche d’un moyen de subsistance durable.
Un jour de 1974, Papa est parti en retraite, a quitté définitivement le Maroc, pour rejoindre sa femme dans la région lyonnaise. Fin de l’aventure marocaine entamée en janvier 1951 ! Au grand dam de tous ceux qui avaient partagé sa vie professionnelle d’en haut jusqu’en bas de l’échelle, et de ceux qui, comme Nana et El Madani, avaient été ses compagnons à la maison.
Chacun est retourné dans ses pénates, qui El Madani dans son bled, qui Nana à Telouet, tristement. Se liquéfiant en larmes, avant de rejoindre neveux et nièces, dans une maison modeste non loin du palais du Glaoui, aux fenêtres encadrées de blanc. 

Photo 8 la maison basse de Nana aux volets bleus cernés de blanc

Photo 8 - La maison basse de Nana, aux volets bleus entourés de blanc
Un très beau cadre au milieu des champs de luzerne et de céréales. Quelques arbres fruitiers pour délimiter les champs.
Vraiment un bel endroit à la bonne saison, glacial en hiver, parce que le pisé n’isolait pas suffisamment les pièces carrelées de ciment, et pourvues d’un petit poêle à bois : pendant l’hiver les enfants souffraient de gerçures. 
C’est là que nous l’avons retrouvée en octobre 1998, au douar Imaounine, lors d’un voyage touristique obligatoirement dirigé dans le sud marocain de nos origines.
Venant de Ouarzazate-Aït ben Haddou, par la vieille piste cabossée, dans un gros 4x4 de location, notre groupe fait halte pour déjeuner sous tente caïdale aux abords de la forteresse-palais du Glaoui. Ahmed Boukhsaz était le patron de ce restaurant typique. 

Photo 9 Façade arrière du palais du Glaoui depuis la tente caïdale

Photo 9 - Façade arrière du palais du Glaoui depuis la tente caïdale 
Quelques touristes déjà installés sur les banquettes, attendaient leur couscous ou leur tajine, devant des bouteilles d’Oulmès ou de Fanta. Ambiance feutrée de mi-journée où la faim prend le dessus sur la curiosité touristique.
Oui, mais moi je cherchais ma Nana, perdue de vue depuis plus de 20 ans : passer à Telouet sans tenter ma chance ? Impensable ! Impossible ! 
J’interpelle le serveur pour savoir s’il connaît une « Fatima BELKHEIR ». Trop jeune, il appelle le patron, qui est tout heureux de m’annoncer servir de tuteur de Nana puisqu’elle est analphabète. Abandonnant aussitôt son poste, il saute dans sa camionnette brinquebalante, et revient tout fier.
De la vieille 4L, nous le voyons extraire une toute petite femme pliée en deux, appuyée sur un bâton noueux, à la démarche laborieuse. Je vais à sa rencontre, et peu à peu je la reconnais comme étant véritablement MA NANA, en plus âgée, mais c’est bien elle. Je m’approche, la gorge nouée, je la salue avec quelques mots de  berbère, elle me tombe dans les bras mêlant pleurs et paroles indistinctes, s’accrochant à moi, ne voulant plus me lâcher, de peur que je lui échappe, que je m’envole à la moindre brise. 

Photo 10 je conduis Nana à notre table

Photo 10 - Je conduis Nana jusqu’à notre table sous la tente caïdale
Je l’installe au milieu de notre petit groupe, toujours collée à moi, s’agrippant à mes vêtements, silencieuse, buvant chaque mot de conver-sations qu’elle ne comprenait pourtant pas. 

Photo 11 Nana collée à moi

Photo 11 - Nana collée à moi
L’émotion est totale sous la tente. Un silence interrogateur s’installe parmi les touristes, venus uniquement pour visiter le palais local. Qu’est-ce que cette scène d’un européen enlaçant une vieille femme berbère, si petite, si ratatinée ? Et chacun d’interroger le patron sur les pleurs échangés. Une fois renseignés, les voilà qui applaudissent et reprennent joyeusement leurs libations, tout émus d’avoir assistéà ces retrouvailles chaleureuses.
Le temps du repas fut délicieux, mêlé de larmes de miel.
Bien entendu, le déjeuner fini, nous avons pris le chemin de sa maison, où les femmes et les filles se sont mises en quatre pour nous recevoir comme des hôtes de choix, tandis que nous leur distribuions vêtements et cadeaux rapportés de France. Embrassades, échanges d’étreintes. 
De multiples photos ont enregistré cette réception, avant que nous reprenions notre route, au grand désespoir de Nana, partagée entre la joie immense de notre venue inattendue et le regret de nous voir repartir. Mais nous l’avons consolée en lui promettant de revenir … Y croyait-elle ? Mais peut-on berner sa grand-mère d’adoption ?
L’émotion a étreint notre petit groupe tout au long de la traversée de l’Atlas, laissant une trace indélébile pendant des années. La visite du palais du Glaoui fut presque passée sous silence, malgré les magnificences entrevues dans ce qu’il restait des années 30 à 50. 

Photo 12 Un plafond du palais, en stuc

Photo 12 -  Un plafond du palais, en stuc  

Photo 13 Détail d’un mur décoré

Photo 13 - Détail d’un mur décoré
L’histoire avec Nana a connu d’autres épisodes. D’abord en juillet 1999, mois pendant lequel Hassan II était mort, et une éclipse de soleil avait nécessité une ordonnance royale pour interdire à la population de sortir des maisons et lui éviter ainsi la tentation de regarder en direction de l’astre, et se brûler les yeux.
Partant de Marrakech à la première heure, nous avions oublié cet évènement. Sur la route, une circulation inexistante, tout juste deux ou trois camions jusqu’à Toufliht. Arrivés à Telouet, nous entrons dans un village désert, aux volets clos : ni mouch (chat), ni kelb (chien), d’ordinaire nombreux à divaguer dans les rues. 
Nous garons notre véhicule à proximité de la maison de Nana, aussi close que les autres. Après avoir tambouriné, et expliquéà travers la porte qui nous étions, timidement, et avec de grandes précautions le battant s’entrouvre, laissant apparaître la tête inquiète de Brahim, neveu de Nana. Il me reconnaît, mais semble éberlué de constater qu’il fait jour normalement. Nous le mettons en garde contre la vision directe du soleil. Il appelle toute la famille, ouvre les volets, nous accueille avec chaleur, va chercher Nana abritée dans un recoin, laquelle fait ainsi la connaissance de mon fils. Nana l’accroche et s’installe près de nous deux : les deux mâles, le père roi et le fils prince héritier. L’image n’est pas fausse, pour cette femme qui n’a pas connu les joies de la maternité.
La surprise est totale pour ces gens, et pour nous recevoir dignement, ils délèguent les enfants chez les voisins pour emprunter le thé, les biscuits, les dattes, le beurre rance destinés à nous faire plaisir. La bouilloire est posée sur le feu.  

Photo 14 La tablée autour du thé traditionnel

Photo 14 - La tablée autour du thé traditionnel
Nous ne sommes pas dupes de la modicité de leur quotidien, et savons les remercier pour leurs cadeaux en échanges des nôtres plus utiles pour leur vie quotidienne. Des provisions, quelques vêtements chauds indispensables pour vivre à cette altitude, où même les nuits sont fraîches, comme dans ma Savoie natale, le confort en moins. Quelques dirhams supplémentaires, pour les remercier du tapis confectionné en famille, et offert personnellement à mon fils, encore plus prince et encore plus héritier ! 

Photo 15 Nana offre un tapis familial au Prince héritier

Photo 15 - Nana offre un tapis familial au « Prince héritier ».
Une fête inespérée pour cette famille qui ne voyait rien d’autre que le temps qui passe entre les travaux des champs et sa nour-riture. On reviendra, parce qu’on s’attache facilement à cette famille vivant chichement des produits du veau et du mouton parquées dans la courette intérieure. 

Photo 16 les animaux parqués dans la cour intérieure

Photo 16 - Les animaux parqués dans la cour intérieure
L’année suivante, toujours fidèle à Telouet, je suis arrivé discrè-tement à la porte de la maison, mais découvrant Nana assise sur un muret, en discussion avec une voisine, je suis passé devant les deux femmes, sans bruit. Surprise, la voisine s’était tue. Et Nana d’en faire autant, sans comprendre ce qu’il se passait. 
Je me suis assis auprès de Nana, sans parler. Sa voisine, interloquée d’un tel manège, n’osait intervenir. Pas un mot. A cause de sa cataracte, Nana était aux aguets, devinant une présence à ses côtés. 
Quoi ? Une odeur, un parfum, un frémissement ? Brusquement, elle me saisit le bras, et crie mon prénom dans son langage berbère. Comme lors de notre première rencontre, elle ne me lâche plus, appelle sa famille, … et le cérémonial de réception reprend comme à l’habitude. Pleurs à l’arrivée, pleurs au départ, on s’habitue ! Toujours avec un seul objectif : revenir embrasser ma « grand-mère » d’adoption.
D’année en année, la cataracte l’handicape davantage.
Quand on aime, on le fait savoir, et on ne compte pas. Alors en mai 2002, avec Maman nous remettons le couvert, toujours sans prévenir, en compagnie de notre fille Anne-Laure et de Aomar NOUKRATI, fidèle ami, ancien gardien de la maison des hôtes de Marrakech. 

Photo 17 avec le traducteur Aomar Noukrati

Photo 17 - en compagnie d’Aomar NOUKRATI
La famille de Nana apprécie nos visites impromp-tues.  

Photo 18 Nana et Maman les deux inséparables

Photo 18 - Nana et Maman, les deux inséparables
Mais cette édition atteint son paroxysme, avec des étreintes infinies entre Nana et Maman, séparées depuis près de 30 ans. Des rires ponctuent toutes les histoires, les souvenirs traduits par Aomar. Le temps s’écoule vite, et il nous faut repartir … avant que la famille ne se mette en cuisine pour nous retenir.  

Photo 19 la famille quand les enfants sont à l'école

Photo 19 - de la famille, … quand les enfants sont à l’école 

Photo 20 L’instant douloureux de la séparation

Photo 21 Nana connaît par coeur les pièges du terrain

Photo 20 - L’instant douloureux de la séparation  
Photo 21 - Nana connaît par coeur les pièges du terrain  
Nana et Maman, âgées toutes les deux, sachant qu’elles ne se reverraient peut-être plus, toutes deux se sont quittées avec une grande peine au coeur. … Et elles avaient raison de ressentir cette crainte puisque Nana s’est envolée à ses 90 ans supposés, d’après la carte d’identité rédigée par l’état civil, en évaluant à peu près sa date de naissance.
Une des dernières occasions, parce que Nana, très amaigrie, ne sortait plus de sa chambre, où elle reposait sur un tapis.
Progressivement, elle a glissé vers une fin douce, … un jour son âme s’est envolée, ne laissant derrière elle que des regrets pour ceux qui l’ont connue.
Cela n’empêchera pas d’autres passages à Telouet autant de fois que nous irons dans le sud marocain. La famille restante a toujours besoin de nous, et nous lui rendons ce que Nana nous a procuré tout au long de sa présence dans notre maison : de l’amour, toujours de l’amour. 

Photo 22 Nana s’en est allée, laissant la place à la nouvelle génération de ses neveux et nièces

Photo 22 - Nana s’en est allée, laissant la place à la nouvelle génération de ses neveux et nièces.   xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx 

Photo 22 Une maternité si belle !

Photo 23 - Une maternité si belle !

Telouet n’est qu’une station sur un chemin marqué d’autres stations aussi indis-pensables que celle d’Agouim (école de broderie et menuiserie au « dispen-saire » du père Norbert), celle des mines d’Imini, … et maintenant celle de Ouarzazate (association Al Michkat de Malika Abdeddine).

Pèlerinage, dites-vous ?

ROUTE ET / OU TUNNEL À PROXIMITÉ D'IMINI-BOUTAZOULT?

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BONNE ANNÉE 2021 À TOUS LES IMINIENS

Marrakech-Ouarzazate : ROUTE ET OU TUNNEL ?

Vous n’échapperez pas à un exposé technique, que j’ai sérieusement écourté par rapport aux exposés des services de l’Equipement de la Wilaya de Marrakech - Province d’Al Haouz.
Un article illustré abondamment est déjà paru sur le blog, traitant des travaux gigantesques transformant la route du Tichka en une voie-express coupant tous les virages de Touflith jusqu’à Agouim inclus, nouveau « projet d'amélioration du niveau de service et de sécurité de la route nationale 9 reliant Marrakech et Ouarzazate ». La route est divisée en tronçons, sur 94,40 kms.

« La nature des travaux est très ambitieuse et envisage l’amélioration des caractéristiques géométriques en tracé en plan et en profil en long, élargissement et renforcement de la route, aménagement de la route avec création de la troisième voie pour les poids-lourds au niveau des rampes fortes sur une longueur d'environ 20 kms, aménagement de 12 carrefours, de 18 arrêts de bus, de bandes cyclables sur 16.4 kms, de deux aires de repos, de 14 bandes d'arrêt d'urgence, construction de 11 ouvrages d'art, travaux d'environnement (grillage de protection contre les chutes de pierres, murs de soutènement), équipements et dispositifs de la sécurité routière (bandes de signalisation sonore, murets de protection, glissières de sécurité, signalisation horizontale et verticale). » C’est dire qu’on coupe allègrement les virages en épingle à cheveux, si dangereux pour les véhicules se croisant, et qui ralentissent la circulation. Le objectifs affichés en disent long : « amélioration du niveau de service, du niveau de sécurité, réduction du taux d'accident, du temps de parcours, des durées de coupures, amélioration de la fluidité de la circulation. Coût global estimatif : 1.022,33 millions de DH. »

Les chantiers sont lancés tous ensemble, ce qui rend la circulation difficile, les véhicules roulant souvent dans des ornières, sur des gravats, des tas de terre, au bord des tranchées, dans un désordre « bien organisé ». Les pluies rendent les conditions pénibles, avec des camions avançant à 20 kms/h parfois, sur des dizaines de kilomètres. Heureusement les points d’arrêt habituels pour les routiers demeurent, leur permettant de connaître un certain répit dans la traversée de l’Atlas. 

Photo 1 carte des chantiers de Marrakech à Ouarzazate

Photo 1 - carte des chantiers de Marrakech à Ouarzazate.

=> « Lot N° 1 : section reliant Taddart 2 et le col de Tichka. Longueur 13,5 kms. Etat actuel de la section : route montagneuse et sinueuse, chaussée dégradée, route étroite avec virages très serrés, pentes fortes. Nature des travaux : amélioration des caractéristiques géométriques en tracé en plan et en profil en long, élargissement et renforcement de la route, aménagement de la route avec création de la troisième voie pour les poids-lourds, construction des ouvrages d'assainissement, construction d'un ouvrage d'art, travaux d'environnement (grillage de protection contre les chutes de pierres, murs de soutènement), équipements et dispositifs de sécurité routière (bandes de signalisation sonore, murets de protection, glissières de sécurité, signalisation horizontale et verticale). Coût 178.000.000 DH. Avancement : travaux achevés.

=> Lot N° 2 : Section reliant Toufliht et Taddart 2. Longueur 30,5 kms. Etat actuel de la section : route montagneuse et sinueuse, chaussée dégradée, route étroite avec virages très serrés, plusieurs sections ont été emportées par les crues de novembre 2014 et réparées provisoirement, pentes fortes. Nature des travaux : amélioration des caractéristiques géométriques en tracé en plan et en profil en long, élargissement et renforcement de la route, aménagement de la route avec création de la troisième voie pour les poids-lourds au niveau des rampes fortes sur 5,525 kms, aménagement d'un carrefour, aménagement de deux aires de repos, construction des ouvrages d'assainissement, construction de 3 ouvrages d'art, travaux d'environnement (murs de soutènement), équipements et dispositifs de la sécurité routière (bandes de signalisation sonore, murets de protection, glissières de sécurité, signalisation horizontale et verticale). Coût 462.500.000 DH. Avancement : 45 % des travaux en cours.

=> Liaison Aït Ourrir-Toufliht. Longueur 26 kms. Etat actuel de la section : route vallonnée et sinueuse, route étroite avec virages serrés, pentes moyennes. Nature des travaux : amélioration des caractéristiques géométriques en tracé en plan et en profil en long, élargissement et renforcement de la route, aménagement de la route avec création de la troisième voie pour les poids- lourds, aménagement d'un carrefour (direction Telouet), aménagement d'aires de repos, aménagement de bandes d'arrêt d'urgence, construction des ouvrages d'assainissement, construction de 3 ouvrages d'art, travaux d'environnement, équipements et dispositifs de la sécurité routière (bandes de signalisation sonore, murets de protection, glissières de sécurité, signalisation horizontale et verticale). Coût : 190.000.000 DH. Avancement : lancement du marché travaux programmé en 2019.

=> Liaison Toufliht-Taddart 2. Longueur 30,5 kms. Etat actuel de la section : route montagneuse et sinueuse, chaussée dégradée, route étroite avec virages très serrés, plusieurs sections ont été emportées par les crues de novembre 2014 et réparées provisoirement, pentes fortes. Nature des travaux : amélioration des caractéristiques géométriques en tracé en plan et en profil en long, élargissement et renforcement de la route, aménagement de la route avec création de la troisième voie pour les poids-lourds au niveau des rampes fortes sur 5,525 kms, aménagement d'un carrefour, aménagement de deux aires de repos, construction des ouvrages d'assainissement, construction de 3 ouvrages d'art, travaux d'environnement (murs de soutènement), équipements et dispositifs de la sécurité routière (bandes de signalisation sonore, murets de protection, glissières de sécurité, signalisation horizontale et verticale). Coût: 462.500.000 DH. Avancement : 45 % des travaux en cours.

=> Liaison entrée de Marrakech par Bab Ghmat et Ait Ourrir. Longueur 18 kms. Etat actuel de la section : chaussée dégradée, route étroite par rapport au trafic, trafic des deux roues important, carrefours non aménagés. Nature des travaux: dédoublement de la route sur 17.8 kms avec création d'un TPC, aménagement de 9 carrefours, aménagement de 18 arrêts de bus, aménagement de bandes cyclables sur 16.4 kms, construction des ouvrages d'assainissement, construction de 2 ouvrages d'art, équipements et dispositifs de la sécurité routière (bandes de signalisation sonore, murets de protection, glissières de sécurité, signalisation horizontale et verticale). Coût 149.000.000 DH. Avancement : achevés.

=> Liaison contournement de la ville d'Ait Ourrir. Longueur 6,50 kms. Etat actuel de la section : chaussée dégradée, route étroite par rapport au trafic, carrefours non aménagés. Nature des travaux : aménagement de bandes cyclables, aménagement d'un carrefour, aménagement d'arrêts de bus, construction des ouvrages d'assainissement, construction de 2 ouvrages d'art, équipements et dispositifs de la sécurité routière (bandes de signalisation sonore, glissières de sécurité, signalisation horizontale et verticale). Coût 44.000.000 DH. Avancement : 95% (en arrêt, en attendant l'élaboration et l'approbation de l'avenant de l'OAPk 275+800 » 

Photo 2 rouleau compresseur dans une longue courbe remplaçant une épingle à cheveux

Photo 2 Rouleau compresseur dans une longue courbe remplaçant une épingle à cheveux.

L’idée, germée sous le Protectorat, de percer un tunnel sous l’Atlas, voulait supprimer les difficultés de traversée de la montagne, aux fermetures inopinées consécutives aux chutes de neige, aux délais de route.
Et tout iminien se souvient des nombreux virages dangereux du Tichka, très accidentogènes. Une circulation de voitures, de camionnettes, et surtout de gros camions transportant le minerai jusqu’à Marrakech, malgré l’existence du téléphérique d’Aguelmous. Tout iminien connaît cette situation, et le sujet avait été traité par notre ami Jean-Marie DECAILLOZ dans un article du blog à la date du 31 mai 2008.

Périodiquement, le projet de tunnel refait surface. Aujourd’hui, la Presse marocaine traite le sujet, qui semble émaner du gouvernement, et qui commande enfin l’« Etude de faisabilité de tunnel sous l’Atlas ». Pour cela deux trajets sont soumis à examen dans le cadre d’une liaison Marrakech- Ouarzazate : par la vallée de l’Ourika et sous le Tichka.

Sachant que la route du Tichka vient de connaître une rénovation de grande envergure, en cours de finition, et que la distance sous Tichka est largement supérieure à celle de l’Ourika (60 kms contre 14), la deuxième option occupe une place préférentielle.

Les objectifs sont clairs : sécurité routière, raccourcissement des temps de trajet, désenclavement de la région de Ouarzazate, qui prend de l’importance, et dont la centrale solaire attire déjà d’autres activités industrielles.

Grosso modo, le gain de kilomètres par le passage sous le Tichka ne serait que de 7,5 kilomètres, et son taux de rentabilité interne de 5%. Tandis que le passage par l’Ourika serait de 54 kilomètres, avec un taux de rentabilité de 10%. La balance penche fatalement pour l’Ourika, à première vue. D’autant que l’entreprise TERRASOL, chargée des études de faisabilité, fournit quelques précisions : « le tunnel de l’Ourika est un projet d’infrastructure routière majeur, comparable au tunnel du Mont Blanc en de nombreux points : sa longueur d’environ 10 km, l’absence d’alternative pour un franchissement en surface, le caractère cristallin du massif, la hauteur de couverture supérieure à 1000 m. » 

Photo 3 carte présentant le projet de tunnel ferroviaire 1950, passant par l’Ourika (J-M Decailloz)

Photo 3 carte présentant le projet de tunnel ferroviaire 1950, passant par l’Ourika (document J-M Decailloz).

Dans cette optique, le contribuable peut se poser la question de savoir pourquoi la route du Tichka a été considérablement améliorée. Néanmoins, les deux itinéraires, Ourika et Tichka sont complémentaires. Ce sont deux régions qui nécessitent une ouverture et un développement en urgence, indispensables aux populations, grâce à des communications transversales entre les deux routes, dès la sortie de Marrakech et même un peu plus loin dans la vallée, entre Aït Ourir et Souk el Tnine, qui permettront de désenclaver aussi la vallée du Zat, celle où arrivait l’ancien téléphérique, à Talatast. (cf article du 08 mai 2010 Le téléphérique du Zat, d’Aguelmous à Talatast -Jacquet-).

Les études sont en cours pour les deux options, et le tunnel sous le Tichka n’est pas éliminé d’entrée.
En ce qui concerne les iminiens, et l’intérêt qu’ils portent à leur territoire, ils seraient davantage intéressés par le projet Ourika, dont le tracé final passerait par la vallée de l’assif n’ Tidili, les villages miniers de Bou Tazoult, Timkkit, Sainte Barbe-Ouggoug, avant de rejoindre la route de Ouarzazate au niveau de l’« embranchement » bien connu de nous tous.

Des ouvrages d’art, un élargissement (à 8 mètres) et un détournement de la route desservant les sites miniers sont prévus. Un pont remplacerait le gué de Sainte Barbe-Ouggoug, se prolongeant par un nouveau tracé de route contournant la maison du directeur par l’arrière, évitant ainsi le village. Il faudra résoudre le problème de la traversée de Timkkit, à cause de la poussière générée par la laverie et les stocks extérieurs de minerai. A Bou Tazoult, la route couperait devant le borj et le déversoir à stériles, ... et ensuite direction Aoulouz, pour accès au tunnel et/ou jonction avec la route d’Agadir. Là encore des possibilités de transversalité vers Agouim et Igherm.

Bientôt les pluies et les inondations n'empêcheraient plus les liaisons entre Marrakech et les provinces du sud.

Avant de partir en retraite, le directeur SACEM, Mr BENJILANY, avait lancé un chantier de rénovation des bâtiments de tous les villages existant, un bornage de la route, mis en place un gardiennage de Bou Tazoult, etc ... Délit d’initié ou intuition majeure ?

Tout un chacun se posait la question de l’utilité d’une telle initiative, onéreuse à plus d’un titre.
On en comprend mieux la raison aujourd’hui : une valorisation des villages destinée à réutiliser l’équipement local, ou à « vendre » au mieux le site à des promoteurs immobiliers et industriels susceptibles d’investir sur place !

Nous autres, anciens iminiens, pouvons-nous faire la fine bouche ? Réjouissons nous de cette éventuelle résurrection. Nos villages, solides, demeureraient debout, et airnb pourrait s’y intéresser (lol). Y retournerons-nous comme vacanciers locataires ?

Restera à trouver de l’eau, à réinstaller l’énergie électrique. Ouarzazate, avec son barrage et sa centrale solaire pourraient y pourvoir, quoique les sécheresses successives influent déjà sur la baisse du niveau de réserve. Et il faudrait d’énormes travaux pour les canalisations.

Le projet se réalisera-t il ? Serons-nous encore là pour le voir ? J’aimerais assister à cette concrétisation, qui introduirait une modernisation, et une ouverture à ces territoires ruraux enclavés, dont les populations vivent chichement, repliées sur elles-mêmes, à cause de leur éloignement et d’un réseau de pistes inconfortables. Les véhicules de transport verraient leur mécanique épargnée.

L’engagement de l’Etat sur le plan financier décidera de la réalisation, dans quel délai ? 70 ans sont déjà passés depuis les premières propositions ...
D’aucuns sont inquiets de cette initiative : commerçants, restaurateurs placés sur le ruban du Tichka craindraient pour le détournement leur clientèle. Qu’ils se consolent en pensant qu’un sud désenclavé recevrait davantage d’échanges commerciaux, un accroissement du tourisme, la création d’entreprises, ... et pour les voyageurs le plaisir de faire escale sur une route plus facile.

Merci à Jean-Yves TRAMOY pour cet article qui termine l'année 2020 et prépare l'année 2021.

LIVRE D'OR DES MINES DE L'IMINI - 1941

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Bonne année aux Iminiens à l'occasion de YENNAYER, aujourd'hui premier jour de l'an Berbère.

LES VISITEURS DE LA MINE EN 1941

La France est coupée en deux, au Nord la zone occupée, au sud le régime de Vichy. 

0r41v1941 En souvenir de votre accueil. Imini le 15 février 1941, signé HULMAN 

Nous ne savons pas qui est Hulman.. un géologue, un politique, un militaire... qui nous le dira ? Cinq semaines plus tard, le couple PAGNY (Suzanne et R.) sont invités par le PDG de la SACEM, M. Guy Boulinier.

Hostiles hier encore à ces lieux désolés...

Nous goûtons aujourd'hui à l'impérieux charme 

De ces monts silencieux... de ces cîmes enneigées !

Merci à Monsieur Boulinier à qui nous devons

L'attention aimable de ce magnifique voyage !

Merci aussi à M. et Mme Moulinou

Pour leur charmant accueil.

Suzanne Pagny

Or42-1941 

J'espère à un prochain voyage

Retrouver l'Imini en pleine activité

Que cet aride paysage

Voie à nouveau une grande prospérité.

R. PAGNY   

Qui était R.Pagny invité avec Suzanne Pagny par le PDG de la SACEM ?

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"Revenir ici, c'est renaître un peu" - 2 avril 1941

Signé ? 

 

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Tout a été dit et je viens trop tard...

Que cela ne nous empêche pas de dire, tout platement et en prose, combien nous apprécions l'accueil charmant de nos hôtes. J'espère revenir bientôt pour voir l'Imini en pleine marche. 12 mai 1941- signé FRIEDEL

Friedel-1941

Il s'agit d'Edmond FRIEDEL, sous directeur de l'école des mines de Paris et simultanément directeur de l'école des mines de Douai (en zone occupée). Il est déchargé de l'école de Douai en 1941 et devient conseiller géologique du Protectorat marocain tout en restant sous-directeur de l'école des mines de Paris, occupée cependant par les bureaux de la Luftwaffe. Ce qui le dérangeait beaucoup car il avait été pilote de chasse lors de la guerre précédente. Il prit le risque de mettre la Luftwaffe sur écoute. Dès l'époque de sa visite àImini il organisa la mise en valeur des ressources minières du Maroc. Il était protestant alliéà la famille Peugeot. (voir plus bas quelques extraits de l' hommage d'un de ses successeurs à l'École des Mines de Paris)

Or42v    A Paris, je me suis surpris, à rêver d'un étrange pays: On n'entendrait pas le poste radio de ses voisins,

L'air était pur et le ciel grandiose, 

Les gens hospitaliers à la manière antique; 

et il n'y a pas de cartes d'alimentation.

L'ami, à qui j'ai raconté ceci m'a pris

Pour un pauvre d'esprit

Mais ici, j'ai appris, que je n'étais fou qu'à demi, 

Car ce qui est faux à Paris

Est véritéà l'Imini.

13 septembre 1941 - signé . VERRET. À quel titre M. Verret se trouve à Imini en septembre 1941? Il semble qu'il fasse partie d'un groupe d'élèves de l'École des Mines de Saint-Etienne, comme ceux qui vont suivre.

13 septembre 1941 - "D'accord", Jacques CLERIN

Après l'École des Mines, Jacques CLERIN prépare une thèse avec le professeur JOLIBOIS et entre en 1942 chez Pechiney à l'usine de St Auban qui fabriquait du chlore. Parti en 1948 monter une usine de chlore à Indupa (Cinco Saltos) - Argentine -, il revient en France comme directeur des usines Calypso et La Praz en Maurienne de 1954 à 1959.

Or43  14 septembre 1941 

S'il ne te faut cher Imini

Que les presque vers d'un ami, 

Je les accorderai sans peine

À la majesté souveraine,

Mais à quoi bien le poétique;

À la gloire de ton métal

J'ai trouvé plus original

De dessiner une cubique

Signé FLUQUET (ou Floquet), St-Etienne. 39-42

Autre élève de l'École des mines de Saint-Etienne, en visite en octobre 1941:

Tu t'es mis en quatre Imini

Pour accueillir des visiteurs

Qui venus en inquisiteurs

Sondent ton mystère infini.

Maintenant que tout est fini,

Ils abandonnent tes plateures ?

Sans avoir vu le Directeur,

Ils partent en catimini !

Pierre N.    - St-Etienne 39-42

Or43v  Après l'École des Mines de St-Etienne en septembre, ce sont les mineurs d'autres mines de manganèse qui sont reçus en octobre.

Les destins mystérieux m'ont conduit à connaîre, la charmante direction de l'Imini. De cet accueil charmant naîtra et préparera une union toujours plus grande des mineurs de manganèse. Merci pour la cordiale réception qui nous a été faîte. Signé BAUMANN, 16 octobre 41.

Remerciements à mon très sympathique voisin de l'au-delà de la montagne pour son charmant accueil. 16 octobre 41 signé Victor BABET, (géologue à Brazzaville).

Arrivé en catimini

Dans la région de l'Imini

Je repars aussitôt en car

Dans la direction de Dakar

Pressé, je ne puis

Comme le fit Monsieur Neltner

Mon administraion en ...

Comme le dit Monsieur Blondel.

Je repars convaincu de l'avenir

Et avec Monsieur Friedel

En garde un agréable souvenir

31 octobre 1941, signé Henri NICOLAS, Dakar

Or44 Henri NICOLAS, né le 21/6/1915 à Bry-sur-Marne (Seine), entréà Polytechnique en 1935, Nomméélève-ingénieur par décret du 19/10/1937. Service des mines coloniales. Nomméélève de 1ère classe le 12/7/1939. Nommé ingénieur de 3ème cl. au 1/6/1941 où il gagne la Société des Mines de Dakar.

Début décembre se tient la fête de la Sainte-Barbe. 

Sainte-barbe-1941 Tout le personnel européen de la mine est rassemblé sur cette photo où on repère le directeur Moulinou avec sa pipe et le père Norbert avec sa soutane.

Courant décembre deux nouveaux venus arrivent à Imini. 

Le bel horizon

Donne des frissons

Le manganèse 

Nous remplit d'aise

Le blanc poulet

Deux ailes tendres,

Nous fait oublier

Sans plus attendre

Qu'ils vont partir

La fête va finir.

Le 18.12.1941. Charles G....

Or44v

"Il a bien travaillé pour nous deux"

Signé, le tire-au-flanc:  A....    18 décembre 41

Aux bons ouvriers d'une grande oeuvre !

Imini, Gouk Melloul, Tidili, tous ces lieux

Dont l'appel vous ramène aux sites fabuleux

Où, sous un ciel de feu, la nature inhumaine

Cache jalousement, comme en une géhenne

La poudre gris de cendre aux durs reflets d'acier

Qu'engloutti le fourneau dans ton rouge brasier,

Vous faut-il les chanter sur le rythme sauvage

Du grand vent du désert, au souffle de l'orage,

Ou dans l'apaisement de la nuit étoilée

Qui rapproche les monts sous leur neige bleutée

Ou sous l'embrasement d'un soleil implacable

Grandissant les reliefs et piquant dans le sable

Des gouttes d'or fondu qui font pâlir le ciel ?

Non, car dans ce chaos monstrueux, irréel,

L'homme un jour apparût et, d'une main patiente

Commença d'arracher d'une gangue pesante

Les trésors enfouis sous les garas dorées.

L'on vit dans les replis sauvages, ignorés

De ces monts que hantait le mouflon solitaire,

Une étrange cité qui surgit de la terre,

Empruntant sa couleur aux roches d'alentour

Et sa forme, on ne sait à quel nid de vautour.

Une mine était née et, dès lors, le mystère

Qui donnait à ces lieux leur rude caractère

Comme fait la légende aux ruines des châteaux

S'est enfui, horrifié, sous les coups des marteaux!

 Or45r Ne le regrettons pas. Et vous, djinns des ténèbres,

Hôtes de ces déserts, vos chevauchées funèbres

Devrait porter ailleurs, loin d'ici, votre vol;

L'homme vous a chassés, désormais, de ce sol !

C'est son oeuvre à présent, qu'il convient que l'on sente

Et ces hardis pionniers qui plantèrent leur tente

Les premiers en ces lieux; leur courage et leur foi

Les firent triompher patiemment, à la fois

Du désert,de l'ennui, des échecs provisoires,

Par la ténacité qui gagne les victoires.

Et si même, aujourd'hui, un nouveau coup du sort

Arrête, à son début, pour un temps, notre essor,

Ils ne renoncent pas, ils gardent leur confiance

En leur oeuvre aussi bien qu'en notre reconnaissance

Ils sont récompensés, car le succès est là;

... Et, s'il en reste peu, vous êtes de ceux là !

Décembre 1941  LELOUTRE

Or45v Georges LELOUTRE, ingénieur civil des mines, adjoint au directeur général de la Cie Mokta El Hadid.

Ce dernier poème de Georges LELOUTRE montre la foi des pionniers d'Imini en un avenir meilleur. Onze mois plus tard, le 9 novembre 1942, l'opération anglo-américaine TORCH prend pied au Maroc et en Algérie, faisant renaître l'espoir  à Imini.

En 1941, la production de Manganèse à Imini a été bien inférieure à celle de 1940 ( cinq fois moins) mais en raison des réserves en stock cela a permis de s'ajuster car les ventes n'ont regressé que de moitié par rapport à 1940.

Hommage à Edmond Friedel 

Edmond-Friedel-1895-1972-1

Edmond-Friedel-1972-2

Edmond-Fridel-1972-3

Les visiteurs  d'Imini sont venus comme des bonnes fées veillant sur le berceau de la SACEM à Imini. Les commentaires sur les personnes qui se sont déplacées pour soutenir  la mine d'Imini en 1941 sont les bienvenus.

Hommage à HAJJ Mohamed FAIQ, dit ROUDANI

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Hâjj Mohamed FAIQ, dit ROUDANI, est décédéà Marrakech en janvier 2021.

Pour la colonie maroco-européenne des mines d’Imini, le nom de ROUDANI n’est pas inconnu. 

Photo 1 remparts de Taroudant

Photo 1 les remparts de Taroudant.
En 1931, Mohamed FAIQ naît à Taroudant, d’où son surnom de « Roudani » ! Au temps du Protectorat, dans cette ville il fréquente les bancs de l’école primaire, puis effectue son apprentissage en menuiserie. Son ami, Si EL MOUTOUK, ancien du secrétariat de la mine lui évoque « ce bijou » que sont les mines d’Imini. Ça le convainc de faire ses bagages, quitter son Anti Atlas natal, gagner Imini en passant par Aoulouz, Taliouine, Tazenahkt, Amerzgane, pour sa première migration.
En 1953, son CAP de menuisier-ébéniste en poche, la SACEM l’embauche aux ateliers de Bou Tazoult. L’accompagne sa jeune femme, épousée à Taroudant avant leur départ.
 A Bou Tazoult, il appartient au service Jour, son premier chef d’atelier est Mathieu POGONNEC. Dans son atelier de menuiserie, colléà celui de la mécanique, il apprend, il travaille, il partage des mois, des années de labeur avec des compagnons de travail : BARBAZ, JEBRIL, DA BOURHIM, et tant d’autres … 

Photo 2 atelier de menuiserie à Bou Tazoult

Photo 2 l’atelier de Bou Tazoult et les collègues de travail. 

Photo 3 en retraite, retour à l'atelier avec ses fils

Photo 3 retour à l’atelier avec ses fils.
Il pose son sac dans cette région, qui devient la sienne, y installe son épouse, et toute sa carrière s’y déroule. 
En 1955, naît un premier enfant, Latifa, plus tard secrétaire au siège de la SACEM à Casablanca ; deux ans plus tard c’est Abdellhak, futur technicien à l’ONE (Office National de l’Electricité) à Ouarzazate et Casablanca. La famille s’installe dans une des maisons préfabriquées derrière l’école marocaine, où naît Mustapha, hydrogéologue à Köln.
La réputation de ROUDANI est celle d’un travailleur soigneux et appliqué, ce qui lui vaut les félicitations de ses supérieurs, qui, pour monter les échelons, l’incitent à suivre des cours par correspondance dans le domaine du gros œuvre. En contact permanent avec des cadres de la mine, ceux-ci l’encouragent dans cette voie pour continuer à progresser (les DECAILLOZ, TRAMOY, GORICHON, KETTANI, BOUTOUHRI, …).

Photo 4 salle de cinéma à Bou Tazoult

 Photo 4 la salle de cinéma à Bou Tazoult.
En dehors de ses fonctions de menuisier, on le sollicite pour d’autres activités variées, il emprunte tour à tour différents costumes : projectionniste au cinéma et au cercle des employés, co-organisateur des différentes festivités initiées par la société : joueur de football brillant, décorateur de salle pour Noël, animateur à la piscine, …
Mais son influence se prolonge au conseil de l’école, en collaboration avec le directeur Mr SAQER et les enseignants comme DAHBI, KHADIM, et d’autres. Il encourage les élèves de l’école primaire à poursuivre leur cursus vers le lycée et l’université. Grâce à ce soutien, certains élèves connaissent une très belle carrière, au Maroc ou à l’étranger. 

Photo 5 Roudani entouré des instituteurs Khadim ROUDANI et EDDAHBI

Photo 5 Roudani entouré des instituteurs Khadim ROUDANI et EDDAHBI.
1960 voit la naissance de Souad, sa deuxième fille, actuellement au ministère de l’Intérieur ; et deux ans après Najat, travaillant au Palais des Congrès de Marrakech après ses études à l’université. 

Photo 6 féquipe de football années 60

Photo 6 l’équipe de football années 60.
 De H en B, de G à D : Jean-Louis TRAMOY, Hassan BENTALLEB, Jean PECORARO, CARLINI, Kacem TABOUZIT, Paul CAPEL ; X, X, Robert VENTAJA, X, X, ROUDANI, BOUCHTA (?). 

Photo 7 dimanche 01 novembre 1964

Photo 7 le dimanche 01 novembre 1964.
Déjà un petit supporter vient l’encourager, un de ses fils ? 

Photo 8 équipe de basketball 1967

Photo 8 l’équipe de basket en 1967, lors d’un match contre Ouarzazate.
De H en B et de G à D : Lhoucine HEBBAZ, Lahcen BERKOU, Boujema HEBBAZ, SOSSO, X, X, X, X, X, X, X ; Jean-Yves TRAMOY, ROUDANI, X, BOUCHTA (?), X, X.
Faisant preuve de tous les talents, il grimpe les échelons au sein de l’atelier, pour en devenir le patron. 
En 1968, la direction lui propose d’intégrer une nouvelle fonction, celle d’intendant des villages, poste qu’il craint un peu parce qu’il doute de ses capacités à mener à bien la tâche immense. 

Photo 9 la villa Roudani

Mais ses amis l’appuient dans cette démarche pour remplir son nouveau rôle : c’est dire qu’il jouit de l’estime générale dans son entourage professionnel. La famille déménage dans la villa n° 19, voisine de Mr et Mme Lothard HORN (lui spécialiste des machines de la centrale électrique, et elle infirmière), de Mr et Mme Jean Pecoraro (atelier de mécanique), de la famille Zaki (laboratoire chimique). C’est là que naît la petite Meryam, travaillant maintenant à la comptabilité d’une entreprise internationale de théà Marrakech Photo 9 la villa ROUDANI.
Sa responsabilité est lourde, il dirige des équipes chargées de la surveillance et de l’entretien de tous les bâtiments, des réseaux de canalisations, des stocks d’ameublement, des équipements de piscine, tennis, … Ne disposant pas d’un véhicule attitré, ses déplacements sont assurés par les navettes de la mine, ce qui retarde ses interventions, et provoque des réactions de la part des « râleurs », toujours les mêmes évidemment.
Une charge lourde ! On l’appelle de partout, il ne refuse jamais, et promet toujours de venir « dès le lendemain », si bien qu’il est baptisé« Monsieur demain ». Mais il donne toujours satisfaction, parce qu’il se démultiplie autant qu’il le peut, … et avec un sourire et une amabilité communicantes.
Lors du déplacement de Sa Majesté Hassan II dans la région, ROUDANI dirige les équipes chargées d’installer, d’Amerzgane à Ouarzazate, les équipements fournis par la SACEM pour dresser des arcs de triomphe en bois de mine.
Sa carrière suit les courbes d’activité de la mine jusqu’en 1991, année de sa retraite à Marrakech, où il avait transporté sa famille auparavant, là où son chemin croise inévitablement celui de certains anciens compagnons de labeur : LAAMEL (mécanique), BEN TALLEB (comptabilité), l’épicier Allal ABOU LAMER, DRAÏ (secrétariat). 

Photo 10 au restaurant d'Allal Abou Lamer

Photo 10 au restaurant d'Allal ABOU LAMER, rue Bâni Marine.
En mai 2000, Mme TRAMOY, de retour à Marrakech pour quelques jours a le plaisir de le revoir dans le restaurant d’Allal ABOU LAMER, près de Jemaa el fna, là où certains iminiens se donnaient rendez-vous. Derrière de G à D : ROUDANI, Allal ABOU LAMER, Hassan BENTALEB ; devant : M-Thé TRAMOY, Mme TRAMOY, Jean-Yves TRAMOY.
Vers la route de Casablanca, Hâjj ROUDANI fait construire deux maisons modernes, et y installe un atelier bien équipé, dans lequel il a plaisir à retrouver son métier d’origine pour créer du mobilier. 

Photo 11 Roudani dans son atelier de Marrakech

Photo 11 Roudani dans son atelier à Marrakech. 

Photo 12 il cultive l'art d'être grand-père

Photo 12 il cultive l’art d’être grand-père.
 
Au cours de ses trente ans de retraite, il connaît plusieurs accidents de santé, avant de tomber malade, et de se voir contraint au fauteuil roulant pour les derniers temps. 

Photo 13 Roudani et son épouse Khadija

 Photo 13 ROUDANI et son épouse Khadija ROUDANIA.
Epouse et mari sont indissociables. Ses amis, anciens et récents, continuent à lui rendre visite. Malgré les difficultés, croyant et pratiquant, il garde foi en la vie.
Hélas, la vie a un commencement et une fin : ROUDANI rend son dernier souffle le 13 Janvier 2021, quitte ses six enfants et ses douze petits-enfants, et part rejoindre le Dieu des croyants. 
Malgré les conditions sanitaires, assistent à ses funérailles plus de quarante fidèles amis, venus de Tiseldey, Bou Tazoult, Timkit, Marrakech, Taroudant, Agadir, Casablanca, Rabat, Montréal (sa petite-fille) et de Köln, ils prennent congé de ce grand Monsieur.

Photo 14 le sourire éternel de Roudani

 « Adieu ami ROUDANI »
Beaucoup d’iminiens, marocains comme européens, ont connu un contact très chaleureux avec Hâjj ROUDANI, et gardent de lui un souvenir impérissable. Et le nom ROUDANI est le sien à jamais.
Gardons de lui ce sourire toujours présent.
Photo 14 le sourire éternel de Roudani.
 
A sa famille, à son épouse, à ses enfants et petits-enfants, la communauté des iminiens présente ses sincères condoléances et conserve le souvenir d’une belle famille.
 
Article collaboratif, avec l’aide de Mustapha, Aomar, Joseline et Jean-Yves

IN MEMORIAM, JEAN LOUIS MOINE

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Jean Louis MOINE, ancien chef d’exploitation aux mines d’Imini puis directeur de la SACEM (Société Anonyme Chérifienne d’Etudes Minières) à Casablanca, est décédéà Paris.
 
Madame Jeannine MOINE, son épouse
Monsieur et Madame Pierre MOINE, ses enfants
Mathilde et Martin, ses petits-enfants
et la famille réunie,
ont la douleur de vous annoncer le décès de Monsieur Jean Louis MOINE survenu à Paris, le 07 novembre 2020, en son domicile, dans sa 92e année. Ses obsèques ont eu lieu le jeudi 19 novembre 2020 dans la plus stricte intimité. 
116, Quai Louis BLÉRIOT, 75016 Paris

Une vie bien remplie.
 
Son père travaillant chez Latécoère à Toulouse, la famille y réside, et Jean Louis MOINE y naît, et effectue sa scolarité chez les Jésuites au collège du Caousou, établissement renommé, fréquenté plus tard par d’autres enfants des mines d’Imini.

Photo 1 Le Caousou

Photo 1 Le Caousou à Toulouse.
Baccalauréat en poche, il effectue son cursus de classe préparatoire à Paris, au lycée Saint Louis, pour intégrer ensuite l'école des Mines de Nancy, d'où il sort avec son diplôme d'ingénieur. 
Puis il retourne à Paris se perfectionner en application de géologie à l'école des Mines, pendant deux ans. 

Photo 2 Ecole des mines de Paris

Photo 2 Ecole des mines de Paris.
Son tempérament l'incite à entrer rapidement dans la vie active, le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) l'embauche pour des missions qui lui font connaître le Sénégal, la Guinée, le Congo, … essentiellement pour des recherches minières. Pour ce séjour en Afrique, il n'imagine pas se passer de musique classique, dont il est friand. Par colis postal, un magasin parisien lui fait livrer un pick-up et des disques. Immergé dans le travail pendant la journée, il meuble ainsi ses soirées. Les conditions climatiques, très chaudes et humides sous ces latitudes, gondolent les disques vinyle, et imposent leur remplacement périodique. 
Au bout d'un temps, fatigué de ne connaître que « la cantine et un boy », comme il le disait lui-même, il émet le voeu de se fixer, et rentre à Paris pour chercher un autre travail.
Il profite de son passage dans la capitale pour aller remercier la personne responsable des envois de disques, avec laquelle il garde le contact pour ses futures affectations.

Photo 3 Mines d'Imini

Photo 3 Mines d’Imini 
Fin 1956, Monsieur Jacques PECCIA-GALETTO, de la direction parisienne de la société Mokta el Hadid, lui propose d’être l’adjoint de monsieur André MOULINOU, chef d’exploitation aux mines d’Imini, dans un pays qu'il connaît pour y avoir effectué un court séjour, lors d'un stage de géologie de fin d'année. Il a même l'opportunité de passer rapidement par Imini, sans deviner qu’il y viendrait s’y fixer un jour. 

Photo 4 Jean Louis MOINE

Photo 4 Mr Jean Louis MOINE.
Ainsi, Jean Louis MOINE s’installe dans le sud marocain, où il vient exercer en tant qu’ingénieur et sous directeur aux mines d’Imini jusqu'au départ d'André MOULINOU pour l'Algérie.
C’est l’époque de la fin du Protectorat français et l'Indépendance du Maroc, officialisée le 2 mars 1956. 
L’époque également où la production record de minerai se trouve confrontée aux difficultés du marché mondial, dans lequel les américains pratiquent le dumping pour concurrencer fortement les autres producteurs de manganèse, sachant que le minerai iminien est très riche.
 
Notre ami El Haj Aomar HERDA, fidèle employéà Sainte Barbe dès 1952 puis à Casablanca, rapporte les conditions de changement dans cette période charnière de 1956 à 1959. *
« Je me permets … de vous faire part d’un commentaire afférent à la période de restructuration de la SACEM juste quelques mois après l’indépendance de notre pays. L’arrivée de Mr Jean MOINE, en 1957, a été un événement très important et un détonateur de la réorganisation de la mine d’Imini, tant sur le plan humain que professionnel. En ce début de l’année 1957, il y avait plusieurs facteurs qui nécessitaient cette mise à niveau. Donc l’arrivée de ce jeune ingénieur des Mines est tombée à point.
L’organisation comprend notamment plusieurs points essentiels, à savoir : l’organisation de la section productive du fond, l’organisation de la section jour (service entretien et maintenance des installations), l’organisation de la section administrative et comptable dans son ensemble, la revalorisation du produit marchand (traitement et enrichissement du minerai). La section administrative et comptable, confiée plus particulièrement à des ingénieurs de Polytechnique de France ... Cette tâche a été pilotée par Mr DE BELLER et DE DROUAS, avec qui j’ai été exécutant pratique de certaines tâches qui m’ont été définies au départ par Mr MOINE, mon patron direct. Cette organisation a permis à la SACEM la continuité jusqu’à une date récente. »
 
Cette période de modernisation, de transformation à tous les niveaux a nécessité la participation plus ou moins enthousiaste et volontaire de tous les personnels, confrontés également à la marocanisation. Comme le signale par ailleurs Aomar HERDA, de nombreux européens sont partis, de leur propre chef ou par obligation, remplacés progressivement par les marocains ayant les mêmes compétences. 

Photo 5 Jeannine MOINE

Photo 5 Mme Jeannine Moine. 
La passion de Jean Louis MOINE pour la musique se prolonge par celle ressentie pour Jeannine, qui comblait sa soif de disques, et qu'il épouse à l'été 1958. Elle l'accompagne à Imini, et échange sa vie parisienne pour celle, moins clinquante, du bled. Leur fils Pierre naît pendant l'été 1959. 

 
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Photo 6 Bureaux de Sainte Barbe-Ouggoug

Photo 6 Bureaux de Sainte Barbe-Ouggoug.
Dans les bureaux de Sainte Barbe et alentour, la vie professionnelle est très prenante ; dans les villages la vie sociale se déroule autour des écoles, des commerces, des piscines, des tennis et du cinéma. Quelques animations viennent briser ce rythme lors des fêtes, Sainte Barbe, Noël, fête nationale, etc. Ainsi quatre années s'écoulent, rythmées par l'exploitation du minerai. 

Photo 7 maison du directeur à Sainte Barbe-Ouggoug

 
Photo 7 la maison du directeur à Sainte Barbe-Ouggoug

Dans la continuité, en 1963, Jean Louis MOINE, succédant à Mr JAOUL, est promu directeur de la SACEM, au siège de Casablanca, avenue des Forces Armées Royales, tout en conservant la direction à Sainte Barbe, de concert avec son adjoint André GORICHON. En collaboration avec ce dernier et Etienne CANCE, il rédige plusieurs articles pour des revues scientifiques au Maroc. **
 
En 1971, Jean Louis MOINE quitte le siège marocain de Casablanca pour celui de Paris, où Jacques PECCIA GALETTO (1914-2011) lui propose un poste en Nouvelle Calédonie, promotion qu'il refuse, pour garder une proximité avec les études secondaires de son fils. 
Il quitte ainsi la société pendant deux ans, pour travailler dans une société fabriquant des bureaux (curieusement cette même société ayant fourni le mobilier à la SACEM !).
Jacques PECCIA GALETTO n'est pas homme à lâcher sa proie. Plus tard, il revient à la charge, et réussit à engager Jean Louis MOINE pour superviser en même temps des mines d’uranium au Gabon et au Canada (Province du Sakatchewan), dans un grand écart intercontinental, obligeant à des voyages incessants : une semaine par mois dans chaque pays, intercalées avec des passages au siège de la sociétéà la Tour Montparnasse.  

Photo 8 Tour Montparnasse

Photo 8 Tour Montparnasse.

C'est ainsi que l'occasion lui est donnée d'emprunter plusieurs fois le Concorde pour des allers-retours d'une journée, parfois, à la conclusion d'un contrat.
Sur la fin de sa carrière, en même temps qu'il poursuit ses activités canado-gabonaises, il reçoit à nouveau le droit de regard et de contrôle sur la SACEM, société mixte franco-marocaine, reprenant ainsi le contact avec ce sud marocain qu'il a tant apprécié. Il y retrouve quelques anciens collaborateurs fidèles du site d'Imini, dont Jean-Marie DECAILLOZ (resté jusqu'en 1992).
 
L'année 1989 voit un grand « balayage » dans l'équipe de direction de la Compagnie Française de Mokta (nouvel intitulé de Mokta el Hadid), laquelle effectue un virage dans ses objectifs industriels et financiers. 
Ainsi, à 61 ans, Jean Louis MOINE se retrouve brusquement retraité, condamnéà une inactivité mal vécue après une vie professionnelle toute menée en mouvement et à grande vitesse, sujette à décisions importantes.
Comment, dès lors, passer le temps, confiné dans un appartement parisien ? 
De la tribune de la chapelle, sollicité par le Père NORBERT pour la messe de Noël, sa voix de stentor entonnait le « Minuit Chrétiens ». En référence à sa ville de naissance, amateur de bel canto et admirateur de l'oeuvre de Wagner, il pourrait développer ce talent naturel de chanteur.
Comment, dès lors, passer le temps, confiné dans un appartement parisien ?
Il se souvient des dispositions familiales en matière d'arts graphiques, des siennes en particulier, et, dans ce domaine, les opportunités sont multiples à Paris. 
Il privilégie l’Ecole du Louvre qui lui offre matière à développer son intérêt pour l'Art. Le voici à nouveau étudiant parisien assidu … dans une branche (histoire de l’Art, histoire des civilisations, archéologie, épigraphie, anthropologie, muséologie, peinture, architecture) bien différente de celle d’ingénieur des Mines, et condisciple d'élèves beaucoup plus jeunes que lui, le sollicitant souvent pour ses connaissances en matière d’art. 

Photo 9 Ecole du Louvre

Photo 9 Ecole du Louvre.
Ses trois premières années de scolarité le conduisent à un diplôme qu'il prolonge par trois années supplémentaires de spécialisation en architecture, … laquelle lui aurait ouvert les portes des concours aux musées nationaux, s'il en avait eu l'âge et l'envie. Il met un terme à ses études en rédigeant un mémoire, dans lequel puisera largement un auteur connu pour publier à son compte un livre traitant d'architecture.
Après cette aventure artistique, Jean Louis MOINE se love dans une véritable retraite, et profite d'une résidence à la campagne où il aime àécouter de la musique, lire, flâner, promener son chien, … tandis que son épouse s'adonne aux joies du jardinage. 
Ainsi va la vie, faite de phases alternées d'activité et de retour sur soi, avant l'heure du départ ...

A son épouse Jeannine, à son fils Pierre, à sa belle-fille et à ses petits-enfants, la colonie iminienne adresse ses sincères condoléances.
 
=> ** J. MOINE, A. GORICHON, E. CANCE : « Valorisation des minerais de manganèse de l'Imini » in Revue Mines et géologie (Editions de la direction des mines et de la géologie Rabat)
Sur le blog timkkit2008, en date du 23 octobre 2013, Philippe KAYSER explique cette période délicate pour l’extraction, et les raisons qui l'ont amenéà se voir confier les actions commerciales relatives au manganèse et notamment celles de la SACEM. Il décrit la situation délicate de la société sur le marché mondial du manganèse à la fin des années 60.
Article rédigé par Jean-Yves, dit Boutazoult et illustré par des photographies de sa collection personnelle.

Disparition de Michel de Mondenard, auteur de ce blog

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Nous avons l'immense peine d'annoncer le décès de Michel de Mondenard, le 10 juillet 2021 à la suite d'un accident vasculaire cérébral. 

L'enterrement a eu lieu le 15 juillet 2021 dans son village, puis un culte a été célébré le 18 septembre 2021 à Paris.

Merci de l'accueil que vous lui avez réservé dans votre belle communauté.

Vos commentaires sur cette page seront lus par la famille.


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